Procédure d'indemnisation pour les victimes du Médiator

L'avocat des victimes réunionnaises reste prudent

  • Publié le 7 septembre 2011 à 08:00

Me Alain Antoine, avocat du collectif des victimes du Médiator de la Réunion, se dit dubitatif devant la mise en place d'un système d'indemnisation au niveau national. Mardi 6 septembre 2011, il indique qu'il n'encourage pas les malades réunionnais à se tourner vers cette instance qu'il estime instaurée " à des fins politiciennes".

" Je ne suis pas du tout séduit par ce mécanisme moins efficace que l'appareil judiciaire. A mon sens, il y a plus de garanties à saisir un juge ", notamment en terme d'indemnisation, a indiqué mardi 6 septembre, Alain Antoine, avocat de victimes réunionnaises du Médiator.

Le " Fonds public d'indemnisation des victimes du Médiator " a été lancé jeudi dernier au niveau national et a reçu déjà plus de 500 appels et 130 dossiers. Mais pour l'avocat réunionnais, le titre même de " fonds d'indemnisation " est trompeur.

En effet, il est géré par l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam). Des experts doivent recevoir les demandes des victimes présumées et se prononcer sur leur recevabilité dans un délai qui peut atteindre plusieurs mois. Ils émettent ensuite un avis et sur sa base, l'Oniam demandera au laboratoire Servier de faire une proposition d'indemnisation qui doit intervenir dans un délai de trois mois. Et pour le moment, le laboratoire Servier n'a donné aucune garantie de sa participation.

" Je n'encourage pas mes clients vers ce système. Rien n'est dit sur la procédure ou les voies de recours (...) et le champ d'indemnisation est réduit", poursuit Me Alain Antoine. Selon lui, il ne prendrait pas en compte par exemple " l'angoisse de contracter la maladie ", contrairement à la procédure judiciaire.

Le département de la Réunion serait un des plus touchés par l'affaire et le collectif des victimes du Médiator dénombre plus de 200 personnes. Le 25 août dernier, l'avocat avait demandé au juge des référés une expertise judiciaire afin d'évaluer si le médicament a été la cause des problèmes cardiaques rencontrés par certains patients. 53 dossiers avaient été déposés auprès de la juridiction, 30 avaient été contestés par les Laboratoires Servier et le juge doit rendre sa décision le 29 septembre prochain.

Le Médiator, médicament essentiellement destiné aux diabétiques en surpoids, a été souvent prescrit comme coupe-faim, notamment à la Réunion. Retiré du marché en novembre 2009, il serait responsable de 500 à 2 000 décès tandis qu'on estime que cinq millions de personnes en ont consommé.

Marine Veith pour
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