Le groupe Facebook Radar 974 indique régulièrement la présence de contrôles routiers : l'accident ayant ôté la vie à Kenjy remet cette pratique en question

Signaler les contrôles d'alcoolémie : mise en danger de la vie d'autrui ?

  • Publié le 24 juin 2016 à 12:20

Chaque week-end, ils sont plusieurs conducteurs à être arrêtés ou contrôlés pour état d'ébriété sur les routes réunionnaises. Des contrôles fréquemment signalés par des systèmes numériques tels que le groupe Facebook Radar 974 ou l'application mobile Waze. Le tragique accident impliquant un conducteur alcoolisé la semaine dernière remet cette pratique en question. Il avait fait un mort. Selon certains usagers, les publications indiquant la présence des forces de l'ordre sur les routes, pourraient ainsi mettre en danger la vie d'autrui.

Les appels de phare traditionnels, c’est presque dépassé : aujourd’hui, les conducteurs réunionnais se tiennent informés sur l’application Waze ou le groupe Radar 974. Ce dernier, qui compte une communauté de plus de 20 000 adhérents est jalonné d’avertissements en temps réel. Entre signalements de radars mobiles et accidents, se glissent régulièrement "contrôles de police",  "présence de poulets rôtis", "contrôles routiers et alcoolémie", suivis du lieu concerné.

Des posts qui gênent certains utilisateurs, tels que Jérémy Collet, chauffeur-livreur. Il consulte régulièrement la page pour s’informer des embouteillages et autres accidents. Mais selon le jeune homme, les publications indiquant les contrôles d’alcoolémie sur les routes n’ont pas leur place et il s’en est même insurgé en postant une diatribe sur le groupe : "Bande moune i condui et i boire, faut pouak a zot même, enlève permis ! Eviter un test d’alcoolémie pour mettre en contrepartie une famille en deuil, le choix devrait pas être difficile pourtant".

Une dernière phrase qui fait écho au dramatique accident ayant ôté la vie à Kenjy sur le Boulevard Lancastel. Le véhicule du jeune homme avait été percuté par un camion conduit par un individu fortement alcoolisé. "Je ressens de la haine contre ces personnes qui conduisent sous l’influence de l’alcool, et je ressens encore plus de haine envers ces autres personnes qui signalent les contrôles d’alcoolémie" lâche Jérémy Collet. Et il ne mâche pas ses mots : ce genre d’avertissement est, selon lui, une mise en danger de la vie d’autrui.

Jérémy n’est pas le seul à s’être révolté. Parmi les autres avis, l’un d’entre eux va même jusqu’à assurer que ce genre de contrôles, "c’est pour notre bien". Il développe : "Si zot na rien a reproche a zot, mi voi pas pourquoi zot devrait saute en l’air dès que zot y voi les flics ! Laisse bana fai zot travail aussi". La conclusion du post interroge sur "la part de responsabilité" de chacun sur la route.

Mais en déroulant la page, c’est un autre son de cloche qui retentit. Après avoir adressé ses condoléances à "la famille du jeune Kenjy", une publication affirme que ceux qui "ne sont pas contents n’ont qu’à sortir du groupe" car "personne i oblige a zot rest ici". Son principal argument : "Mi pense pas que c’est Radar 974 qui donne pou boire". Plus de 500 personnes ont "liké" la publication.

Le groupe n’est pas unique en la matière des feintes routières. L’application nationale Waze est également plébiscitée. Disponible gratuitement sur smartphone, elle dresse un état des lieux de la route entre embouteillages, accidents et présence de la police, grâce aux renseignements de ses usagers.

Mais que dit la loi envers ce genre de pratiques ? Selon l’article R 413-15 du Code la route, il est interdit de "détenir ou de transporter un appareil, dispositif (…) de nature (…) à déceler la présence (…) d’appareils, instruments ou système servant à la constatation des infractions (…) de la circulation routière". Les sanctions prévues sont une amende de 1500 euros et un retrait de six points sur le permis de conduire. Des punitions qui n'effraient pas les utilisateurs du groupe Radar 974 : Jérôme Casimir en est un fervent informateur. Mais ses posts signalent uniquent la présence de radars mobiles et jamais les contrôles d'alcoolémie. A nouveau, c'est la part de responsabilité de chacun qui est invoquée. "L'alcool reste le plus grand mal sur nos routes" conclue t-il.

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2 Commentaires
Jeremy COLLET
Jeremy COLLET
7 ans

En espérant que ceci fera le tour de la Reunion pour faire comprendre au personne les probleme d'alcool au volant... Le jour ou sa tombe sur quelqu'un de la famille c'est la qu'on va s'en rendre compte. mais c'est trop tard

Gilles
Gilles
7 ans

Quand ça sera qq de leur propre famille, là zot va comprendre, là zot va change d'avis. Lé tjs comme ça ! de moun i voit pas plus loin que zot nez.