Agriculture

La filière carotte se relance

  • Publié le 20 février 2007 à 00:00

En panne depuis quelques années, la production de carottes a eu droit à un sérieux coup de pouce venant... du GHSR (groupement hospitalier sud Réunion). L'accord passé par l'association pour la modernisation des maraîchers du Tampon (AMMT) avec l'établissement médical permettra de relancer une filière et de rivaliser avec les productions importées d'Australie

Plus de 80 % des carottes sont importées à La Réunion pourtant, les agriculteurs pays sont capables d'en produire beaucoup et de bonne qualité. Depuis quelques années, la filière a périclité malgré la volonté des maraîchers qui ont été contraints de se tourner vers d'autres types de cultures. En effet, jusque au début des années 2000, entre 700 et 800 tonnes de carottes étaient produites sur la zone de la Plaine des Cafres et aujourd'hui, cette production est tombée à 100 tonnes. En cause ? Avec 3 000 tonnes importées, les carottes venues d'Australie, certainement mieux calibrées et d'approvisionnement plus régulier, ont carrément envahi le marché et trusté le circuit de la distribution en grande surface. Les maraîchers pays ont perdu le marché. Du coup, pour eux, la production n'était plus suffisamment intéressante.
Mais la signature fin janvier, d'une convention de mise à disposition de terrain pour 25 ans entre le GHSR et l'association pour les maraîchers du Tampon (AMMT) devrait relancer la filière. Elle permet aux agriculteurs de disposer d'un terrain de 1,5 hectare à Piton Hyacinthe pour installer ses bureaux devenus trop petits ainsi que son matériel.

Objectif régularité

Une aubaine pour les maraîchers intéressés. Ils cherchent un terrain pour s'agrandir depuis plusieurs années. Les locaux actuels sont non seulement trop petits, mais les installations doivent aussi subir un sérieux lifting afin d'être remises aux normes et devenir plus performantes. La principale avancée vient du projet de construction de deux chambres froides de 150 m3 qui permettront de stocker les carottes et donc, d'être plus compétitif. "Nous pouvons sortir de la carotte pays à 55 centimes d'euro le kilo. Pour le consommateur, le prix devrait se situer autour de un euro et la carotte australienne démarre à environ un euro", explique Jean-François Clain, président de l'association des maraîchers du Tampon (AMMT).
Mais le problème numéro un de la carotte pays est son manque de régularité: impossible de garantir l'approvisionnement en continu. Jusqu'à présent, la carotte est produite et écoulée dans la foulée car elle ne peut être stockée. De petits volumes, ces chambres froides permettront quand même de débuter, même modestement, une relance de la filière. La future possibilité de stocker les productions est déjà un grand pas pour la reconquête des parts de marché. Le problème est accru en période cyclonique, quand les intempéries dévastent les cultures. Mais grâce à ces nouveaux équipements, les carottes pourront être conservées jusqu'à six mois et être livrées de manière régulière aux bazardiers mais aussi aux grandes surfaces.

Intégrer des patients

Dans un premier temps, l'AMMT souhaite revenir au niveau de production de 2001, c'est-à-dire avant la chute de la carotte pays et l'invasion de celles venues d'Australie. L'association d'agriculteurs se fixe donc comme objectif une production de 700 à 800 tonnes d'ici trois ans. Les agriculteurs assurent être compétitifs en la matière. Par ailleurs, ces nouvelles installations permettraient d'optimiser le rapport qualité/prix et d'atteindre la précieuse régularité. Le montant des travaux pour ces locaux s'élève à hauteur de 330 000 euros, financés à 75 % par des subventions de l'Europe et de l'État et à 25 % par la centaine d'adhérents de l'association. Du coup, la cotisation annuelle à l'association devrait donc passer de 38 euros à plus de 50 euros.
En contrepartie de la mise à disposition du terrain, le GHSR souhaite profiter de ce partenariat pour intégrer certains malades pris en charge au sein de son service psychiatrique. Un programme va être mis en place. Ces patients accueillis le jour s'occuperont d'un potager et pourront participer, sous la surveillance du personnel médical, à certains travaux de l'association comme le lavage des carottes par exemple. Les maraîchers les épauleront dans l'entretien du potager. "Nous sommes enchantés de participer à ce projet", explique Jean-François Clain. C'est donc un échange de bons procédés qui convient à tout le monde.
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