
Pourquoi parlez-vous aujourd'hui de scandale ?
Le scandale, c'est ce qui arrive avec la tentative de pillage des carrières. Cela éclaire le problème global de la nouvelle route du littoral. Pourquoi le conseil régional a abandonné le projet du ministre Perben ? Pourquoi ce nouveau projet ? Pourquoi le gouvernement ne veut pas évaluer le coût de ce projet ? Tout le monde admet que les générations à venir auront à payer. Comment le gouvernement actuel a pu approuver la dérogation qui concerne les conclusions sur la bio-diversité régionale qui condamne le projet de nouvelle route du littoral ?
Que révèle selon vous cette opération coup de poing menée au niveau des carrières ?
Aujourd'hui, le débat évoqué sur les carrières révèle ce que nous avions dénoncé à l'époque : le projet d'importation de 18 millions de tonnes de matériaux de Madagascar pour faire les digues. C'est le plus grand scandale que nous imaginons à La Réunion. Qui paiera tout ça ? Tout le monde discute du prix de la tonne. Certains disent 15 ou 20 euros. J'ai donné les chiffres : le coût de la tonne à Madagascar est de 6 euros. Quand ces matériaux seront livrés, ils seront évalués autour de 20 euros la tonne. Vous rendez-vous compte des centaines de millions de bénéfices ? On comprend aujourd'hui pourquoi les terrassiers de La Réunion cherchent des carrières partout.
On vous sent choqué par l'attitude de certains entrepreneurs...
Le gouvernement est tellement passif qu'un chef d'entreprise a dit que si les carrières ne peuvent pas être utilisées, le préfet va les ouvrir. Je n'ai jamais entendu un chef d'entreprise dicter ainsi la conduite du représentant de l'Etat. C'est une insolence et l'aveu à ses yeux d'une subordination des intérêts de La Réunion aux intérêts des entreprises en insultant l'élue qui dit : "vous menacez la biodiversité de ma commune." Cela veut dire que l'année 2015 sur la nouvelle route du littoral va marquer le centre d'un débat qui s'inscrira dans la conférence de Paris sur le climat. Les manifestations de Sivens ne sont rien par rapport à l'importance financière, environnementale et écologique de ce projet. C'est la bataille de La Réunion : il faut placer cela au centre du débat national afin d'éviter cette catastrophe pour La Réunion.
Vous annoncez depuis des années "une catastrophe" en parlant de la NRL. Mais n'est-il pas temps en 2015 de passer à l'action ?
Vous avez parfaitement raison.Je vous engage à essayer de convaincre les députés et sénateurs de La Réunion. Il y a une inflation : nous sommes onze et j'essaierai de faire ma part. J'espère que vous verrez assez rapidement les conséquences de mon action. Sur le plan national, je veux inscrire le scandale de la nouvelle route du littoral dans le cadre du débat actuel sur le barrage de Sivens et Notre-Dame-des-Landes.
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