Réhabilitation du musée Stella Matutina

Polémique autour de 46 millions d'euros

  • Publié le 12 juin 2011 à 08:00

La commission permanente du conseil régional a voté mardi 3 juin 2011 le déblocage de 46 millions d'euros pour la réhabilitation du musée Stella Matutina. De quoi provoquer la colère de l'Alliance qui crie au "gaspillage des deniers publics". Jean-François Sita, vice-président au conseil régional en charge de la culture, défend ce projet bec et ongle, parlant de "politique politicienne" de la part des conseillers régionaux de l'opposition.

Proposer aux Réunionnais un musée Stella Matutina flambant neuf, tel est le souhait de la majorité régionale. Pour ce faire, la structure muséale, fermée depuis le 1er mars 2011, fera l'objet de travaux de réhabilitation durant les 3 prochaines années.

Ces travaux se feront par étape. Les ?uvres du musée font actuellement l'objet de travaux de restauration. C'est ensuite le musée lui même qui subira un lifting avant la construction d'un centre de conférence "d'envergure internationale" d'une capacité de 450 places. Enfin, les "bâtiments connexes" seront réhabilités en dernier lieu. Au total, c'est une surface de dix hectares qui est concernée par ces travaux, selon Jean-François Sita. Coût du projet, 46 millions d'euros. Le déblocage des fonds a été voté en commission permanente le 3 juin dernier.

46 millions d'euros pour un musée, voilà qui reste en travers de la gorge des conseillers régionaux de l'Alliance. Et pour cause, leur projet de Maison des Civilisations et de l'Unité Réunionnaise (MCUR) porté par l'ancienne mandature et dont le coût était estimé à 67 millions d'euros a été balayé d'un revers de la main par le nouveau président de Région le 21 avril 2010. Argument avancé par Didier Robert, "on ne peut pas enfermer la culture entre quatre murs".

Aline Murin Hoarau n'hésite pas à signaler ce paradoxe. "On supprime un projet avec un véritable contenu (la MCUR - ndlr) et on le remplace par un projet de réhabilitation de musée sans réel contenu scientifique et culturel", s'offusque l'élue qui se dit "très inquiète". Elle ajoute : "Nous comprenons qu'il faut réhabiliter des musées. Mais on ne nous donne aucun chiffre. Lorsque nous demandons à la majorité des éléments d'information comme les chiffres de fréquentation du musée, c'est le silence", s'emporte-t-elle. Pas avare de critique, elle termine : "cette majorité n'a aucune vision en matière de projet culturel. Elle ne fait que donner une vision de carte postale de La Réunion, en oubliant son histoire".

"Je déplore ce débat qui n'a pas lieu d'être", rétorque Jean-François Sita. Le vice-président au conseil régional rappelle que la réhabilitation du musée Stella Matutina était "une promesse de campagne" du candidat Didier Robert. "Ces dernières années, ce musée tombait en ruine. Alors que l'Alliance se focalisait sur la MCUR", souligne l'élu. "Il est hors de question d'abandonner cette structure labellisée Musée de France", explique-t-il. Surtout que, selon lui, Stella Matutina "relate une grosse partie de l'histoire de La Réunion, l'esclavage et l'arrivée des engagés indiens".

Toujours pour justifier la réhabilitation du musée, Jean-François Sita indique que la structure a perdu "70% de son taux de fréquentation entre son ouverture (il y a une quinzaine d'années - ndlr) et l'année précédente", passant d'environ "100 000 visiteurs à 40 000 visiteurs". D'où la décision prise de mettre en place ce plan de réhabilitation sur 3 ans. Pour ce faire, comme dit précédemment, 46 millions d'euros ont été alloués au projet. Une somme qu'assume totalement Jean-François Sita. "Cela représente environ 15 millions d'euros par an pour une surface totale de 10 hectares. Ce n'est pas un budget pharaonique", argue-t-il.

Le conseiller régional insiste par ailleurs sur l'aspect "culturel et scientifique du projet". "Nous donnons une place très importante à l'homme réunionnais", assure-t-il en décrivant le contenu de la structure : un centre documentaires "très riche", une salle de conférence d'envergure "internationale", une "place privilégiée" pour les nouvelles technologies, des zones ludiques pour les plus jeunes. "Nous sommes bien dans une volonté de démocratisation de la culture", se félicite Jean-François Sita qui espère faire du musée Stella Matutina "le fer de lance de la politique culturelle régionale".

Mounice Najafaly pour
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