Société civile

D. Mardaye: cinq années de combat contre les abus bancaires

  • Publié le 23 avril 2010 à 02:00

Dominique Mardaye quittera la présidence du collectif contre les abus bancaires le 26 avril 2010 lors d'une assemblée générale, après plus de 5 années passées à la tête de l'organisation. Comparatif des prix entre les banques de l'île, baisse de divers frais ou encore intégration du collectif dans l'observatoire des services bancaires, autant de combats menés et gagnés par le responsable. Raisons personnelles et professionnelles obligent, Dominique Mardaye estime qu'il "est temps de quitter la présidence du collectif".

"Ce sera l'occasion de donner une nouvelle impulsion à nos actions", souligne t-il. Mais même s'il ne sera plus le leader du mouvement, "je continuerai le combat en tant que membre du collectif", martèle t-il.

C'est en 2003 que le combat associatif de Dominique Mardaye commence. Il fonde avec "quelques amis" l'association "Avenir, Entraide et Solidarité" à Piton Saint-Leu. "Nous voulions aider les gens à faire des démarches administratives. Nous les aidions aussi sur le plan alimentaire", explique le président du collectif.

Petit à petit, le responsable de l'association constate que beaucoup de personnes venaient le voir pour des problèmes financiers. "Ils n'arrivaient pas à boucler leur fin de mois, ils ne parvenaient pas à obtenir de prêt ou ils étaient victimes de prélèvements abusifs lorsqu'ils étaient à découvert. Il n'y avait pas de dialogue avec les banquiers", décline le membre du collectif.

Ce constat établi, il décide de fonder en 2005 un collectif regroupant 10 associations de l'Ouest et du Sud de l'île, le collectif contre les abus bancaires. Objectif, "ouvrir un dialogue consensuel avec les responsables des banques réunionnaises pour trouver des solutions sur les difficultés des clients". "Les banquiers ont un droit de vie et de mort sur les gens", note t-il. Les premières actions du collectif ne reçoivent pas beaucoup d'échos. "Nous n'étions pas pris au sérieux par les banques", regrette Dominique Mardaye.

Au fil des mois, le groupement d'association s'entoure de "professionnels du domaine financier", des salariés de banques métropolitaines, des cadres à la retraite ou encore des universitaires. "Notre mouvement a gagné en crédibilité", se félicite le responsable. Le collectif décide alors de passer alors à la vitesse supérieure.

Première étape, "faire prendre conscience aux gens qu'il fallait être vigilant vis à vis des banques". "Lorsqu'un client recevait son prélèvement, il ne regardait pas les frais bancaires qui étaient prélevés", affirme Dominique Mardaye. "Pourtant, 150 à 200 euros de frais sont prélevés chaque année", ajoute t-il.

Après la phase d'information, "l'action". En 2008, le collectif contre les abus bancaires publie son premier comparatif des tarifs selon les banques. Un comparatif qui met en lumière les disparités entre les différents organismes bancaires de l'île. Cette étude est désormais faite chaque semestre par l'IEDOM (Institut d'émission des DOM), ce qui lui donné un caractère officiel.

Ce résultat crée "un réel rapport de force entre le collectif et les banques". "Les directeurs de ces structures étaient enfin prêts à s'asseoir autour de la table des négociations", souligne Dominique Mardaye. Ainsi, le collectif réussi à mettre en place un référent dans chaque banque. "En cas de problème, un client peut contacter ce référent", précise le président. Autre avancée, des réunions annuelles sont organisées chaque année entre le collectif et les directeurs de banques.

C'est en 2009 que le combat du collectif contre les abus bancaires connaît le succès le plus important. L'organisation fait alors partie du COSPAR (collectif contre la vie chère) et mène le combat contre les banques. Résultat, les membres parviennent à obtenir de la part des banques de l'île une baisse des frais bancaires allant de 5 à 20% en moyenne, ainsi que la gratuité d'un certain nombre de retraits aux distributeurs de billets. "C'était une belle avancée dans ce contexte économique", se réjouit Dominique Mardaye. "Sans le COSPAR, nous aurions pu obtenir quelques baisses mais le mouvement social a apporté une dynamique plus forte", avoue t-il.

En parallèle à toutes ces actions médiatiques, le collectif contre les abus bancaires aide les personnes qui ont des difficultés avec leurs banquiers. Dominique Mardaye estime que plus de 1 000 dossiers ont été traités jusqu'à présent. "Il y a beaucoup de retraités et de bénéficiaires de minima sociaux qui viennent nous voir. Mais il y a aussi de plus en plus de chefs d'entreprises et de personnes appartenant à la classe moyenne", constate t-il.

A quelques jours de la fin de sa présidence, Dominique Mardaye rappelle que "plus que jamais, le combat doit continuer". Même s'il estime qu'il y a eu "plusieurs avancées" ces dernières années, "il reste beaucoup de choses à faire", nuance t-il. Parmi les banques visées, le Crédit Agricole. "Elle pense avoir un bonne implantation sur le marché local. Elle ne se soucie guère de perdre un client", fustige t-il. Parmi les "bons élèves", la Banque de La Réunion et la Poste qui ont "bien évolué au niveau des tarifs et du dialogue".

Par ailleurs, il reproche aux banquiers de "ne pas faire preuve d'humanité". "Ils manquent de compréhension sur la situation des personnes en difficulté. Il y a des règles du droit bancaire mais il y a aussi un aspect humain", dénonce t-il.

C'est dans ce contexte que Dominique Mardaye quittera la présidence du collectif contre les abus bancaires "pour des raisons personnelles et professionnelles". En effet, il vient d'être nommé directeur de la campagne départementale du Nouveau Centre pour les prochaines échéances électorales. "Je fais la part des choses entre vie associative et vie politique", explique Dominique Mardaye. C'est Henry Grondin, ancien membre du COSPAR, qui pourrait le succéder. Pour l'actuel président du collectif, "ce sera l'occasion de donner une nouvelle impulsion à nos actions".

Pour contacter le collectif: collectif.fraisbancaires@hotmail.fr ou au 06.92.99.85.93

Mounice Najafaly pour
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