Un décompte morbide sans fin (actualisé)

Corine, Jessie, Arlette... Ces Réunionnaises battues à mort par leurs conjoints

  • Publié le 31 octobre 2017 à 11:18

Depuis le début de l'année 2017, elles sont cinq Réunionnaises à avoir succombé aux violences de leurs conjoints. Dernière victime en date : Corine Gobalraja, battue à mort avec les enceintes d'un home-cinéma. Un déferlement de violence qui vient alourdir le décompte morbide de ces femmes tuées par celui qui partage ou partageait leur vie. Le mari de Corine, mis en examen pour meurtre, dort aujourd'hui en prison. En parallèle, aucune solution ne semble être suffisamment viable pour stopper ces dramatiques événements. Sensibilisation, numéro vert, libération de la parole sur les réseaux sociaux ? Rien qui n'entrave la sauvagerie soudaine, inattendue et meurtrière.

Elle s’appelait Corine. Elle s’appelait Jessie. Elle s’appelait Arlette. Des prénoms, des visages, des sourires. Des éclats de vie brutalement arrachés. Par celui en qui elles auraient pourtant dû avoir confiance : leur conjoint. Depuis le début de l’année 2017, cinq Réunionnaises ont été tuées sous les coups et violences de leur mari, ex, compagnon. Un décompte morbide qui semble ne jamais pouvoir s’arrêter. Une machine intangible aux accents de désespoir et de solutions avortées. Car, en matière de solutions, personne ne possède la clé ou la formule miracle qui résoudrait cette problématique sociétale.

Dernière victime en date de ce triste compteur : Corine Gobalraja. Âgée de 43 ans, elle a été battue à mort par son mari. Le drame s’est déroulé à huit-clos, au cœur d’un appartement de La Trinité, à Saint-Denis. Là où s’est joué un déferlement de violence. Sous une rouée de coups abattus par les enceintes d’un home-cinéma, elle finit par s’écrouler. Pour de bon. Son conjoint a été mis en examen pour meurtre et écroué.

Avant elle, il y a eu Jessie, tuée d’une violente agression à l’arme blanche à Bois de Nèfles Saint-Paul. Il y eu Arlette, dont le corps portait la trace d’une trentaine de coups de couteau. Il y a eu cette femme de 36 ans mortellement renversée par une fourgonnette conduite par un ex refusant la séparation. Il y a eu cette sexagénaire retrouvée dans une mare de sang à la Ravine des Cabris, près du corps de son mari. Des histoires qui collent des frissons au dos et soulèvent des murmures de tristesse et d’incompréhension. Car, comment appréhender un tel déchaînement de violence ? De l’amour à la haine, haine provoquée par la jalousie, l’égoïsme, et parfois sur fond d’alcool.

- Marches blanches, communiqués, prises de parole -

Alors, bien sûr, on assiste ensuite au traditionnel défilé de marches blanches, à l’habituelle floraison de communiqués indignés, aux sempiternelles prises de paroles d’acteurs de l’État. Des mots parfois suivis d’actions : quelques jours avant le meurtre de Corine – triste ironie du sort – la préfecture lançait la première campagne audiovisuelle réunionnaise de sensibilisation pour les violences faites aux femmes. Affiches dans les lieux publics, dépliants, spot télévisuel… autant de moyens stratégiques pour marquer le message dans les esprits.

Dans le même temps, la parole se libérait sur les réseaux sociaux grâce au hashtag #BalanceTonPorc. Une vague tourbillonnante de témoignage pointant du doigt les gestes et comportements douteux de patrons, proches, collègues. Des cris de douleur résonnant comme des poings en l’air face à la violence verbale, à la main baladeuse et au regard torve. Oui, mais voilà : ce bruit sourd d’une brusque libération de la parole ne sera t-il qu’un écran de fumée ? Qu’un bref éclat de voix rapidement rattrapé par la réalité ? La réalité où les témoins de violences et de harcèlement n’osent pas souvent intervenir. Dans le cas de Corine – et la chose est assez rare pour la souligner – les voisins, alertés par le vacarme, ont rapidement décidé d’agir. Peine perdue. Il était déjà trop tard.

mp/www.ipreunion.com

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