Lutte contre la leucose enzootique bovine

Un ahurissant mensonge d'Etat

  • Publié le 3 février 2015 à 15:09

La dérogation à la lutte contre la leucose enzootique bovine repose à La Réunion, sur une philosophie explicitée par le Groupement de Défense Sanitaire de la Réunion : "Entre 2002 et 2006, les dépistages systématiques ont mis en évidence des taux de prévalence très important du cheptel réunionnais (> 70% au niveau du cheptel laitier). Considérant le faible impact clinique de la maladie, le fait qu'aucune exportation n'était envisagée et surtout le coût que représenterait un plan d'éradication pour les filières (abattage de plus de la moitié du cheptel), La Réunion a sollicité en 2007 auprès de la Direction Générale de l'Alimentation une dérogation aux mesures de prophylaxie applicables en métropole vis-à-vis de la Leucose bovine (...) La forme sub-clinique étant peu marquée, son impact réel sur la production locale est difficile à quantifier précisément mais est en tout état de cause faible. Son impact indirect (lié à une baisse de l'immunité) peut être limité en respectant une conduite d'élevage adaptée..."

Ce concept de faible impact clinique de la maladie a été furieusement démenti par les éleveurs, considérés longtemps comme incompétents et responsables de la situation sanitaire du bétail. Mais il convient de remarquer, que la thèse, endémique à La Réunion, ayant conduit à concéder une dérogation aux mesures de prophylaxie applicables en métropole est contredite par la première thèse vétérinaire venue. Ainsi, dans celle présentée et soutenue publiquement en 2010, devant l’Université Paul-Sabatier de Toulouse par Béatrice Lamblin, alors âgée de 24 ans, pour obtenir le grade de docteur vétérinaire diplômé d'Etat, opportunément consacrée aux tumeurs des bovins, il est clairement énoncé, ce qui paraît être de notoriété publique : "l’agent de la LBE est le virus leucémogène bovin ou Bovine Leukemia Virus (…) proche des virus de la leucémie à cellules T de l’Homme…"

Un virus pas vraiment sympathique pour ces pauvres vaches, et qui ne l'est pas non plus pour les éleveurs, car : "L’infection par le BLV entraîne des pertes économiques non négligeables même en l’absence de signes cliniques. Une séropositivité entraîne une détérioration des paramètres de reproduction, une augmentation des frais de renouvellement du cheptel et des frais vétérinaires, ainsi qu’une restriction des exportations du bétail et des produits dérivés (Ott et al., 2003). Le point le plus important économiquement est la diminution de la production laitière. Une étude menée aux Etats-Unis en 1996 sur un millier de troupeaux laitiers a mis en évidence une diminution moyenne de production annuelle de 218 kg par vache…"

Une jeune vétérinaire thésarde pourrait-elle savoir ce que les vieilles barbes de la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt, le Groupement de Défense Sanitaire de la Réunion, la Direction Générale de l'Alimentation, l'Etat… ignoreraient ?

Le Tribunal administratif de La Réunion vient de ramener de la Raison dans le champ de décombres de l'élevage réunionnais, en annulant l'arrêté préfectoral du  25 mars 2013 qui prorogeait de façon pour le moins fumeuse, la fameuse dérogation, sous couvert de préciser "certaines mesures techniques complémentaires aux règles nationales en vigueur relatives à la campagne de prophylaxie pour l'année 2013 à La Réunion".

 

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1 Commentaires
soweto
soweto
9 ans

Les principaux vecteurs du virus de cette maladie sont les stomoxes (nigra et calcitrans) qui pullulent dans les exploitations d'élévage. L'eradication de la LBE passe par la lutte contre ces insectes.