Conférence maritime régionale

Un mot d'ordre, la coopération

  • Publié le 27 avril 2010 à 06:00

La conférence maritime régionale s'est tenue à la préfecture ce lundi 26 avril 2010 sous l'autorité du préfet de La Réunion, Michel Lalande, délégué du Gouvernement pour l'action de l'Etat en Mer (DGAEM). Il a été question "des intérêts de la France dans l'Océan Indien", notamment de lutte contre les activités illicites en mer (piraterie, immigration), de gestion des pêches mais aussi de préservation des ressources halieutiques et naturelles. Plusieurs sujets mais un seul mot d'ordre : la coopération avec les pays voisins.

Cette réunion s'est déroulée en présence notamment du Secrétaire Général de la Mer (SGMer), Jean-François Tallec, des préfets de Mayotte, Hubert Derache, ainsi que des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), Rollon Mouchel-Blaisot, ainsi que du Commandant de la Zone Maritime (CZM), Dominique Riban.

Concernant les actes de pirateries dans le bassin Nord de l'Océan Indien, les membres de la conférence maritime "restent vigilants" sur la progression des pirates vers le Sud. En effet, les navires de guerres se multipliant au large des côtes somaliennes, ils sont de plus en plus tentés de descendre vers le Sud, au large des Seychelles et des îles Glorieuses. Pour Dominique Riban, "il n'y a pas d'inquiétude à avoir quant à une éventuelle approche du Canal du Mozambique". "Les pirates auront beaucoup de mal à naviguer sur ces eaux avec des embarcations pareilles", note t-il.

Côté chiffres, on recense 34 attaques de pirates avortées pour 11 attaques réussies depuis le début de l'année 2010. En 2009, 214 attaques avaient été tentées pour 42 réussies. Depuis le lancement de l'opération Atalante par l'Union Européennes au large des côtes somaliennes en décembre 2008, bon nombre d'attaques ont été avortées. Les militaires français ont ainsi intercepté une soixantaine de pirates en 2009.

Même si le nombre d'attaques tentées ne cesse de croître, "le nombre d'attaques réussies est en baisse de 20%", se félicite Jean-François Tallec. Cause de ces attaques en hausse, pour le Secrétaire Général de la Mer, "l'incapacité de l'Etat Somalien d'exercer son autorité sur son territoire". En effet, selon lui, "la racine du mal se trouve sur terre". Il préconise donc "le travail multi partenarial avec la Somalie et les autres Etats du Golfe d'Aden".

Outre la multiplication des patrouilles françaises et plus largement européennes, des accords sont passés avec un certain nombre de pays dont le Kenya et les Seychelles. Ils portent sur la possibilité de l'Etat signataire de juger les pirates en échanges des actions de protection de la France. L'accord va plus loin avec les Seychelles puisqu'il permet à des équipes de protection d'embarquer dans des thoniers qui transitent dans la zone.

Concernant la lutte contre la pêche illicite, Rollon Mouchel-Blaisot constate que "les conditions d'exercice de la lutte varient selon les zones". Ainsi, dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises, "la situation s'est stabilisée". "Grâce à une campagne de confiscation des navires, nous avons réussi à repousser les pêcheurs illicites hors de notre zone économique exclusive", rappelle le préfet des TAAF. "La lutte contre la pêche illicite dans cette zone est un modèle du genre", lance t-il.

Du côté des Iles Eparses, "la situation est plus compliquée", reconnaît-il. La faute à la pêche itinérante qui "rend la surveillance plus difficile". Autre problème au large des Glorieuses où une autre activité illicite vient interdire la pêche, la présence des pirates somaliens. "Nous ne pouvons pas laisser pêcher dans une zone non protégée", explique Rollon Mouchel-Blaisot. Là encore, Michel Lalande se dit partisan de "la mobilisation des Etats riverains". "Plus il y aura de coopération, plus nous éradiquerons les activités illicites", souligne t-il.

Au sujet de l'immigration clandestine entre Anjouan et Mayotte, Hubert Derache rappelle d'abord que "la lutte contre l'immigration clandestine est une priorité. Sinon, il ne peut pas y avoir de départementalisation". "Il est donc de l'intérêt des Mahorais d'endiguer l'immigration", juge t-il. Pour 2009, 290 embarcations ont été interceptées, soit une augmentation de 17% par rapport à 2008. Au total, ce sont 381 passeurs (contre 358 en 2008) et 6721 étrangers en situations irrégulière (contre 5976 en 2008) qui ont été appréhendés. Les autorités réfléchissent actuellement à la création d'une fonction de garde-côte à Mayotte pour renforcer cette lutte.

Mais pour le préfet de Mayotte, lutte contre l'immigration rime aussi avec coopération avec les Comores, notamment dans les domaines de la santé, de la formation professionnelle, de l'éducation ou encore de la formation de la police.Une coopération difficile à mettre en ?uvre au regard de l'instabilité politique qui règne dans la République islamique.

Enfin, il a également été question de Tromelin qui fait l'objet d'un contentieux entre le France et Maurice. Cette île relève du territoire de la France mais est revendiquée par Maurice. Un accord devrait être signé entre les deux pays "dans les prochains mois". Cet accord ne remet pas en cause les prétentions des deux parties à revendiquer leur souveraineté sur l'île. Il prévoir néanmoins une "cogestion amicale" concernant la protection environnementale, les fouilles archéologiques et la gestion des ressources halieutiques dans la zone économique exclusive.

guest
0 Commentaires