Présidence du conseil de surveillance d'Air Austral

Paul Vergès menacé par Didier Robert

  • Publié le 27 décembre 2011 à 08:00

Les jours de Paul Vergès à la tête du conseil de surveillance d'Air Austral sont comptés. Le vendredi 13 janvier 2012, une nouvelle assemblée générale de cette structure se tiendra. À l'ordre du jour, la recomposition du conseil de surveillance dans son ensemble. Or, Didier Robert, président du conseil régional et principal actionnaire de la compagnie par le biais la Sematra, n'a jamais caché son intention d'évincer Paul Vergès. "On ne dit rien sur ce qui a été fait jusqu'à présent à la tête du conseil de surveillance. Si l'on veut simplement changer pour changer, je crains le pire pour l'avenir d'Air Austral" a commenté Paul Vergès dans la conférence de presse qu'il a tenue ce lundi 26 décembre.

À la tête de la présidence du conseil de surveillance d'Air Austral, Paul Vergès a fait part de ses craintes concernant l'avenir d'Air Austral, ce lundi 26 décembre 2011. Et pour cause, le dirigeant de l'Alliance a reçu, ce jour, un courrier de la Sematra, structure présidée par Didier Robert, et principale actionnaire de la compagnie aérienne. Un courrier lui signifiant la "recomposition du conseil de surveillance par révocation et la nomination de nouveaux membres" lors d'une prochaine assemblée générale le vendredi 13 janvier 2012.

"Cela veut dire que le simple fait d'augmenter le capital d'Air Austral donne naissance à une recomposition du conseil ? Je suis directement interpellé. Au delà du problème de principe, c'est une tradition d'un quart de siècle qui est remis en cause", a déclaré Paul Vergès. Selon l'actuel président du conseil de surveillance, "si l'on me dit je veux vous remplacer, cela signifie que je ne suis plus compétent ou que l'on veut ma place". "On ne change pas pour changer", a-t-il alerté.

Étonné, le chef de file de l'Alliance a regretté qu'il n'y ait pas un "seul mot" sur ce qui a été conduit par le conseil de surveillance, arguant qu'il aimerait qu'"on examine les aspects négatifs et positifs". S'il est conscient que ses jours à la tête du conseil de surveillance sont comptés, Paul Vergès a affirmé qu'il n'avait pas "à se défendre", et ce "pour quelles raisons ?" Il a évoqué une première tentative d'éviction en septembre 2010, à la suite du changement de majorité au conseil régional. "L'astuce était que nul ne peut être président du conseil de surveillance, si il n'est pas actionnaire. Or, je possède des actions", a-t-il poursuivi.

Paul Vergès a également déploré "la remise en cause d'un des services publics les plus importants de La Réunion", car dit-il, "il assure le désenclavement de l'île". "L'existence de la compagnie est menacée. On remet en cause l'existence même de la mobilité" a-t-il signalé.

Concernant ce qui pourrait s'apparenter fortement à une mise sous tutelle de la compagnie par la Sematra, - la structure a renouvelé la demande d'informations concernant l'analyse de la situation financière de la société, l'expertise des comptes prévisionnels et du business plan, la mise en cohérence de la gouvernance de la société avec son actionnariat -, Paul Vergès n'a pas caché ses craintes, affirmant que cela représentait "un danger si effectivement cela devait se passer". Il a aussi rappelé que le rôle du conseil de surveillance relève de la "responsabilité d'assurer la stratégie" de la compagnie alors que "le directoire est chargé de la compétence opérationnelle". "L'un ne doit pas empiéter sur l'activité de l'autre", a-t-il souligné.

À la question de savoir si le poste de Gérard Éthève, président du directoire de la compagnie, était menacé, Paul Vergès a répondu, en substance, qu'il est évident, dans la mesure où la présidence du conseil actuel serait remplacé, "sa place ne pourrait être garantie". "L'avenir nous le dira. Gérard Éthève sait que cette place est souhaité par ceux qui n'ont pas contribué au dynamisme de la compagnie", a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, le président du conseil de surveillance a évoqué la santé financière de la compagnie, dont le résultat d'exploitation était négatif de 23,9 millions d'euros au premier trimestre 2011, notant que "la crise actuelle touche toutes les compagnies aériennes". "Une seule variation de quelques centimes sur le prix du kérosène peut se conclure sur une facture de plusieurs millions d'euros. Nous avons réussi à maintenir un plan économique et social, tout en augmentant les avions à destination de la métropole et en supprimant les lignes moins rentables. Il n'est pas question de licenciements", a-t-il commenté. Pour rappel Air Austral mise sur une augmentation totale de capital de 40 millions d'euros.

Enfin, interrogé sur la candidature aux élections municipales anticipées de Sainte-Suzanne de trois personnes se réclamant du parti communiste réunionnais (PCR), en l'occurrence, Maurice Gironcel, Daniel Alamelou, Yolande Pausé, le chef de file de l'Alliance n'a pas mâché ses mots ([url=http:///reportage.php?id_reportage=13922] Voir article "Trois candidatures pour un fauteuil" [url]). S'il a avoué que "cela fait trop de candidat pour un seul parti", il a rétorqué que "ce sont aux électeurs de décider". Quant à l'exclusion du parti de Yolande Pausé ou de Daniel Alamelou, car n'ayant pas respecté les règles de fonctionnement du PCR, il a indiqué "ne pas pouvoir répondre" car il ne "fait pas parti des instances décisionnelles". "Le temps passe et le délai n'est pas si long jusqu'au 29 janvier. Ce sont les électeurs au c?ur du débat qui trancheront finalement", a-t-il répété.

Émilie Sorres pour
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