Une manifestation contre la baisse des contrats aidés (actualisé)

Les emplois verts vont nettoyer les jardins de la préfecture

  • Publié le 29 août 2017 à 09:19

Les associations de la plateforme des emplois verts restent dans le flou concernant le quota de contrats aidés prévu d'ici la fin 2017. Ses membres exigent toujours l'attribution de 11 500 emplois pour terminer l'année. Ils vont manifester le jeudi 14 septembre 2017 dans les jardins situés devant la préfecture à Saint-Denis. Objectif : prouver l'efficacité du dispositif. (Photo d'archives de la manifestation d'août 2012)

 

Certains promettent déjà une mobilisation plus dure qu'en 2012 lors des derniers grands rassemblements. C'est le cas de Gérard Agathe, membre de la plateforme. Il se souvient très bien des multiples mouvements. Entre les blocages ou les barrages observés il y a cinq ans. La tension gagne en effet les troupes. La faute à l'absence d’annonce sur un éventuel quota.

"La situation est pire qu’en 2012. Il y aura une plus grosse manifestation. On sent la tristesse dans les yeux des dirigeants. La colère est en train de se réveiller. Les ministres ne voient pas l’urgence. Ils ne voient pas que les emplois verts contribuent au nettoyage des sites touristiques", alerte-t-il.  Lui et une vingtaine d’autres représentants d’associations participaient ce lundi 28 août 2017 à une réunion. Quatre d’entre elles ne travaillent plus en raison d'un manque de moyens humains.

Tous dressaient un état des lieux de la situation afin de décider de leur stratégie. Brigitte Naze assistait à ce rendez-vous. La présidente de la plateforme regroupant 71 structures s’inquiète. Cela représente près de 2 000 employés et encadrants. Elle insiste sur le rôle joué par ces travailleurs et prévoit une initiative originale afin de le démontrer. L’action se déroulera le 14 septembre.

"Le flou persiste. Nous ferons une mobilisation avec les dirigeants et les salariés devant la préfecture. Un pique-nique géant pour nettoyer les jardins, sales, de la préfecture. Nous viendrons avec les débroussailleuses pour montrer que l’on sait travailler", assure la responsable. Avant cette échéance, elle tentera de mobiliser ses autres collègues de l’île. Plusieurs d'entre eux traversent une période d'incertitude.

- "Il y a eu des dérives" -

"Nous sommes inquiets car nous n’avons aucune réponse claire de l’État et de la Région. Nous ferons un courrier au conseil régional afin de savoir quels sont les 26 chantiers financés par la collectivité. Cette décision votée en commission permanente concerne 348 CAE-CUI et une quarantaine de postes d’encadrants. Mais nous ignorons quelles associations vont en bénéficier. Nous aimerions bien le savoir", ajoute Brigitte Naze. Elle espère l’obtention de 11 500 contrats avant la fin 2017. Et un maintien de ce quota en 2018 soit un nombre de 22 000 emplois.

Les déclarations de la ministre du Travail, Murielle Pénicaud, sur l’inefficacité du dispositif ne passent toujours pas. "Les ministres ne voient pas qu’il y a des situations humaines derrière. Il y a eu des dérives. Peut-être que les contrats aidés ont pu servir pendant les élections mais attention aux amalgames. Si ces contrats n’existaient pas, des personnes auraient été exclues du monde du travail. Elles sont utiles car elles nettoient les sites et luttent contre la lutte anti-vectorielle. Grâce à elles, il y a moins de dengue et de chikungunya", lance Madame Naze.

Une autre professionnelle gère aussi des chantiers d’insertion dans l’Est. Voulant rester anonyme, elle témoigne de ses difficultés "J’ai prévenu les salariés qu’il n’y aurait peut-être pas de renouvellement de contrat car il y a ce problème de contrats aidés. Ils m’ont dit qu’il fallait se battre car c’est leur travail. Sinon, nous mettons la clé sous la porte", réplique celle-ci. Même état d’esprit du côté de Laurel Bénard. Il supervise une centaine de salariés à Sainte-Marie. Le Nordiste affiche ses craintes face à la situation. Notamment à cause de l’absence de chiffrage.

- "Un minimum pour survivre" -

"Le premier ministre disait vouloir donner la priorité à l’Outre-mer mais est-ce que la priorité n’a pas déjà été donnée au secteur scolaire. On se questionne. L’issue de cette situation paraît incertaine. Les emplois verts feront-ils partie de cette priorité", se demande-t-il. Ses chantiers se termineront en octobre et novembre. Le problème des fins de contrats se posera entre la fin du dernier trimestre 2017 et le début d’année prochaine. Il envisage une diversification imposée.

"Si le problème n’est pas réglé, ce sera une centaine de familles lésée, des sites abandonnés, de la perte d’activité pour l’économie locale. On va remettre de l’exclusion sociale. Ce dispositif concerne des travailleurs pauvres. 700 à 800 euros, c’est un minimum pour survivre", précise-t-il. Monsieur Bénard désire prouver la solidarité du secteur avec la mobilisation du 14 septembre. L'une des dernières cartes à jouer selon lui. Il s’insurge contre les déclarations de Murielle Pénicaud et la visite de Jean-Michel Blanquer, en charge du portefeuille de l'Éducation nationale.

"Qu’a t-il apporté à La Réunion ? À part nous dire qu’il faut faire la rentrée en musique et que les contrats aidés ne servaient à rien", tacle-t-il. Comme en football, les salariés concernés par ce combat risquent probablement de distribuer de nouveaux tacles. À la fois contre le gouvernement d’Édouard Philippe et contre le représentant de l'État dans l’île : le préfet, Amaury de Saint-Quentin.

Après le mouvement des planteurs, rassemblés sous ses fenêtres, ce dernier risque prochainement d’entendre de nouveau les bruits des moteurs. Pas ceux des tracteurs mais ceux des débroussailleuses. Pour rappel, durant la visite de Monsieur Blanquer, la plateforme manifestait déjà à son arrivée à l’aéroport Roland-Garros. Un peu plus tard, un de ses conseillers recevait ses représentants.

Publié ce mardi 29 août 2017 à 3 heures/ts/www.ipreunion.com

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