L'Alliance réagit au projet de Didier Robert

La "faillite annoncée" du Trans Eco Express

  • Publié le 29 juillet 2010 à 09:00

"Extrêmement flou", "absolument non ficelé", "faillite annoncée", les conseillers régionaux de l'Alliance ne manquent pas d'inspiration pour critiquer le projet de Trans Eco Express présenté par la majorité régionale lors de la commission permanente du mardi 27 juillet 2010. Étudié pour remplacer le projet tram-train, dont la mort a été signifiée le 31 mai dernier, il prévoit la mise en circulation de 2 000 bus sur les routes réunionnaises. Ce qui provoque la colère de Paul Vergès, conseiller régional, qui estime que "nous allons vers l'impasse totale". "Le tram-train était censé régler les problèmes de mobilité. Le Trans Eco Express nous replonge dans le tout-voiture", dénonce t-il. L'ancien président de Région a de nouveau demandé que ce débat soit public.

Les élus de l'Alliance dressent un premier constat, "le projet présenté en commission permanente est très différent de celui annoncé lors de la campagne électorale". Et pour cause, Didier Robert annonçait la mise en circulation de 2 000 bus devant irriguer toute l'île. "Aujourd'hui on ne sait plus si ces 2 000 bus vont s'ajouter aux bus qui existent ou si on va compléter le parc existant pour arriver à 2 000 bus au total", indique Catherine Gaud avant d'ajouter: "C'est extrêmement flou".

Michel Lagourgue pose quant à lui la question des voies réservées aux bus. "Au début, on nous disait que le Trans Eco Express aurait des voies réservées. Aujourd'hui, on nous dit que ces voies seraient mises en place dans certaines zones. Ailleurs, ils veulent faire cohabiter les voitures et les bus. Il y a un risque accru d'embouteillages", lance t-il. Il s'interroge également sur les aménagements mis en place aux entrées de Saint-Denis. "Le Boulevard Nord aura t-il une voie réservée aux bus ?", demande t-il. "Pour l'instant nous n'avons eu aucune réponse de la majorité régionale", ajoute t-il en rappelant que ces voies seront "4 à 5 mètres plus larges que celles prévues pour le tram-train".

Philippe Jean-Pierre met l'accent sur les "lacunes du projet". "Le tram-train était une réponse à notre capacité à être plus mobiles dans les 20 prochaines années. Ce projet (ndlr: le Trans Eco Express) n'apporte pas de réponse sérieuse à la problématique de l'aménagement du territoire", insiste t-il. Et André Thien-Ah-Koon poursuit: "Le projet présenté tel quel est immature. Il n'y a pas d'étude de marché, pas d'étude d'impact et pas d'étude économique. C'est une faillite annoncée". Il continue: "Lors de son discours d'investiture, Didier promettait que 250 millions d'euros seraient investis dans l'aménagement routier pour la mise en place de ces 2 000 bus. On en est déjà à 356 millions d'euros".

Paul Vergès est le dernier à prendre la parole. Il évoque "le rôle fondamental du conseil régional" qui est "l'instance responsable de l'avenir de La Réunion, de son aménagement et de son développement". Il rappelle ensuite les enjeux qui attendent l'île lors des 20 prochaines années, à savoir l'évolution démographique (1 million d'habitants à l'horizon 2030) et la question de la mobilité (800 000 voitures à l'horizon 2030).

Pour le leader de l'Alliance, la solution était le tram-train. "Pour sortir du royaume du tout-auto, il fallait mettre en place un moyen de transport qui sorte à tout prix du tout-auto. C'était le cas du projet de chemin de fer", martèle t-il. Il appuie son argumentaire en soulignant que le Président de la République et le Premier ministre de l'époque (Jacques Chirac et Dominique de Villepin) avaient reconnu que "le tram-train était un élément nécessaire au développement de La Réunion" en s'engageant à travers le protocole de Matignon.

"Aujourd'hui, on réintègre le problème du tout-auto", dénonce t-il. "Nous allons vers l'impasse totale", ajoute t-il. Paul Vergès met d'abord en doute le financement de ce projet. "On nous a dit que le protocole de Matignon serait renégocié. Mais il n'y a toujours aucune signature", note t-il. Il met aussi en avant la problématique des compétences. Selon l'élu, "La Région est compétente pour les voies ferrées. Le Département et les communautés de communes sont compétentes pour le transport en commun".

"Il faut que le conseil régional puisse constater une carence absolue des instances compétentes pour se substituer à elles", signale t-il. Il cite alors les principaux chiffres du Département : 5,2 millions de voyageurs transportés à l'année, 7,6 millions de kilomètres parcourus à l'année, un coût total d'investissement de 21,3 millions d'euros par an, une contribution à l'équilibre du conseil général de 14,3 millions d'euros et 6,8 millions d'euros de recettes. "Il n'y a pas de déficit" constate t-il.

Paul Vergès dénonce ensuite la non concertation des instances compétentes. "Comment voulez-vous qu'il y ait une harmonie entre la Région, le Département et les communes si le conseil régional fait voter un texte qui concerne l'organisation des autres collectivités sans les consulter au préalable ?", s'interroge t-il. "Nous demandons un débat public et que chacun assume ses responsabilités en toute clarté", dit-il en conclusion.

Mounice Najafaly pour
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