Avec un taux de 33 % sur l'île aux parfums

Illettrisme : Mayotte plus touchée que La Réunion

  • Publié le 20 février 2014 à 16:02

L'Insee a publié ce jeudi 20 février 2014 les résultats de l'enquête information et vie quotidienne (IVQ) menée en 2012 à Mayotte. Elle permet d'analyser les compétences des habitants à l'écrit, en compréhension orale et en calcul. Il en ressort que le taux d'illettrisme s'élève à 33 % sur l'île aux parfums, un niveau supérieur à La Réunion (23 %) et à la France métropolitaine (7 %). Et dans l'ensemble de la population en âge de travailler, soit 109 000 personnes âgées de 16 à 64 ans, 58 % ne maîtrisent pas les compétences de base à l'écrit en langue française.

Parmi les personnes ayant été scolarisées, les jeunes éprouvent plus de difficultés à l’écrit : 44 % des 16 à 24 ans ne maîtrisent pas les compétences de base contre 29 % des personnes de 45 ans ou plus, indique l’Insee. Le niveau des difficultés rencontrées par les jeunes est lié en partie aux départs des plus qualifiés après l’obtention du baccalauréat. Il tient aussi au lieu où les jeunes ont débuté leur scolarisation. Les jeunes primo-scolarisés à Mayotte ont de meilleurs résultats que les jeunes migrants qui ont débuté leur scolarité à l’étranger (respectivement 39 % contre 68 % en grande difficulté à l’écrit).

Les jeunes de 16 à 24 ans ont quasiment tous été scolarisés (92 % en 2012), mais l’illettrisme touche encore de nombreux élèves en cours de scolarité : 36 % des élèves ou étudiants sont en situation d’illettrisme.

En revanche, 29 % des 25 à 44 ans n’ont jamais été à l’école. En effet, la montée en charge du système éducatif à Mayotte n’a pu offrir une capacité d’accueil suffisante pour scolariser en totalité cette génération. Parmi les personnes de 25 à 44 ans qui ont été scolarisées, 43 % sont en grande difficulté à l’écrit.

Les personnes non scolarisées représentent près du tiers de la population mahoraise et sont pour la quasi totalité en situation d’illettrisme (96 %). Ce sont majoritairement des femmes (68 %). La généralisation de la scolarisation a été en effet plus tardive pour les femmes : 28 % des femmes de 20-29 ans et 43 % des 30-39 ans n’ont pas suivi de scolarité, contre respectivement 7 % et 16 % des hommes.

Les compétences des parents ont un fort impact sur les difficultés à l’écrit des enfants. La moitié des Mahorais qui ont été scolarisés déclarent que ni leur père ni leur mère ne savaient lire. Parmi eux, 51 % sont en difficulté à l’écrit contre 22 % de ceux dont les deux parents savaient lire. La langue parlée durant l’enfance joue également un rôle majeur dans l’apprentissage du français. Seuls 15 % des Mahorais ayant été scolarisés parlaient français à la maison durant leur enfance. Ces personnes sont moins souvent en difficulté à l’écrit (12 %) que celles qui parlaient uniquement le shimaore ou le comorien durant leur enfance (respectivement 39 % et 69 % en grande difficulté).

guest
0 Commentaires