Jeux des îles de l'océan Indien 2015

Judo : de l'or teinté de bronze pour cette deuxième journée

  • Publié le 6 août 2015 à 11:30

Le public toujours présent au dojo régional n'aura pas été déçu par cette deuxième journée de judo. La barre avait certes était placée très haut la veille avec les sept médailles d'or et la médailles d'argent rapportées par les lourds mais avec trois nouvelles médailles d'or et deux de bronze ce mardi 4 août 2015, le judo réunionnais écrit une page de l'histoire de sa discipline dans la zone. Au total 10 médailles d'or, une d'argent et deux de bronze. Les équipes clôtureront la compétition ce jeudi 6 août 2015. (photos Matthieu Severin)

Chloé Dolignon a remporté la médaille d'or des -52kg. Non pas une surprise mais une incertitude tant la catégorie était relevée. La sociétaire de Saint-Joseph avait fait preuve d'une belle ténacité et d'une pugnacité sans faille à l'entrainement ne relâchant son effort dans le travail préparatoire et dans cette catégorie de poids, les filles sont réputées pour leur explosivité et la notoriété de ses adversaires laissait ouvertes toutes les possibilités. Les batailles furent en effet rudes mais maitrisées par la jeune femme qui ne se laissa pas déstabilisée. La sudiste est montée sur le tapis rageuse et agressive et n'a jamais subi ses adversaires. Elle aura toujours gardé le contrôle de chacun de ses deux combats.

Evelyne Cendier a été la seule représentante réunionnaise à repartir sans médaille. La faute au règlement.  En effet si un judoka ne gagne aucun de ses combats, même en étant dans une poule de rois, il ne reçoit pas de médaille. Une immense déception pour la jeune femme de 18 ans qui s'est battue avec courage et honneur. Peut être impressionnée, elle n'a pas assez eu l'oeil du tigre pour reprendre à une autre expression des rings et des tatamis. Mais la jeune judokate tient à préparer sa revanche. De son côté, Sylvie Clapier (-48kg) a droit a une médaille de bronze douce-amère.  Et pour cause. Une poule de trois où chacune des judokates aura gagné et perdu un combat. Pire. Clapier aura même battu celle qui devait emporter la médaille d'or. Incompréhensible si on entre pas un peu dans le détail. La sociétaire de Salazie perd son premier combat par ippon, la marque suprême et sans discussion au judo. Cette même gagnante se fait par la suite battre, elle aussi, par ippon contre celle que Clapier devait battre par la suite, mais aux points par waza-ari, seulement si on peut le dire. Dur. Mais là encore, la journée par équipe lui offrira peut être l'opportunité de se parer de ce jaune.

Lucas Pausé du Pôle espoir de Rennes est de retour sur son île natale. Originaire de Saint-François, le dionysien n'avait pas l'intention de s'en laisser conter par qui que ce soit. Aimable et posé comme son nom semble l'annoncer. Il avait pourtant laisser entendre ses intentions : il ne voulait que l'or. Et il avait travaillé dur pendant toute la préparation pour y arriver; ne ménageant pas sa peine. Remettant sans cesse sur le métier son ouvrage : Uchi-komi, nage-komi, randori engagés, ne rechignant pas face aux entrainements de "Cherminator", co-entraineur de la sélection avec Coco Séverin. Cela n'aura pas suffit. Le déroulé du premier combat lui vaudra de passer à coté de la phase finale, laisse suppposer qu'il s'agit d'un manque d'expérience. Pourtant aux Jeux des îles, l'expérience compte. C'est un Lucas pas très à l'aise, poussé constamment en limite de tapis par son adversaire. Pausé sortira régulièrement, enchainant les shido (pénalité). Cela suffira pour le faire s'incliner, aux points. Son second combat lui rendra son naturel et son judo décomplexé. Souple et prenant des risques, il placera un sumi-gaeshi - mouvement fétiche de Matthieu Dafreville - qui le fera monter sur la troisième marche du podium.

Charles Creuillot, lui, avait la rage. Depuis les derniers jours de préparation, il est concentré;  l'oeil fixé dans le vide. Il n'y aura pas eu longtemps à attendre pour le savoir et son premier adversaire, représentant de la Grande-île, allait l'apprendre à ses dépends : Creuillot cherchait l'or des yeux. Et c'est avec un moroté de folie qu'il devait projeter son challenger au tapis comme s'il s'en servait pour creuser le tatami à la recherche du précieux métal enfoui. Ippon. Sa deuxième passe fut plus difficile. Bien que  son adversaire fut de l'île soeur, la rencontre n'eu rien de fraternel. Le public scandant le nom du Réunionnais se tût plus d'une fois, pensant fatale l'offensive de son challenger. Mais à l'ultime moment, Creuillot évitait le ippon, sur le fil. Et sur une attaque du Mauricien, le Réunionnais arrache du sol cet Antée avec un ura-nagé d'anthologie, pour le faire retomber comme un point final au combat et faire se lever le dojo régional dans un hourra à ébranler les murs.

Sur le chemin du tatami, à la sortie de la chambre d'appel, Théo Pitaval croise Charles Creuillot, son colocataire au village des jeux, victorieux. Creuillot et Pitaval s'estiment et s'apprécient. Ils s'entrainent ensemble durant les derniers jours de tapis avant la compétition. Deux style différents, mais deux compétiteurs minutieux. La nonchalance de Théo ne doit pas tromper. Il sait ce que combattre veux dire; lui qui, alors qu'il n'a pas encore 18 ans, emporte la médaille d'argent aux Jeux des Seychelles. Il y avait rencontré et depuis épousé Asara Ratiarison, membre de l'équipe malgache, titulaire en - 48kg, blessée pour cette édition. "Si la pa lor larzan, si la pa lor ni maryé pa", dit le maloya. Il se devait donc de ne plus se contenter de ce métal qu'il connaissait déjà afin d'être conforme avec l'adage. "Elle est pour toi cette médaille, c'est à toi maintenant! " lui hurle Creuillot, au visage front contre front, les yeux incandescents. Le combat ne durera que le temps de se jauger lui et son adversaire majorais sur deux ou trois tentatives de kumi-kata. A peine quinze secondes, Pitaval, qui entre un o soto otoshi avec les bras, plie son adversaire. Le dojo régional se déchaine. Les enfants du Chaudron, où il enseigne le judo au même club que Thierry Grimaud, en ont les larmes aux yeux et crient à l'unisson le nom de leur éducateur, se jettent sur lui, l'étreignent, l'embrassent. Asara, son épouse, aussi. L'image est belle, le combattant est beau, cette équipe de La Réunion de judo est belle.

Ce jeudi 6 août 2015 se déroulent les épreuves par équipe. Deux poules chez les garçons (Poule 1 : Madagascar, Maurice, Mayotte. Poule 2 : Réunion, Seychelles) et une chez les filles (Madagascar, Maurice, Réunion). Les portes du Dojo régional ouvriront à 13h30. les billets sont à récupérés sur place. Les combats seront retransmis en direct sur Réunion première TV à partir de 17h30. Ils seront visibles comme pour la deuxième journée sur la WebTV judo mise en place par l'équipe communication de la ligue, Nawar Agence Audiovisuel et Technologies Services ici.

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