Santé - Medecine

Michèle Boiron: "L'homéopathie est une chance"

  • Publié le 14 avril 2011 à 09:00

Michèle Boiron, administratrice du laboratoire Boiron, leader mondial dans le marché des médicaments homéopathiques, est actuellement à La Réunion pour animer une série de formations au profit des professionnels de la santé, en particulier les sages-femmes et les pharmaciens. L'occasion pour elle de rappeler les vertus de la médecine homéopathique, parfois décriée dans le milieu médical.

L'homéopathie, bonne ou mauvaise médecine non conventionnelle ? Le débat est vif tant dans le milieu scientifique qu'auprès des consommateurs de médicaments. Alors que certains voient dans cette médecine un véritable traitement curatif, d'autres parlent d'effet placebo.

Pour Michèle Boiron, il n'y a pas ambiguïté: "l'homéopathie est une chance", lance-t-elle. Principal atout mis en avant, "ces produits n'ont pas d'effets indésirables comme d'autres médicaments, ce qui fait que les gens s'y intéressent", ajoute-t-elle. Atout non négligeable, notamment pour les enfants, les personnes à la santé fragile ou encore les femmes enceintes pour lesquels la prescription médicamenteuse doit se faire avec beaucoup de précaution. Et le succès semble au rendez-vous, à en croire une étude LH2 commandée par la filiale Océan Indien de Boiron. Selon cette étude, 62% des Réunionnais ont recours à l'homéopathie (un échantillon de 400 personnes avait été interrogé).

Malgré tout, la part de marché des médicaments homéopathiques peine à décoller. Moins de 5% des produits écoulés sont homéopathiques. Pas de quoi décourager le laboratoire Boiron qui continue d'investir "des sommes considérables" dans la recherche pour "développer de nouveaux produits". A l'heure actuelle, le groupe dispose de plus de 3 000 souches différentes pour fabriquer ces produits, et ce "même si en général on n'utilise que 200 à 300 souches". "Nous gardons toutes ces souches pour maintenir une offre large pour les clients", explique la responsable du groupe Boiron.

Boiron dispose d'un certain nombre de ces souches à La Réunion, dans son laboratoire situé à la Technopole à Saint-Denis. Il s'agit du seul laboratoire pharmaceutique de l'île. Chaque jour, les 14 salariés de la structure traitent près de 450 commandes pour livrer les 250 pharmacies de l'île. 92% des médicaments homéopathiques Boiron écoulés sur l'île sont importés de Métropole. Les 8% restants sont fabriqués sur place. Le tout, pour un chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros en 2010 (contre 1,91 millions d'euros en 2006, année d'installation du laboratoire à La Réunion).

"Nous avons encore une marge de man?uvre considérable", assure Amine Hajoui, directeur régional de Boiron Océan Indien. Le groupe installé localement compte continuer à se développer, que ce soit à La Réunion, ou dans les pays voisins. Boiron est déjà bien implanté à Maurice. L'entreprise compte profiter de la départementalisation de Mayotte pour y renforcer sa présence.

Quant à l'avenir de l'homéopathie, Michèle Boiron se dit "confiante". "Cette médecine a toute sa place dans la stratégie de bien-être. Notre démarche est de la rendre toujours plus efficace", affirme-t-elle. La responsable de l'entreprise est tout de même consciente des "limites de cette médecine". "L'homéopathie n'a pas pour vocation de guérir du diabète, du cancer, de l'hépatite C ou d'une maladie cardiaque mais elle peut participer au bien être dans le cadre de traitements lourds", explique-t-elle. Elle fait référence à une expérimentation de médicaments homéopathiques pour le traitement des chimiothérapies, traitement qui peut provoquer des effets secondaires parfois forts.

"De toute façon, l'homéopathie a deux légitimités qui vont demeurer les mêmes dans l'avenir: soit elle est utilisée pour le traitement d'une maladie en première intention. Soit elle est utilisée en dernier recours, lorsqu'on a tout essayé. Et souvent, ça marche", termine-t-elle.

Mounice Najafaly pour
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