Son roman "L'Oragé" s'inspire de la Grande Île

Douna Loup, lauréate du prix Métis : "Je suis devenue malgache par ma descendance"

  • Publié le 7 décembre 2016 à 09:30

Elle parle de Madagascar avec des étoiles dans les yeux. Son livre est un hommage à deux figures de la littérature malgache. La Grande Île, c'est une belle source d'inspiration pour Douna Loup, lauréate du prix Métis pour son roman "L'Oragé". Avec deux filles métissées, elle estime même être "devenue malgache par sa descendance". Ce prix littéraire international de la ville de Saint-Denis récompense les romans francophones véhiculant les valeurs de métissage, diversité et humanisme. Son oeuvre rend hommage à la langue malgache via la poésie.

Le jury l'a qualifié de "sublime roman-poésie". Hommage au poète Rabarivelo, "L'Oragé" raconte son enfance, sa jeunesse et sa vie littéraire. Entre écriture délicate et témoignages vivants, le roman emporte son lecteur dans le tourbillon de la réalité malgache. Son auteur, Douna Loup, entretient un rapport particulier avec la Grande Île. À ses 18 ans, elle s'y envole en tant que bénévole. Elle y passe six mois. "Une rencontre marquante" souffle la jeune trentenaire aux yeux clairs. Mariée à un Malgache, elle y retourne en 2007 puis en 2012. Avec l'idée de travailler sur un projet autour du poète Jean-Joseph Rabearivelo. S'il s'agissait d'un "poète reconnu et très connu de son vivant", il n'a été publié que récemment.

 

 

"J'avais envie d'écrire un livre qui se situerait dans la période coloniale à Madagascar où la rencontre de cultures entraîne à la fois enrichissement et oppression" décrit la romancière originaire de Suisse. Une période marquée par "bien des ambiguïtés" et où la langue joue tout un rôle symbolique. Et un sujet que le poète "muse" de Douna Loup aborde : "Il me permettait de voir des ambivalences de cette période et de me questionner sur la langue, qui est dans tous les moments de rencontre entre cultures et dominations" illustre t-elle.

- "Le soleil, c'est l'oeil du jour" -

Avec deux filles "à moitie malgaches", Douna Loup estime être "devenue malgache" par sa descendance. "Ça avait du sens de transmettre une part de cette histoire à mes filles, même si elles sont encore trop petites pour le lire" affirme la lauréate. Au delà de Rabearivelo, "L'Oragé" s'inspire aussi d'Esther Razanadrasoa, dite Anja-Z. Le premier a traduit la seconde qui s'interdisait d'écrire en français. Une figure féminine dont Douna Loup s'est emparée pour laisser vagabonder son imagination.

Ce n'est qu'après deux ans de recherches, de lectures et de rencontres que l'étape de l'écriture est arrivée. Survient alors un jeu avec les codes, la forme littéraire et la poésie. "J'avais envie de rendre hommage à cette langue qu'on connaît peu et qui emploie des images pour parler des choses" s'émerveille la jeune femme, en enchaînant avec un bel exemple, "le soleil, c'est l'oeil du jour".

Après avoir reçu son prix ce mardi, la romancière entame une tournée de dédicaces en librairies et des rencontres en bibliothèque à Saint-Denis. Une récompense qui lui procure une "joie". Joie de pouvoir transmetter des "valeurs de l'humanisme" qui lui tiennent à coeur. Et dans le contexte actuel où "le livre a une vie qui est assez courte", un tel prix "vient prolonger sa vie et ouvrir d'autres sentiers". D'autant plus qu'elle le reçoit à La Réunion, où les malgaches font figure d'ancêtres. À noter aussi que "cette année, quatre bibliothèques se sont impliquées dans le grand prix du roman métis : le Chaudron, la Montagne, le Bas de la Rivière et la Bretagne. Le réseau de lecture publique, séduit par l'expérience, compte réitérer ce comité d electeurs l'an prochain. "Il y a cet héritage et c'est intéressant pour les Réunionnais de se repencher là-dessus et de voir de quelle manière ça peut être interrogé" imagine la lauréate. Un dialogue entre deux îles, mâtiné d'histoire et de liberté.

www.ipreunion.com

Résumé de "L'Oragé" par l'éditeur : "Rabe marche en poète. Il sait ce qu’il devient. Il devient une langue. Il marche dans la nuit, il pense à la gloire, il aspire à la gloire. Je deviendrai quelqu’un dont on se souviendra. Je dois écrire encore mais maintenant je sais. Et il s’éloigne sur le sentier poussière. Un jour il faudra traduire cette nuit. Pour l’instant il faut la vivre. La manger et la traverser. Rabearivelo avance dans le soir, il est cette langue vivante qui traverse la nuit.

Antananarivo, 1920. Rabe, orphelin d’une famille princière déchue, gagne de petites sommes en travaillant la dentelle. Il est feuilletoniste à l’occasion. A presque vingt ans, il rencontre Esther, poétesse de dix ans son aînée. Ils forment alors un pacte : veiller sur l’œuvre de l’autre."

 

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3 Commentaires
Métis
Métis
7 ans

Aux deux précédents commentaires : ne pas comprendre que ce métissage est à l'origine de notre peuplement est purement du négationnisme !
Rien de bobos ici, pas de tourisme sexuel ici. Juste un rappel qu'on se trouve ici dans l'océan Indien où des Gaulois, très souvent des bagnards, des fils cadets sans avenir, des femmes putains des bordels et autres désespérés du vieux continents se sont embarqués et puis se sont mêlés à des Indo-malgaches. Il ne faut pas trop se blanchir et croire que son histoire gauloise est la plus belle, définitive, figée car ici, nous avons aussi écrit la nôtre et sans la romancer.
Après si ça vous déplaît tant de vivre parmi ses filles et fils issus de ce métissage (voulu, trop souvent forcé), il existe aujourd'hui suffisamment d'aéroports et de ports pour quitter cette île !
Ici, c'est chez moi ! Ici, c'est la France de l'Outre-Mer !
Bon sang, le monde dans lequel vous vivez semble si triste, si cloisonné ! Baisez, vivez, souriez ! Foin de toute cette aigre bile que sans cesse vous déversez ! Vivez, souriez, baisez ... ou partez !
Ici, c'est chez nous. Ici, c'est la Réunion, un bout de France de l'Outre-Mer !

Jean
Jean
7 ans

Le nombre de Réunionnais qui ont une descendance Malgache ne s'en vente pas, le tourisme sexuel, vous connaissez?
Il n'y a que ce genre de Bisounours pour être fier de si peu!

Jose
Jose
7 ans

C'est drôle ça, toujours regarder vers le coté le plus misérable, être fière d'ancêtres qui ont souffert, et dont la descendance souffre encore, c'est ça le crédo de ces Bobos.
Qui va écrire "fier de sa descendance Gauloise", non, ça c'est un sujet tabou, et très mal perçu!