[AUDIO] Le sujet tabou du deuxième débat avant le 1er tour de la primaire de la gauche

Légalisation du cannabis : un écran de fumée pour les candidats

  • Publié le 20 janvier 2017 à 09:33

A J-2 du premier tour de la primaire de la gauche, les arguments s'animent autour des grandes causes présidentielles. Pourtant, lors du second débat télévisé où les sept candidats ont défendu leur programme, la question de la légalisation du cannabis en France a grignoté plusieurs longues minutes du temps d'antenne. Si les prétendants à l'Elysée ont chacun un point de vue différent sur la question, tous, y compris les élus de la gauche locale, s'accordent à dire qu'une table ronde est nécessaire sur le sujet.

Dans le monde, quelques pays ont tenté l'expérience de la légalisation du cannabis. Les Etats-Unis comptent plusieurs états ayant accordé le droit de la consommation et de la détention de cannabis, ce qui permet également son usage médical. En Russie aussi, sa consommation est tolérée. Plusieurs autres nations comme le Royaume-Uni a dépénalisé l'usage de la marijuana.

S'il est trop tôt pour dresser le bilan de la non-répression, en France, le sujet fait débat à gauche, à deux jours du premier tour de la primaire. Lors d'une récente joute entre les sept candidats à l'investiture du Parti socialiste pour la présidentielle - Benoît Hamon, Manuel Valls, François de Rugy, Jean-Luc Bennahmias, Vincent Peillon, Sylvia Pinel et Arnaud Montebourg - le débat s'est orienté sur la question de la légalisation du cannabis au niveau national et de ses possibles conséquences.

Vincent Peillon s'engage à ouvrir "sérieusement ce débat qui mérite une grande conférence nationale", tandis que l'ex-Premier ministre Manuel Valls est fermement opposé à ce qu'il qualifie d'une image emprunte de "laxisme envoyée aux jeunes". De son côté, "dénonçant "40 ans d'hypocrisie", Jean-Luc Bennahmias propose "légalisation contrôlée" tandis que François de Rugy voudrait "une expérimentation".

Mais à 48 heures du scrutin, les soutiens venus de toute la France, dont les élus PS de La Réunion, estiment que la question de la légalisation du cannabis n'est pas "un sujet pour l'élection présidentielle". "Il y a plus important" note par exemple Philippe Le Constant, premier secrétaire de la fédération socialiste de La Réunion, qui soutient par ailleurs Manuel Valls. " Je pense que les Français ne sont pas prêts à accepter une telle mesure"

Gilbert Annette, maire de Saint-Denis ne veut pas non plus entrer dans le débat et estime "qu'il n'est ni pour, ni contre". L'élu PS comprend à la fois la nécessité de casser le marché noir et craint que la consommation de cannabis entraîne celle vers les drogues dures.

Enfin, pour Patrick Lebreton, député-maire de Saint-Joseph, et soutien d'Arnaud Montebourg dans le cadre de la primaire, la légalisation du cannabis pose un problème.

Invité de radio FreeDom ce jeudi 19 janvier, il estime que "les responsables politiques doivent penser qu'ils sont aussi des parents." "Quand, ajoute t-il, dans le domaine des addictions, sur l'alcool et le tabac, nous n'avons pas réussi à nous en sortir, comment s'en sortir demain avec la légalisation du zamal ?" questionne t-il. "Ce n'est pas un sujet qui doit être posé dans l'élection présidentielle. Cela doit être un engagement des candidats, de faire une conférence pour des propositions claires sur le sujet, qui donneront lieu, pourquoi pas, à une grande loi sur laquelle la nation devra à ce moment là se prononcer" a-t-il conclu, au micro de Charles Luylier.

Si, au sein des élus, le débat est à l'image de celui mené par les candidats à la primaire, dans la rue, les avis sont plus tranchés. Tout d'abord, la consommation de cannabis à usage thérapeutique est l'un des arguments avancés par les personnes favorables à une légalisation.

Selon un passant, la légalisation du cannabis aiderait à réduire le chômage, en créant des emplois. Pour rappel, l'ancien maire de Sainte-Rose, Bruno Manindy-Pajany, s'était dit prêt à consacrer des parcelles de terre à la culture du cannabis sur sa commune, pour y créer de l'emploi.

Sur le plan médicinal, le cannabis est légal dans plusieurs états d'Europe. En France, la vente du médicament Sativex à base de cannabis et servant à réduire les douleurs liées à la sclérose en plaques est autorisé depuis 2014. Pour des raisons de prix, il n'est toujours pas commercialisé.

A noter que la consommation de cannabis, même si près d’un jeune réunionnais sur 10 en fume de manière régulière et que la substance est relativement accessible sur l'île selon plusieurs études, la consommation, la détention, la production et la vente restent totalement prohibées à La Réunion comme en France métropolitaine.

jm/www.ipreunion.com

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