Réunion Régionale des Conseillers du Commerce Extérieur de la France Afrique / Océan Indien

Développement : le temps de l'Afrique est venu

  • Publié le 3 avril 2013 à 10:00

En fin de semaine dernière,du 27 au 29 mars, les Conseillers au Commerce Extérieur (CCE) de la France pour l'océan Indien ont tenu dans les locaux de l'Hôtel Boucan Canot, qui surplombent la plage éponyme, la cinquième réunion de leur groupe, depuis 2009. Intitulé "It's time for Africa", l'événement à haute teneur économique, a rassemblé une cinquantaine de participants, sous l'égide de Jean-Marc Brault de Bournonville, président de la commission Afrique et océan Indien, en présence de MM. Philippe Lacoste, ambassadeur de France aux Comores et Philippe Leyssene, ambassadeur délégué à la coopération régionale dans la zone océan Indien, de représentants de l'Etat et des collectivités territoriales, entre autres personnalités du monde de l'entreprise, à l'instar de Philippe Labro (Tereos O.I).

Yannick Lauri, directeur général de la SAPMER et conseiller du Commerce Extérieur, a joué les maîtres de cérémonie, saluant le "soutien indéfectible du Sénateur André Ferrant" dans l'organisation de ce réseau dans le réseau que constitue le groupe des conseillers de l'océan Indien ; pour mémoire, les CCEF structurent un réseau actif de 4150 membres dans le monde, dont 2600 expatriés, vivant dans 142 pays différents. Au-delà des thèmes india-océaniques d'intérêt général, tels que les projets communs développés dans la zone, sécurité et géopolitique, le cas des Comores, l'intelligence économique, savamment abordés par des intervenants de qualité, tel le Colonel Chene (Comsup), l'essentiel des conférences et débats était consacré à l'Afrique, présentée sous un jour bien éloigné des clichés et images d'Epinal et résumé comme suit par Yannick Lauri : "Entre fin 2009 et aujourd’hui, alors que la Bourse de Paris perdait 10%,l’indice des plus grandes valeurs africaines, le S&P Africa 40, progressait lui de 33%. Cela fait d’ailleurs maintenant une dizaine d’années que les actions africaines affichent des rendements élevés. Ces performances reflètent la croissance économique attendue sur le continent (…) l’Afrique dans 20 ans c’est la Chine d’aujourd’hui. La classe moyenne compte déjà 100 millions de personnes et oscillera entre 280 et 350 millions en 2030 ce qui représente un marché de 1750 Milliards de dollars par an (…) Nous assistons à la ruée des multinationales…"

L'Afrique est aujourd'hui terre d'entreprise, plus que de mission, et de Paris ou de La Réunion, voire de la COI, chacun s'accorde à penser qu'il est urgent de s'y positionner, de s'y risquer, dans le bon sens du terme. Les grands groupes internationaux donnent l'exemple, selon Yannick Lauri : "Nestlé,leader mondial de l’agroalimentaire, vient d’ouvrir une usine en Angola et en République démocratique du Congo.Coca Cola vient d’augmenter ses capacités de production en Tanzanie et au Kenya prévoyant d’investir 12 milliards de dollars d’ici 2020. Côté français, Wendel, présidé par Ernest Antoine Seillière, a investi 125 millions de dollars dans le groupe IHS, qui gère 4000 tours de télécommunications au Nigéria, au Cameroun et en Côte d’Ivoire.  Orange est revenu en force en se hissant au deuxième rang du continent avec 74 millions de clients. Accor prévoit d’ouvrir 30 hôtels soit 5000 chambres d’ici à 2016…" 
 
Compte-tenu du marasme hexagonal et européen, l'Afrique s'impose comme une zone extrêmement attractive, pour peu que l'on dispose de projets véritables et de stratégies adaptées. Et le traditionnel pré carré français n'est plus un sanctuaire, force est de constater qu'il faut s'y protéger de l'agressivité des entrepreneurs anglo-saxons, qui bénéficient en outre d'implantations dans des zones, anglophones ou lusophones, au fort potentiel de croissance. Les entreprises françaises doivent donc défendre leurs positions, et par ailleurs, se montrer conquérantes, comme au Ghana qui atteste d'une croissance à deux chiffres, ou au Sud-Soudan, un pays porteur sur les dix ans à venir, qui bénéficie d'un soutien mondial, où tout est à faire…
 
Se pose bien évidemment la question de la stabilité, au Sud-Soudan et ailleurs… Pour les CCE, c'est un paramètre à prendre en considération, "il faut savoir s'adapter aux réalités locales, aux risques existants, mais il est possible de travailler sans perdre son âme…"
 
Le rôle des conseillers au Commerce Extérieur est de sensibiliser les acteurs économiques à la nécessité d'engager des initiatives, notamment en Afrique, pour ce faire ils jouent un rôle de relais pour les entreprises en quête de marchés et d'implantations ; ils apportent aux investisseurs un reflet "de la vraie vie", bien éloigné parfois des synthèses diplomatiques. Les entrepreneurs français ont pour eux de pouvoir apporter un niveau d'excellence synonyme de qualité, de certification, de standards élevés, gages d'exportation, qu'il ne faut surtout pas brader, quand bien même certains états émergents donnent dans un néo-colonialisme anachronique, synonyme de terre brûlée.
 
Pourquoi l'Afrique, expliquait Yannick Lauri, "parce que le continent africain connaît 10 années de croissance record : 5,4% par an de croissance depuis 2000…", parce qu'elle est "dopée" par sa démographie, avec une population jeune,  comptant "500 millions de travailleurs (…) très urbaine, comptant plus de villes de 1 Millions d’habitants que l’Europe…". Le handicap en infrastructures y a été compensé par les plus récents sauts technologiques, dont la téléphonie mobile et les réseaux de communication, sans parler des services bancaires sur mobiles.  Au-delà, soulignent les CCE, "l’Afrique compte 60 % des terres disponibles dans le monde. La production de céréales a déjà été multipliée par trois en dix ans (…) la consommation de nourriture va augmenter de 5 % par an…" L'étape de l'industrialisation ayant été sautée dans ce grand bond en avant, les industriels français ont une carte d'importance à jouer, pour peu qu'ils intègrent les faiblesses actuelles de leurs concurrents asiatiques, en matière de social, ou de développement local… Le gouvernement mauricien a bien compris l'enjeu qui a fait de l'implantation de ses intérêt en Afrique sa priorité. Un exemple à suivre…
 
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1 Commentaires
dignité
dignité
10 ans

Un marché de 1750 milliards de dollars/an . A quand un changement de société ou l'homme sera placé au centre et non pas seulement traité comme un consommateur nourrissant l'appétit des multinationales pilleuses, pollueuses...