Air France

La grève se profile pour le grand chassé-croisé de l'été

  • Publié le 23 juillet 2016 à 07:33

La grève des personnels navigants (PNC) d'Air France se profile en plein chassé-croisé juillet/août malgré des discussions marathon entre la direction et les deux syndicats d'hôtesses et stewards qui appellent à la grève du 27 juillet au 2 août et ont reçu le soutien de syndicats de pilotes, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.

Le SNPNC-FO et l'Unsa-PNC (46% des voix à eux deux), en désaccord sur le texte du nouvel accord d'entreprise négocié depuis mi-avril, maintiennent leur préavis de grève, déposé début juin, "la direction ne proposant que des mesurettes et continuant à s'arc-bouter sur la durée de l'accord", selon Sophie Gorins du SNPNC-FO.

Près de "sept heures" de discussions jeudi "avec le DRH de la compagnie, Gilles Gateau, et le PDG d'Air France, Frédéric Gagey, n'ont pas permis de faire avancer les choses", a précisé à l'AFP cette responsable.

L'accord actuel, fixant les règles de travail, de rémunération et d'avancement, arrive à échéance fin octobre. Pour éviter une grève en plein été, Air France a proposé une reconduction quasi à l'identique de cet accord, mais pour une durée de 17 mois, jugée insuffisante par les syndicats qui réclamaient un nouvel accord d'une durée de trois à cinq ans.

Selon Sophie Gorins, la direction devait remettre vendredi aux syndicats "un nouveau protocole d'accord" qui s'est soldé par "une simple lettre d'intention faite de mesurettes, sans aucune annonce concrète ni garanties". Vendredi était aussi théoriquement la "date butoir" pour la mise à signature du projet d'accord. "La pesée n'y est absolument pas, sur aucune de nos revendications. On navigue à vue sans aucun plan stratégique", a-t-elle conclu tandis que Marc Lamure, de l'Unsa, a dénoncé "un manque de volonté total à négocier" de la part de la nouvelle direction "qui n'a pas compris l'enjeu".

Les deux syndicats d'hôtesses et de stewards ont reçu vendredi le soutien de trois syndicats de pilotes d'Air France, le SNPL, le SPAF et Alter, qui dénoncent dans un tract transmis à l'AFP "les méthodes" de la direction qui sont restées "les mêmes" et provoquent "la même réponse".

Dans une conférence téléphonique avec la presse, le PDG d'Air France, Frédéric Gagey a déploré le déclenchement d'un "conflit", "de cette ampleur", "à une date aussi inappropriée", estimant avoir fourni des "réponses satisfaisantes" aux "demandes fortes" des syndicats.
Il a qualifié de choix "un peu agressif" la position des syndicats car "il n'y avait pas d'urgence à finaliser les négociations, l'accord actuel restant en vigueur jusqu'à fin octobre".

Air France se prépare à "limiter au maximum l'impact de cette grève", a-t-il ajouté. Fin juin, quelques jours avant son arrivée officielle, le nouveau PDG du groupe Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, avait obtenu la levée du préavis de grève des pilotes en plein Euro de football, le temps pour lui de bâtir un nouveau "projet stratégique" tourné vers la croissance. Il avait accepté en contrepartie de cette trêve sociale de suspendre l'application de certaines mesures salariales, entrées en vigueur au 1er juin malgré l'opposition des syndicats.

Le secrétaire d'État aux Transports, Alain Vidalies, doit le rencontrer lundi après-midi, selon son agenda, un "rendez-vous programmé de longue date", selon M. Gagey.

La dernière grève des hôtesses et stewards d'Air France, du 28 octobre au 2 novembre 2011 pour protester contre des réductions d'effectifs, avait été suivie par 45 à 65% des effectifs, selon les syndicats. Elle n'avait pas provoqué de perturbations majeures du trafic, Air France assurant avoir pu maintenir entre "80 et 90%" de ses vols quotidiens.

- © 2016 AFP

guest
0 Commentaires