Feux de forêts

La préfecture présente son plan de prévention et de lutte

  • Publié le 9 juillet 2011 à 07:00

Après le terrible incendie du Maïdo en octobre dernier, Michel Lalande, préfet de La Réunion, avait annoncé un plan opérationnel feu de forêt, qui serait déclenché à chaque début de période sèche, et activé de manière graduelle en fonction des circonstances climatiques. Ce plan a été présenté le vendredi 8 juillet 2011. Il s'articule notamment autour de la prévention et du renforcement des moyens.

La Réunion a subi trois grands incendies ces trente dernières années. En 1970, 5100 hectares de forêt avaient été brûlés. En 1988, 3500 hectares avaient été brûlés. Plus récemment, en octobre 2010, presque 800 hectares ont brûlé dans l'incendie criminel du Maïdo. "Nous devons tirer des enseignements des précédents feux. La Réunion est clairement exposée aux risques majeurs des incendies", indique Michel Lalande. "Nous devons préserver et protéger notre environnement, c'est pourquoi nous avons choisi de mettre en place ce plan. Nous nous sommes inspirés des réponses apportées par certains départements métropolitains, mais en les ajustant, car La Réunion a ses propres spécificités", ajoute-t-il.

Concernant la prévention, les services de la préfecture, du SDIS (service départemental d'incendie et de secours) et de l'ONF (office national des forêts) ont dressé une cartographie des secteurs concernés par la menace, selon une échelle comprenant cinq niveaux de risques, de faible à extrême. Douze secteurs de feux de forêt ont notamment été identifiés. A compter du 1er août 2011, et jusqu'au 31 janvier, l'évaluation du danger sera réalisée quotidiennement en concertation entre le SDIS, Météo France, et l'ONF. Des bulletins de danger seront ainsi diffusés.

Au niveau du dispositif, le plan comporte quatre niveaux d'intervention. Pour les feux naissants, sera mise en place une unité composée de deux camions citernes feux (CCF) et d'un groupe d'intervention feux de forêt (GIFF), qui contient un véhicule de liaison et quatre camions citernes feux de forêt. Pour un feu de niveau 2, deux GIFF seront déployés, ainsi qu'une première structure de commandement qui a pour but de permettre l'accueil des renforts, faire une première sectorisation, et activer les outils de gestion opérationnels. Pour un feu de niveau 3, 4 à 7 GIFF seront mobilisés. Pour le niveau 4, 8 GIFF ou plus seront engagés pour une superficie brûlée à 200 hectares.

Les moyens de lutte humains sont également renforcés. Du 15 septembre au 15 décembre, 55 sapeurs-pompiers seront désormais en permanence dédiés à la mission feux de forêt. L'accent a aussi été mis sur la formation. "Plus de 85 sapeurs-pompiers ont été formés pour lutter contre les feux de forêt", explique Michel Lalande. Les moyens matériels comprendront, entre autres, 48 CCF, 9 camions citernes grande capacité et 21 véhicules légers tout terrain. Concernant les moyens aériens, il y aura dorénavant quatre hélicoptères contre deux auparavant. Le nouveau marché public du SDIS, en voie d'attribution, a été adapté pour mieux correspondre aux besoins opérationnels. Il y aura deux hélicoptères bombardiers d'eau, et deux autres hélicoptères, dont l'un avec un treuil, pour permettre l'acheminement sur les incendies inaccessibles par voie terrestre. Face à une situation de crise, les moyens nationaux, aériens et terrestres, seront sollicités par le préfet. "Cependant, le plan a été établi pour éviter d'arriver à une nouvelle situation de crise. L'anticipation des risques et la prévention sont la meilleure solution", assure Michel Lalande.

Le programme comprend aussi un volet sensibilisation de la population. "On demande aux gens d'être vigilants quand ils sont en forêt, pour éviter les imprudences. Le feu du Maïdo était d'origine criminelle, et mon grand regret, c'est qu'on n'a pas réussi à intercepter celui ou ceux qui sont à l'origine de ce drame écologique", confie le préfet. "Aujourd'hui, il est du devoir de chacun de protéger La Réunion, et d'éviter que ces actes malveillants se reproduisent". Pour que le public soit plus attentif aux risques, des panneaux d'information seront implantés à certains endroits comme la route du Maïdo ou la route du Volcan.

A noter que la restauration des sites incendiés a un coût élevé. Celle du Maïdo a coûté un million d'euros. Les opérations de lutte contre les feux de forêts sont aussi très chères, elles ont coûté deux millions d'euros au SDIS et un million d'euro à l'Etat.

Samia Omarjee pour
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