Affectation des enseignants-stagiaires

La FSU prédit le "chaos"

  • Publié le 5 juillet 2010 à 14:00

Suite à la réforme de la formation des futurs stagiaires et des modalités de leur affectation en poste, Christian Picard, secrétaire départemental FSU, a tenu à s'exprimer dans un courrier des lecteurs, intitulé, "Affectation des enseignants stagiaires : le chaos". Le secrétaire départemental y dénonce une réforme "qui n'en finit pas de dévoiler d'inquiétantes surprises" et s'alarme sur la situation des futurs stagiaires à la prochaine rentrée.

La " réforme " de la formation des enseignants n'en finit pas de dévoiler d'inquiétantes surprises. Pour mieux comprendre ce qui change, voyons d'abord ce qui se passait jusqu'à présent dans notre académie : les lauréats des concours étaient affectés soit à l'IUFM (s'ils n'avaient jamais enseigné et que leur spécialité faisait l'objet d'une formation sur place), soit, s'ils avaient déjà enseigné, directement sur un poste à temps plein. Le rectorat avait jusque là toujours tenu compte des difficultés que pouvait représenter la distance entre la Réunion et le reste du territoire en acceptant l'affectation sur place (pour la durée du stage) de tous les lauréats de la Réunion ; sans préjuger, bien entendu, de leur future affectation après titularisation qui repose, elle, sur des critères différents.

La situation des futurs stagiaires sera beaucoup plus critique l'an prochain ; en effet, outre les nouvelles conditions qui vont propulser sans filet ces étudiants devant autant de classes qu'un enseignant chevronné, les postes sur lesquels ils feront leurs premières armes seront déterminés comme pour la première phase du mouvement de mutation, c'est-à-dire entre toutes les académies, avec un barème commun mais sans considération pour la qualité d'originaire.

Autrement dit, au delà des 117 postes réservés à cet effet à la Réunion et d'ores et déjà répartis entre les disciplines (avant même de connaître les résultats des concours, soit dit en passant), tous les lauréats supplémentaires devront partir dans une académie de métropole pour leur année de stage.

D'autre part, et nous l'apprenons tout juste, ce dispositif concernera l'ensemble des stagiaires, que le concours soit externe (les néo-recrutés sans expérience) ou interne (les ex non-titulaires par exemple). Ce qui est choquant dans tout ceci, c'est cette gestion très approximative des affectations en stage puisque certaines disciplines où sont prévues des postes ne trouveront pas preneurs faute de lauréat, quand d'autres n'en auront pas assez à offrir. En conséquence, des stagiaires devront partir pour les académies métropolitaines mais ne le sauront que courant août et il leur restera moins de trois semaines pour trouver un billet d'avion, un logement, s'organiser, quitter un conjoint et des enfants, rejoindre dans l'urgence donc une région inconnue pour effectuer une année de stage dont les modalités sont désormais rendues si difficiles qu'y ajouter des déchirements affectifs revient, de la part de ceux qui en sont les auteurs , à manquer totalement d'humanité. Le problème pourra se poser dans les deux sens puisqu'il est possible que des stagiaires de métropole viennent faire leur stage ici et qu'ils seront tout autant déboussolés.

Il est techniquement possible aussi, puisque les barèmes sont différents, que certains puissent faire leur stage dans une académie mais ne puissent ensuite y rester comme titulaires !! Ce qui ne pouvait arriver que dans un sens auparavant peut maintenant se faire en aller-retour : les personnels concernés apprécieront à leur juste valeur.

Dans cette chronique d'un chaos annoncé, nous n'oublions pas les jeunes titulaires (les " Profs 974 ") qui continuent à dénoncer leur mutation en métropole. Ainsi donc, des dizaines de jeunes titularisés à la Réunion et autant ou presque de stagiaires devront partir pour laisser leur place à des stagiaires qui viendront ici sans aucune formation pratique, ni la moindre connaissance du terrain et de ses spécificités, voire sans l'avoir même souhaité (...).

Mais surtout, nous avons à faire à la mise à sac de la qualité du service public d'éducation qui pourra ainsi permettre les 16000 suppressions de postes d'enseignants prévus à la prochaine rentrée et la marchandisation à terme de ce service public grâce à la culpabilisation de parents prompts à se tourner vers le privé pour aller chercher une qualité qu'ils attendent fort justement pour leurs enfants.

La FSU entend dénoncer cette politique irresponsable qui à aucun moment ne s'est préoccupée de l'intérêt des élèves et de la gestion humaine de ses personnels.
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