Accusé de diffamation contre Rachida Dati

Un bâtonnier serein et soutenu

  • Publié le 25 septembre 2008 à 00:00

"Il faut être parfaitement serein dans cette affaire", a déclaré Maître George-André Hoarau, à son arrivée au tribunal correctionnel de Saint-Pierre, en début d'après-midi, où il était jugé pour diffamation envers Rachida Dati, la ministre de la Justice. Le bâtonnier de Saint-Pierre, vêtu de sa robe et de sa toque, s'est montré confiant en début d'audience, devant une salle où une centaine d'avocats, représentant les quatre barreaux de l'île sont venus soutenir leur collègue. Le procureur a requis une peine de 5 000 euros d'amende, la défense a demandé la relaxe. Le jugement sera rendu le 3 octobre.

L'avocat du sud est accusé de diffamation envers la Garde des Sceaux pour avoir, dans une plaidoirie le 15 mai dernier, fait allusion aux diplômes de la ministre, mettant en cause l'existence d'un MBA qu'elle aurait revendiqué, à son entrée à l'Ecole Nationale de la Magistrature. Ces propos faisaient référence à un article de l'Express, publié le 26 octobre 2007. "Je n'ai pas dit que madame Dati use d'un faux document mais plutôt qu'elle a indiqué avoir un MBA alors qu'elle ne l'a pas", a précisé Maître George-André Hoarau, ce jeudi après-midi, devant les juges du tribunal correctionnel.

"Ni injure, ni outrage"

Le bâtonnier Djalil Gangate est le premier des quatre avocats de la défense qui a eu la parole, axant sa plaidoirie sur des incidents de procédure. Il a ainsi demandé l'annulation de cette même procédure au regard de l'article 41 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse qui stipule que: "Ne donneront lieu à aucune action en diffamation, injure ou outrage, ni le compte rendu fidèle fait de bonne foi des débats judiciaires, ni les discours prononcés ou les écrits produits devant les tribunaux." "Mon client s'est borné à reprendre des propos énoncés par la presse", a poursuit le bâtonnier Gangate, qui a terminé sa plaidoirie par ces mots : "Je ne suis pas certain que l'histoire se souvienne de Rachida Dati ou de Nicolas Sarkozy, mais l'histoire se souviendra de Gandhi et de Nelson Mandela, qui sont deux avocats."

Applaudissements

Des applaudissements ont marqué la fin de la plaidoirie de Jean-Louis Keïta, le célèbre bâtonnier du barreau d'Aix-en-Provence, qui a notamment défendu, Jean-Edern Hallier et Omar Raddad. Il a été désigné par la Conférence des bâtonniers de France et d'outre-mer pour assister Maître George-André Hoarau. Enfin, Maître Gilles Lambert assurait également la défense du bâtonnier Hoarau.
De nombreux avocats présents cet après-midi ont dénoncé ce procès comme "une atteinte délibérée à la liberté de parole des avocats".
Le procureur Patrice Cambérou, qui représentait le ministère public au cours de l'audience du 15 mai dernier, a déclaré que "les faits de diffamation étaient constitués et qu'il y avait bien eu une atteinte à la personne de la ministre en exercice". Il a requis une amende de 5000 euros, alors que la peine encourue pour le délit de diffamation est une amende de 12 000 euros.
Le jugement est attendu le 3 octobre prochain.

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