Tableau de bord de l'Observatoire régional de santé

Moins de tabou autour des violences conjugales

  • Publié le 31 août 2011 à 09:00

Les questions des violences conjugales sont de moins en moins tabous. C'est le constat dressé par l'observatoire régional de santé dans son dernier tableau de bord sur les violences faites aux femmes en situation de couple. L'étude a été présentée en conférence de presse ce mardi 30 août 2011.

"Les femmes révèlent de plus en plus les cas de violences conjugales aux forces de l'ordre", se félicite Sophie Elizéon, déléguée régionale aux droits des femmes et à l'égalité. Selon l'étude de l'ORS, 1 469 faits de violences conjugales ont été constatés en 2010 contre 1098 en 2007. Parmi ces 1 469 faits, 77% concernent des coups et blessures volontaires et criminels et 20% des menaces ou des chantages. "De nombreux faits de violences restent contenus dans la sphère privée, les femmes n'osent pas briser le silence. Ces données n'offrent qu'une vision très réduite du phénomène", tient tout de même à nuancer Sophie Elizéon.

Toujours selon cette étude, le nombre d'appels passés au 115 pour des cas de violences sont stables voire en baisse, à 1 110 appels en 2010. "Ce qu'on remarque, c'est qu'il y a de plus en plus de professionnels de santé qui passent ces appels. On voit bien qu'ils ont pris cette problématique à bras le corps", constate Monique Ricquebourg, chargée de mission à l'ORS. Autre point jugé "plutôt positif", pour la première fois, les cas de violences psychologiques sont les plus dénoncés (80%) devant les violences physiques (70%). "Quand on sait que la violence psychologique amène à la violence physique, on peut se dire que dénoncer les violences psychologiques permet d'éviter les violences physiques", analyse Sophie Elizéon.

L'étude prend aussi en compte les besoins des femmes victimes de violences conjugales. Des besoins qui ont évolué au fil des années. Si en 2007, 48% des femmes avaient avant tout besoin d'écoute, elles ne sont plus que 35% en 2010 à demander de l'écoute. La question de l'hébergement a quant à elle pris de l'importance durant la même période, passant du besoin de 46% des femmes à 58%. "La question de l'hébergement est essentielle. Surtout que les infrastructures manquent à La Réunion", commente la représentante de l'Etat.

Afin de pallier à ces carences plusieurs mesures ont été prises. La première est la mesure d'éviction du conjoint violent. En 2007, 50 mesures avaient été prises contre 1007 en 2009. C'est dans le Sud que la majorité de ces mesures ont été prises en 2009. Autre mesure, la mise en place de familles d'accueil de femmes victimes de violences conjugales. Ce dispositif est actuellement en expérimentation. 10 familles d'accueil existent sur l'île.

Si on constate une évolution positive du nombre de cas dénoncés, Huguette Bello, députée-maire de Saint-Paul et présidente de l'Union des Femmes de La Réunion estime ces chiffres "très inquiétants". "Ces chiffres montrent la réalité de la situation catastrophique de La Réunion. Il faut que la question de la violence faites aux femmes devienne une affaire d'Etat et que les candidats de la présidentielle de 2012 abordent ce sujet", insiste l'élue qui plaide depuis plusieurs années pour la mise en place d'une loi cadre sur la problématique des violences faites aux femmes.

Mounice Najafaly pour
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