Assemblée nationale

Huguette Bello interpelle Ségolène Royal sur le retard du projet de climatisation par eau de mer

  • Publié le 24 mars 2016 à 12:32

A l'Assemblée nationale, dans le cadre de la séance des questions au Gouvernement, la députée Huguette Bello a interpellé mardi 22 mars la ministre de l'environnement, Ségolène Royal, sur le retard du projet de climatisation par eau de mer à La Réunion. Elle s'interroge sur les explications invoquées par la filiale d'Engie (ex GDF-Suez) pour reporter le démarrage des travaux. "J'ai demandé à Engie des explications sur les déclarations concernant son retrait", a répondu la ministre. Nous publions ci-après la question de Huguette Bello et la réponse de Ségolène Royal.

Question de Huguette Bello, députée

Ma question s’adresse à Mme la Ministre de l’environnement.

Atteindre l’autonomie énergétique d’ici 2030 : tel est l’objectif que le Grenelle de l’Environnement a fixé aux Régions d’Outre-mer. Voté en 2009, cet objectif ambitieux a été approuvé et jugé réalisable par tous. Mais aujourd’hui des inquiétudes apparaissent et le doute domine.

Il est vrai que les obstacles s’accumulent qui ralentissent voire bloquent les projets, singulièrement dans les filières du solaire photovoltaïque et de l’éolien.

Le moratoire de 2010, le seuil des 30% d’énergies intermittentes dans le réseau électrique ou encore le coût des infrastructures de raccordement entravent le développement de ces nouvelles sources d’énergie.

A cela s’ajoutent les incertitudes qui sont apparues récemment à la Réunion sur le projet de climatisation par eau de mer puisée en profondeur et communément appelé SWAC. Ce projet ambitieux et sans équivalent dans le monde est destiné à la climatisation des grands bâtiments tertiaires du Nord de l’île. Il peut produire 40 mégawatts et doit permettre d’économiser 70% d’électricité par rapport au système classique.

Les études sont réalisées, les financements publics sont acquis mais le démarrage des travaux vient d’être reporté à la demande de la filiale d’Engie (ex GDF-Suez) à laquelle la mise en œuvre du projet a été déléguée.

Plusieurs raisons sont avancées pour justifier ce report dont la chute du prix du baril de pétrole qui remettrait en cause la rentabilité de ce projet. Trois mois après le succès de la Conférence de Paris et alors que votre récent déplacement en Afrique a été consacré aux énergies renouvelables, pouvez-vous nous assurer, Madame la Présidente de la COP 21, que le bouquet énergétique réunionnais dont on se plait à souligner la richesse et la variété pourra lui aussi tenir toutes ses promesses?

Mme Ségolène Royal, ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat.

Madame la députée, vous avez raison de souligner la place éminente des outre-mer dans la transition énergétique. D’ailleurs la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, que j’ai eu l’honneur de faire voter par le Parlement, reconnaît cette place éminente puisque tous les potentiels y sont présents : l’éolien, le solaire, la biomasse, la géothermie et l’énergie marine.

La Réunion a réalisé un travail considérable puisque la programmation pluriannuelle de l’énergie, qui a été adoptée, a été cautionnée par l’Autorité environnementale. La montée en puissance des énergies renouvelables s’accélère donc.

Vous évoquez plus particulièrement le magnifique projet de refroidissement par l’intermédiaire de l’eau marine. Il se trouve que pas plus tard que ce matin, j’ai visité, à Marseille, un projet identique de production de froid à partir de l’eau de la mer Méditerranée. Je m’associe donc à votre étonnement, madame la députée.

J’ai demandé à Engie des explications sur les déclarations concernant son retrait.

À l’heure où je vous parle, je n’ai pas reçu d’explication claire. J’ai donc l’intention de mettre cette entreprise devant ses responsabilités. Si elle s’y refuse, nous accorderons le marché à une autre entreprise qui, elle, aura la capacité de réaliser ce projet qui constitue une grande première mondiale dans les outre-mer et sera très observé par l’ensemble des États insulaires qui, durant la COP21, se sont inquiétés du transfert de technologie nécessaire pour leur permettre d’accéder à l’autonomie énergétique.

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1 Commentaires
Jeff
Jeff
8 ans

La réponse est pourtant évidente: Victorin Lurel a voulu que l'expérimentation du projet de la DCN de pompe à chaleur maritime soit faite en Guadeloupe et pas ailleurs donc les subventions sont allés là-bas.