Collectif contre la vie chère

La parole à la rue

  • Publié le 5 mars 2009 à 00:10

"Lutter pour le pouvoir d'achat des Réunionnais", telle est la motivation du Cospar (collectif des organisations syndicales, partis et associations de La Réunion). Né le 5 février 2009, ce collectif d'abord composé de 13 organisations n'a cessé de s'accroître. Il compte aujourd'hui près de 50 organisations, une alliance "historique" à La Réunion. Après un mois d'actions et de communication, le Cospar a rendez-vous avec la rue ce jeudi 5 mars 2009 à Saint-Denis et à Saint-Pierre. Des manifestations qui font craindre des débordements, non seulement aux pouvoirs publics, mais aussi à une partie de la population réunionnaise.

Dès sa création, le Cospar était comparé au collectif guadeloupéen LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon) d'Elie Domota. Le spectre de la paralysie totale à l'image de la Guadeloupe faisait alors surface dans l'esprit des Réunionnais. Mais le collectif s'en défend. "Il y a des Outre-mers. Nous n'avons ni la même histoire, ni la même sociologie que les Antilles. C'est totalement différent", affirme Ivan Hoarau, secrétaire-général de la CGT.
Même si la manière n'est pas la même, la motivation est similaire : l'augmentation du pouvoir d'achat des Réunionnais. Dès le jeudi 12 février, les différentes organisations se réunissent au siège de la CGT pour discuter des actions à venir et des revendications du collectif. Plusieurs décisions sont alors arrêtées.

Concernant les revendications, des "mesures d'urgence sociale" sont demandées. Le collectif revendique l'augmentation de 200? des bas salaires, des minima sociaux, des retraites et des bourses, la baisse de 20% sur les produits de consommation courante, le gel de loyers des logements sociaux et la baisse du prix de la bouteille de gaz de 5?. Il est aussi décidé la création d'une plateforme revendicative. Cette plateforme verra le jour le 2 mars 2009. 62 revendications y sont inscrites. Elles portent sur trois axes principaux : l'emploi et les salaires, les prix et le pouvoir d'achat et enfin le logement.

Concernant les actions, le collectif veut se faire entendre. Le 14 février, une centaine de ses membres envahissent le magasin Carrefour de Sainte-Clotilde afin de sensibiliser les clients mais aussi les dirigeants du supermarché sur la nécessité de lutter contre la vie chère. Le 18 février, une soixantaine de personnes s'invite à la chambre de commerce et d'industrie de La Réunion pour rencontrer Eric Magamootoo, en vain. Le président de la chambre était à Paris. Ils le rencontrent finalement le 26 février. Par ailleurs, des rencontres avec le préfet sont organisées et des tracts sont distribués. Le collectif veut informer la population pour qu'elle se mobilise lors du grand rendez-vous: la manifestation du jeudi 5 mars.

Deux manifestations sont en fait prévues dès 9 heures. A Saint-Pierre, le cortège partira de la ZAC Canabady. A Saint-Denis, les manifestants se retrouveront à l'ancienne gare routière, puis traverseront le boulevard de l'Océan, la rue Maréchal Leclerc et la rue de Paris pour se retrouver à la Place du Barachois où des animations seront organisées pour garder la mobilisation intacte tout au long de la journée. Le Cospar espère réunir 10 000 à 15 000 personnes.

Mais cette journée fait craindre des débordements. Les images de la Guadeloupe sont dans toutes les têtes. Des magasins pillés, des longues files de voitures devant les station-services et des supermarchés fermés, certains Réunionnais craignent le même scénario sur l'île. Par conséquent, à quelques jours de cette manifestation, c'est la ruée dans les supermarchés pour faire le plein de provisions. De nombreux commerçants de Saint-Denis prévoient de garder leurs grilles fermées le 5 mars pour éviter tout pillage. Le collectif souhaite qu'il n'y ait pas de débordement le jour de la manifestation. Plusieurs réunions ont eu lieu avec le préfet afin de discuter de la sécurité.

Concernant les suites à donner au mouvement, le maître-mot est négociation. Même si l'idée d'une grève générale n'est pas écartée, la priorité est donnée aux pourparlers afin d'obtenir satisfaction immédiate sur les mesures d'urgence sociale.
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