Fête de la ville du Port - Portrait d'artiste

Storm: "Je ne m'impose pas de limites"

  • Publié le 26 novembre 2011 à 15:00

Dans le cadre des fêtes de la ville du Port, l'enceinte du port ouest s'est transformée en théâtre pour chorégraphes. Ce vendredi 25 novembre 2011, c'est sous les pas de danse du chorégraphe allemand Storm - de son vrai nom Niels Robitzky - que le magasin D2 a vibré. Artiste reconnu dans le milieu du hip hop depuis les années 80, lui qui "breake" dans le monde entier, s'attache à démocratiser cette danse. Il s'est posé le temps de deux spectacles dans l'île. Confidences.

- Vous avez débuté, il y a de cela trente ans, dans le milieu du hip hop. Depuis votre arrivée sur l'île, vous avez dirigé deux masterclass. Comment trouvez-vous le niveau des danseurs Réunionnais?

* Je ne suis pas venu ici pour me faire une opinion du niveau des danseurs Réunionnais mais avant tout pour enseigner et partager. Et, puis dans le milieu du hip hop certains des meilleurs danseurs sont aussi bien mauvais dans l'apprentissage que bon dans l'expression.

- En parlant d'apprentissage, comment vous est venue cette passion pour la danse?

* Je ne sais pas vraiment d'où cela vient. Mon père m'a souvent répété que je suis né pour danser. J'ai fait du roller, du skate. Mais ce n'est véritablement qu'en commençant à faire du breakdance et "popper" que j'ai trouvé ce truc qui m'a incité à continuer. La danse, je l'ai apprise par moi-même, pour moi-même et surtout, j'ai grandi avec.

- Avez-vous un style en particulier?

* Je privilégie les styles "popping"* et "locking"*. Des styles où j'ai développé mes propres méthodes, puis ajouté mon vocabulaire et ma grammaire.

- Vous avez en quelque sorte inventé votre propre style...

* Non, dans le domaine de la danse, on ne parle pas d'invention. L'idée était plutôt de développer et recycler ce qui se faisait auparavant.

- Où puisez-vous votre inspiration pour vos chorégraphies?

* Je puise mon inspiration dans tout, essentiellement dans la vie de tous les jours. Je ne m'impose pas de limites. Ce que je recherche, avant tout, c'est d'amener l'émotion et frapper les esprits, en misant sur des images fortes et la musique, elle-même, la base du hip hop. Ces deux ensembles réunis permettent une symbiose.

- Vous étiez sur la scène du magasin D2 ce vendredi 25 novembre dans le cadre de la manifestation, Danses et Docks au Port. Qu'avez-vous proposé au public réunionnais?

* J'ai présenté deux spectacles. Le premier, "28 ans en 28 minutes" retrace mon histoire sous forme de photo-album. Je danse également en même temps. Dans le second, "Storm en contexte classique", j'interprète un morceau de musique classique, à l'image de Carmen de Georges Bizet, avec une approche hip-hop.

- On peut donc mélanger hip hop et musique classique?

*Il faut aller au-delà des stéréotypes liés à la musique classique. Ce sont des morceaux hors du temps, éternels. Tous les danseurs devraient avoir la chance de les interpréter.

- Sur scène, vous flottez dans les airs. Il vous faut combien d'heures de préparation?

* À mon sens, il n'y a pas de formule. Et puis, je pratique la danse depuis plus de trente ans. Tout dépend de la tâche à accomplir. Comme le musicien, cela peut prendre aussi bien deux à trois heures ou deux à trois mois pour pouvoir monter une chorégraphie.

- Le nom de scène de certains artistes reflète une part de sa personnalité. Le votre, Storm, signifie, "tempête"...

* C'est une anecdote. Quand je suis arrivé à New-York en 1991, mon nom de scène était Swipes Master, en relation à un mouvement, le swipes - envolée, où j'étais un des meilleurs. Malheureusement, ça ne parlait pas assez. Et, puis, un soir, lors d'un show en boîte de nuit, alors que les danseurs, séparés en deux cercles, devaient fusionner, j'ai effectué un mouvement au sol, rappelant une tempête en mer , et j'ai renversé un autre danseur. Cela a marqué les esprits. On m'a alors surnommé Storm. Je tiens tout de même à préciser que je ne suis pas un X-Men.

- Au théâtre, la couleur verte est à bannir lors de représentations, sous peine de porter malheur. Avez-vous des superstitions ou des manies avant d'entrer sur scène?

* Je ne crois pas aux superstitions. En revanche, je suis croyant et je prie avant d'entrer sur scène. Quand, je ne le fais pas, par exemple, j'ai la sensation qu'il va manquer quelque chose. Mais, bien sûr, cela n'a rien à voir avec de la superstition.

Propos recueillis par Émilie Sorres pour

*Popping : Danse dont le principe de base est la contraction et la décontraction des muscles en rythme.

*Locking: Beaucoup plus musical que le break dance, le locking se danse principalement avec le bassin, les pointes des pieds et les expressions du visage.
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