Union des femmes réunionnaises

Un beau coup de peinture sur les injures

  • Publié le 21 février 2016 à 10:52

Des injures à l'encontre d'Huguette Bello ont été taguées dans les rue de Saint-Gilles les Bains pendant la campagne des élections régionales en décembre dernier. l'Union des femmes réunionnaises (UFR), a donc fait recouvrir ses insultes par un artiste graffeur. Selon Evelyne Corbière, secrétaire générale adjointe de l'association, la municipalité de Saint-Paul n'a pas fait enlever les tags à la suite de la demande de l'UFR. Nous publions ci-après l'intégralité du communiqué de l'Union des femmes réunionnaises.

"Quand on parle de violences faites aux femmes, on pense systématiquement aux violences conjugales qui sont la face la plus terrible et la plus brutale des inégalités dont les femmes sont victimes dans notre société.

Et en effet, la presse relaie abondamment les assassinats de femmes dans la rubrique des faits divers. Le meurtre d'une femme par un conjoint ou un ex-conjoint fait les gros titres à la une de l'actualité. En revanche, les actions de prévention et les communiqués dénonçant et alertant les dérives qui nourrissent ces violences ne trouvent qu'un bien faible écho dans la presse. Nous le regrettons car cette mitigation est bien le signe que les violences à l'encontre des femmes sont banalisées.

Chaque jour, nous avons des exemples de violences. Le 29 décembre 2015, l'UFR a dénoncé ces inscriptions. Nous avions clairement demandé l'enlèvement de ces insultes publiques. Ces inscriptions sont apparues pendant la campagne électorale des dernières élections régionales. Elles démontrent encore une fois combien il est difficile pour une femme d'entrer en politique et de persévérer.

Ces insultes n'ont été effacées que cette semaine, après plus de deux mois. Durant tout ce temps, combien de personnes sont passées par cette route? Combien d'enfants ont déchiffré ces mots, et cherché le sens de ces drôles de dessins? C'est une honte, une véritable pollution visuelle, une agression pour tous ! C'est pourquoi à l'UFR nous tenons à réagir de nouveau sur ce problème.

Nous venons exprimer notre indignation face à cette violence qui s'étale et s'installe sous le regard de tous: adultes et enfants, hommes et femmes. Nous dénonçons de telles insultes. Notre démarche d'aujourd'hui est de créer du beau à la place des injures. Nous renouvelons notre engagement en faveur d'un environnement qui invite à la tolérance et à la bienveillance.

Ces inscriptions constituent des violences silencieuses. Elles s'affichent sur les murs pour réduire et rabaisser les femmes. Ce sont des attaques psychologiques qui visent à dissuader toute femme d'une quelconque ambition politique ou professionnelle. Elles visent à créer un malaise afin d'écarter les femmes de l'espace public. C'est une méthode salle et honteuse qui procède de la calomnie. Ces pratiques machistes sont diffamatoires. Elles portent atteinte à l'honneur et à la considération d'une personne. Elles sont le fait de délinquants. Elles doivent cesser.

L'UFR appelle tous les acteurs de la vie publique, politique, éducative et économique à la vigilance pour que notre environnement cesse d'être le terrain de l'expression de ces violences contre les femmes. Ces insultes silencieuses et insidieuses sont dangereuses car elles soutiennent l'idée que la femme serait inférieure et qu'elle n'aurait pas sa place dans l'espace publique. Elles bafouent le principe d'égalité et ruinent notre vivre ensemble. Nous encourageons toutes les femmes qui en sont victimes ou témoins à dénoncer ces délits."

Evelyne Corbière, secrétaire générale adjointe de l'UFR.

guest
0 Commentaires