Commission d'enquête du Sénat

Le docteur de Chazournes critique la gestion de l'épidémie de grippe A

  • Publié le 13 mai 2010 à 09:00

Le docteur Philippe de Chazournes a été auditionné ce mercredi 12 mai 2010 par une commission d'enquête du Sénat sur la gestion de la grippe A. Il a exposé son regard critique sur la gestion de l'épidémie qui a été faite au niveau local, puis reproduite au niveau national. Il était aussi question du rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le gouvernement de la grippe A.

Le docteur Philippe de Chazournes avait défrayé la chronique en août 2009. Dans une tribune libre adressée à la Ministre de la santé Roselyne Bachelot et intitulée "Dégrippons Madame la Ministre" (voir article par ailleurs), il avait dénoncé la gestion par l'Etat de la crise liée à la grippe A.

"Vous m'empêchez actuellement de faire convenablement mon métier de médecin généraliste, aussi bien dans mon cabinet qu'à la régulation au centre 15, à cause du temps perdu à rassurer des patients qui, sans votre alarmisme, n'auraient jamais ni consulté, ni appelé", expliquait-il. "Votre irresponsabilité n'a fait qu'encombrer les services d'urgences aussi bien libérales qu'hospitalières, alors que le bon sens était de dire à la plupart des grippés de rester chez eux, masqués, et non de risquer de venir contaminer les patients fragiles de nos salles d'attente", fustigeait-il par ailleurs.

Puis il poursuivait : "vous avez semé un vent de panique sur notre île pour une pathologie pour laquelle les sirènes de l'industrie vous ont fait prendre des décisions incompréhensibles étant donné son peu de gravité". "Vous avez allumé un incendie qu'il est maintenant impossible d'éteindre sans vous renier et c'est pour cela et pour toutes les raisons précédentes, que je demande votre démission afin de "Dé-DésInformer" (DDI) au plus vite", terminait-il.

Près d'un an après, la position de Philippe de Chazournes n'a pas changé. "Les médecins de terrain n'ont pas été écoutés lors de cette épidémie", dénonce t-il. "Nous n'avons jamais cessé de demander aux services de santé d'arrêter de faire paniquer les gens pour cette grippette", ajoute t-il, rappelant que "la grippe A n'a pas été plus mortelle que la grippe saisonnière". "Cela a eu des conséquences désastreuses sur l'économie", martèle t-il. "La visite de Roselyne Bachelot en août n'aura servi à rien. Les erreurs faites à La Réunion ont été reproduites en métropole", regrette t-il.

Le médecin met aussi en cause l'industrie pharmaceutique qui, selon lui, "a joué un rôle dans la gestion par le gouvernement de la grippe A". "Je ne vois pas pour quel autre motif les dirigeants politiques auraient acheté près de 80 millions de doses de vaccin si ce n'est sous la pression de ces industries", souligne t-il.

Le docteur Philippe de Chazournes prévoit également d'aborder la question du chikungunya. "Cette maladie existe à Maurice, à Madagascar, en Inde et dans bien d'autres pays. Je ne vois pas pourquoi les autorités alarment la population à coup de bilan hebdomadaire", lance t-il. "C'est bien d'en parler un peu, mais il faut arrêter de paniquer les gens", termine t-il.

guest
0 Commentaires