Mobilisation de l'administration pénitentiaire

"Nous sommes la cinquième roue du carrosse"

  • Publié le 25 mai 2010 à 11:30

Une quinzaine de personnels pénitentiaires se sont mobilisés ce mardi matin 25 mai 2010 pour dénoncer les conditions de l'immobilier pénitentiaire dans les DOM. "Alors que les projets immobiliers fleurissent sur le sol métropolitain, on peut s'apercevoir qu'il n'en est pas de même en Outre-mer. Nous sommes la cinquième roue du carrosse. Il a fallu attendre 25 ans pour Domenjod. Et dans les autres DOM, le taux de surpopulation atteint de niveaux record, 270 % pour la Guyane par exemple, les agressions se multiplient, les structures sont au bord de l'implosion" lance David Calogine, secrétaire général de l'UFAP (union fédérale autonome pénitentiaire) Réunion-Mayotte qui a déposé une motion en préfecture ce mardi.

"Des établissements doivent s'ouvrir dans les Dom". Tel est le message que souhaitaient diffuser les personnels pénitentiaires réunionnais ce mardi matin. Une délégation composée d'un représentant régional et deux autres responsables de Saint-Denis et du Port a été reçue en préfecture à 9h30. "Nous avons déposé une motion pour dénoncer l'absence de politique domienne en matière d'établissements pénitentiaires. Un nouveau centre de détention de 200 places doit voir le jour à Saint-Pierre d'ici 4 à 5 ans, mais pour l'heure, nous n'avons que les paroles de Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Justice, qui a soutenu le projet, mais il n'a pas le pouvoir de lancer la construction" explique David Calogine.

Les surveillants dénoncent par ailleurs les conditions de détention dans les DOM et cite la situation saint-pierroise : "Avant Domenjod, le centre de Saint-Pierre avait un taux de surpopulation de 200 %. La situation s'est un peu arrangée, mais elle reste très tendue. Les conditions de détention sont scandaleuses. Les détenus sont à 15 dans des dortoirs, alors que la loi préconise un isolement en chambre individuelle" insiste le secrétaire général.

Les agents mobilisés fustigent l'absence d'établissements spécialisés en Outre-mer. "Des structures telles que les UHSI (unités hospitalières sécurisées interrégionales), les UHSA (unités hospitalières spécialement aménagées), les quartiers courtes peines, les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM), sont autant d'établissements que l'on ne connaît pas. De même, il est nécessaire de mettre en place des formations spécialisées telles que les ERIF (équipes régionales d'intérim pour la formation), les ERIS (équipes régionales d'intervention et de sécurité). Nous avons les mêmes besoins que la métropole. Ces établissements doivent s'ouvrir pour les ultramarins" martèle David Calogine.

"Nous sommes solidaires de nos collègues mahorais qui travaillent dans des conditions difficiles et qui ont un salaire de 700 euros. Ils ne seront intégrés à la grille de salaires en vigueur en métropole et dans les DOM qu'en 2019. Les policiers mahorais ont été intégrés en 2004. Les surveillants pénitentiaires ne sont que 37, ce n'est qu'une goutte d'eau, il faut modifier leur statut rapidement" estime le responsable de l'UFAP.

Les personnels de l'administration pénitentiaire rencontreront prochainement le préfet de la Réunion pour faire le point sur les métiers pénitentiaires et leur avenir.

Il y a près de 400 surveillants de prison à la Réunion se répartissant sur les sites de Saint-Pierre (44), Saint-Denis (210) et le Port (142). "Au total, c'est à peine plus qu'à la prison de la Santé en métropole" souligne David Calogine.

Le mouvement des agents réunionnais fait écho à une mobilisation nationale prévue ce mardi à Paris à 13h30 (heure locale).

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