Drogues

Des associations réclament des "salles de consommation à moindre risque"

  • Publié le 30 août 2012 à 10:14

Dans un entretien accordé au Parisien, le député socialiste et adjoint au maire de Paris, Jean-Marie Le Guen, a demandé au gouvernement d'autoriser la création de salles d'injection de drogue, notamment face à l'augmentation de la consommation d'héroïne à Paris. A la suite de cette interpellation, plusieurs associations rappellent dans un communiqué transmis ce mercredi 29 août 2012 qu'elles demandent l'ouverture de salles de consommation à moindre risque depuis de nombreuses années.

Les associations Act Up Paris, Aides, Fédération Addiction, Gaïa, Médecins du Monde, Réseau Réduction des risques, Safe, Sidaction et SOS Hépatites Fédération, réagissent suite à la demande de Jean-Marie Le Guen d’autoriser la création de salles d’injection de drogue.

Ces associations rappellent qu'elles demandent l'ouverture de salles de consommation à moindre risque depuis de nombreuses années. "Les actions de réduction des risques existantes ont fait leur preuve en matière de diminution de certains risques associés à la consommation de drogues (transmission du VIH, VHC, infections, abcès, overdose, etc.). Mais toute une partie des usagers et usagères de drogues, les plus précaires, les plus exclues, ne peuvent pleinement bénéficier de ces actions", expliquent les associations dans un communiqué.

"Expérimentées et validées dans de nombreux pays, les salles de consommation à moindre risque (SCMR) permettent précisément de toucher ce public. En réduisant les risques liés à l'usage de drogues grâce à un environnement sécurisé, elles instaurent un contact avec ces personnes exclues, leur permettant d'intégrer un parcours de soins et des dispositifs sociaux. L'intérêt de l'action va donc bien au-delà de la mise à disposition, par ailleurs nécessaire, d'un environnement sécurisé", ajoutent les différentes associations.

Elles soulignent par ailleurs que "l’intérêt des salles de consommation dans les situations identifiées par les associations a été validé par l’Inserm dans une expertise collective, qui s’est appuyée sur la littérature scientifique mondiale et les expériences des salles déjà existantes".

Selon le communiqué des associations, l’Inserm démontre les bénéfices des salles de consommation à la page 28 de la synthèse de leur analyse : les usagers et usagères à hauts risques sont atteintes, la consommation est plus sûre, les comportements à risque, ainsi que la morbidité associée au VIH, au VHC ou aux abcès, ou encore les overdoses mortelles, diminuent. Enfin, l’accès aux soins est amélioré.

Les associations notent aussi que "l'Inserm montre que la consommation dans les lieux publics diminue, qu'il n'y a pas d'augmentation de délits associés à l'usage de drogues". "Dans certaines structures, comme à Vancouver, l'ouverture de salles de consommation a été associée avec une augmentation des inscriptions dans des programmes de substitution. La science montre bien à quel point on est loin de l'incitation à la drogue, critique martelée sans justification par les opposants au dispositif", poursuit le communiqué.

Ces associations estiment que "l’urgence sanitaire que nous constatons sur le terrain mérite bien mieux qu’un débat partisan stérile". "A celles et ceux qui parlent sans savoir de "laxisme", d' "incitation à la drogue", nous demandons de fonder scientifiquement leur avis. À celles et ceux qui voudraient résumer le débat entre la gauche et la droite, nous rappelons que les salles de consommation à moindre risque ont reçu le soutien de personnalités de droite aussi diverses que Roselyne Bachelot-Narquin, Jean-Claude Gaudin, Nadine Morano ou Michel Heinrich. D'autres, André Rossinot ou Alain Juppé par exemple, sans prendre ouvertement position, se sont déclarés ouverts au débat", rappellent les associations.

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