2ème tour des législatives (actualisé)

La Réunion ne rime pas avec Macron

  • Publié le 19 juin 2017 à 09:25

Quatre femmes portées à l'Assemblée nationale pour sept sièges de députés, mais surtout aucun élu sous les couleurs de La République en Marche : La Réunion ne va guère contribuer à la majorité présidentielle. Les Républicains remontent la pente après la déconfiture de 2012 alors que la gauche locale conserve trois sièges, notamment grâce à Jean-Hugues Ratenon, vainqueur surprise dans l'Est.

 

Ericka Bareigts (socialiste), Huguette Bello (PLR, DVG), Nathalie Bassire (LR), Lorion (LR), Jean-Hugues Ratenon (Rezistans, DVG), Nadia Ramassamy (LR), Thierry Robert (LPA, centriste) sont les vainqueurs du deuxième tour des élections législatives à La Réunion.

Aucun candidat investi par La République en Marche n’ira contribuer à la majorité présidentielle, témoignant de l’absence d’" effet Macron " dans l’île. Le ralliement de Monique Orphé au mouvement présidentiel ne lui a pas suffi, pas davantage que son avance apparente au terme du premier tour dans la 6ème circonscription (nord-est). L’élue PS de 2012 n’a pu résister à Nadia Ramassamy, soutenue par la plate-forme " de la droite et du centre " et qui a de toute évidence bénéficié de nombreux reports de voix communistes, notamment à Sainte-Suzanne. La vice-présidente LR de la Région a finalement triomphé avec 52,6% des voix.

Sans surprise, Ericka Bareigts a conservé son siège dans la première circonscription dionysienne, avec 65,8% des voix, face à l’avocat LR Jean-Jacques Morel. L’ex-ministre des Outre-mer avait à son service la machine électorale socialiste du PS à Saint-Denis et lui a fait honneur, sans pour autant afficher la rose au poing pendant sa campagne. Reste maintenant à savoir de quel côté de la frontière entre majorité et opposition elle siègera dans l’hémicycle.

Autre réélue sans peine, Huguette Bello capitalise sur une popularité qui lui a seulement fait défaut lors des dernières municipales. Son score (73,6%) face au vice-président du Conseil départemental Cyril Melchior prend des allures de triomphe, d’autant qu’il est largement alimenté par les électeurs de Saint-Paul, dont le maire LR Joseph Sinimalé a des motifs de s’inquiéter pour son avenir. L’ancienne élue communiste ne devrait pas davantage donner son quitus aux choix libéraux du gouvernement macronien.

- La surprise Ratenon -

Dans le 7ème circonscription (sud-ouest de l’île), Thierry Robert conserve également son siège avec facilité (60,7%) face à son adversaire LR. Même s’il a été éconduit au dernier moment de la liste des candidats investis par La République en Marche, le maire de Saint-Leu a confirmé ce dimanche soir qu’il sera " dans la majorité présidentielle ", non sans exprimer quelques aigreurs envers l’appareil LREM.

Dans le Sud, la coalition droite-centre poussée par les deux " têtes " de la Région et du Département, Didier Robert et Nassimah Dindar, enregistre une double satisfaction. Celle de battre, dans la 3ème circonscription, le candidat de la mairie du Tampon Jacquet Hoarau, 1er adjoint d’André Thien-Ah-Koon, et dans la 4ème la socialiste saint-pierroise Virginie Gobalou. Nathalie Bassire (56,4% des voix) devient députée de la 3ème , David Lorion (54,3%) celui de la 4ème.

La principale surprise vient finalement de l’Est, où Daniel Gonthier pouvait espérer la victoire face à son adversaire Jean-Hugues Ratenon. Le maire LR de Bras-Panon, doit déchanter : Ratenon, l’homme de tous les combats sociaux, qui avait apporté son soutien à Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et reçu le soutien de la représentation locale de La France Insoumise il y a quelques jours, devient député avec 52,8% des voix. Alors que les électeurs réunionnais ont globalement fait confiance à des élus installés, l’élection de Jean-Hugues Ratenon constitue le premier cas local de " dégagisme " en faveur d’un candidat anti-système. Encore un député réunionnais qui n’abondera pas la majorité présidentielle…

Mais l’abstention (59,7%) reste victorieuse de ce deuxième tour. Même si elle recule par rapport à dimanche dernier, le silence de l’électorat relativise le succès des uns et des autres et autorise à s’interroger sur la capacité du futur gouvernement à faire accepter ses réformes, dans l’île comme ailleurs en France.

www.ipreunion.com

 

guest
0 Commentaires