Santé

Le syndicat des médecins libéraux dit non à la loi Touraine

  • Publié le 27 août 2015 à 10:00

Arrivé ce dimanche 23 août 2015 à la Réunion, le docteur Eric Henry, en tant que président du syndicat des médecins libéraux (SML), est allé à la rencontre des professionnels de santé de l'île. Son objectif : sensibiliser les Réunionnais aux conséquences de la future loi de santé Marisol Tourraine, laquelle rendra notamment obligatoire le tiers-payant et mettra fin au secret médical. Ce mercredi 26 août 2015, il a présenté à la presse les différents axes de combat du syndicat, en compagnie du président local, le docteur Humbert Gojon.

"Cette loi va entrainer une régression du système de santé français" estime le docteur Eric Henry. Le président du Sml refuse la loi Marisol Touraine, votée en avril 2015 par l’Assemblée Nationale. A La Réunion depuis ce dimanche, il a pu, pour la première fois aller à la rencontre des médecins libéraux afin de prendre la température sur la situation du tiers-payant dans l’île où la pratique est particulièrement répandue. La loi de santé réfutée par le syndicat voudrait le généraliser et rendre son application obligatoire. Le docteur Eric Henry s’insurge : "Cela va mettre à mal la relation entre médecin et patient ainsi que la qualité du soin à La Réunion, on va demander aux gens de moins consulter ici". Il pointe du doigt les différents risques de cette application tels que la perte de liberté du médecin, les injonctions de la sécurité sociale demandant à "moins prescrire".

Un système de santé menacé de se transformer en "système de supermarchés" selon le président du SML. Selon lui, le "trou de la sécurité sociale" n’est qu’une "invention d’un technocrate qui a dit que la santé, c’était trop cher". Il affirme : "Je suis né avec ce trou de la sécu et je pense que je mourrais avec, je pense surtout que le milieu politique a peur de ne pas trouver l’argent pour soigner sa population vieillissante". A ses côtés, le docteur Humbert Gojon, président du Sml de La Réunion, compte "décliner ce combat national". Il ajoute : "Actuellement, il y a une véritable crise sur la santé et on n’est plus dans le cadre d’une spécificité quand le problème potentiel est la disparition de notre exercice".

"Un processus qui offre le marché de la santé aux investisseurs américains"

Le professionnel militant dénonce également les autres dangers de cette nouvelle loi de santé : augmentation des cotisations sociales face au "tout gratuit", un médecin traitant imposé par l’état, un traitement non plus choisi par le médecin mais par la mutuelle ainsi que "l’open datata". L’article 47 rendra effectivement public le dossier de santé du patient. "C’est la fin du secret médical, nous n’avons pas le droit de trahir la confiance des patients et notre code de déontologie" déplore le docteur Eric Henry. Il estime aussi que le projet d’étendre les maisons de santé pluridisciplinaires entrainera "la faillite des médecins traitants" et juge même qu’un tel processus "offre le marché de la santé aux investisseurs américains".

Le syndicat prévoit de commencer sa nouvelle action à La Réunion, avec une campagne de selfies. Le principe est simple : les patients sont invités à se prendre en photo avec leurs médecins traitants avec une pancarte clamant "Je suis citoyen français et je suis contre cette loi de santé". Les photos seront ensuite postées sur leur page Facebook. Parmi les manifestations prévues, une marche de trois jours à Château-Chinon ainsi que la mise en place de cafés citoyens de la santé. Le Sml compte aussi interpeller les candidats aux régionales sur leur position vis à vis de l’abrogation de cette loi. "Nous sommes des otages dans cette affaire, c’est incroyable qu’un gouvernement socialiste accepte ça, c’est un vrai virage étatique qui éjecte les libéraux du système français" regrette le docteur Eric Henry. Il repart ce soir pour la Métropole, "encore plus armé" et persuadé que "le couple médecin et patient doit rester au coeur de la santé".

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