Amateurs mais spécialistes de la météo (actualisé)

Ils chassent les cyclones en ligne

  • Publié le 16 novembre 2017 à 14:25

L'association locale MétéoR OI (Océan Indien), créée en 2015, regroupe 22 spécialistes amateurs de la météo et des cyclones. On y retrouve entre autres les administrateurs des pages Facebook Actus Météo 974, Cyclones Océan Indien ou encore Cyclones La Réunion. Ils suivent ces phénomènes grâce à leur expertise, des instruments semi-professionnels et des modèles numériques de prévisions. (Photo d'archives)


Une véritable communauté de passionnés impatients du lancement de la saison cyclonique effectué par Météo France ce mercredi 15 novembre 2017. Mais faute d’accréditation, pas de question de sortir en cas d’alerte rouge pour filmer, photographier ou mesurer le déchaînement des éléments. Contrairement aux chasseurs de tornades américains…

Au plus grand regret de Franck Feuillade, administrateur et contributeur d’Actus Météo 974, la page existante depuis sept ans gérée par une bande de copains. Il refuse l’étiquette de professionnel et se considère comme un amateur, loin des prévisionnistes de Météo France.

"En aucun cas, nous ne sortons en alerte rouge. Hors de question de prendre des risques. En cas de cyclone, on se dit avec les copains : allez on équipe nos voitures avec une station météo comme les chasseurs de tornade mais on en rigole. On veut être crédibles donc il faut être irréprochables. Surtout vis-à-vis de la préfecture avec qui on a de bons contacts", indique-t-il.

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MétéoR OI relaye en effet les informations de la préfecture et de Météo France. Pour décrypter ces phénomènes climatiques et les rendre accessibles à la population. Cela n’empêche pas ces experts 2.0 avant l’alerte rouge d’informer les Réunionnais sur les réseaux sociaux où ils postaient des vidéos ou des photos. Comme lors du passage de Bejisa en 2014.

Avant les coupures d’électricité, ces pages Facebook spécialisées diffusaient des consignes de sécurité et des messages concernant la tendance ou la trajectoire du météore. Des données communiquées grâce à l’exploitation de modèles numériques accessibles en ligne ou d’images provenant de satellites américains, chinois ou indien. 

Sans oublier pour leurs prévisions, l'utilisation de leurs stations météos amateurs, de détecteurs d’orage ou de pluviomètres. Dernier exemple en date de leur travail : les récents tremblements de terre ressentis dans le département. Actus Météo donnait l’information en premier.

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"Nous avons accès aux données sismologiques de l’Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise et avons pu donner l’information sur le séisme avant l’OVPF ou les médias", explique Alexandre Dijoux dit "Axou", président de MétéoR OI et contributeur d’Actus Météo comptant plus de 60 000 abonnés sur Facebook.

Lui et ses dalons de MétéoR OI négocient actuellement un partenariat avec l’OVPF. Objectif : installer un pluviomètre et une station météo sur le flanc Est du Volcan.

"On voudrait mesurer la quantité de pluie tombée sur les pentes externes. Une thèse datant de 1996 évoquait le fait qu’il y aurait eu des records mondiaux de pluviométrie jamais validés entre 1 200 et 1 600 mètres d’altitude", dévoile Alexandre Dijoux, chargé de missions risques majeurs dans une collectivité.

Il participait ce mercredi au lancement de la saison cyclonique dans le cadre de son activité professionnelle. Régulièrement, lui et ses dalons publient des bulletins météo en ligne ou des explications sur les phénomènes de fortes pluies. Des éléments commentés par des milliers d’internautes et repris par plusieurs médias notamment Imaz Press.

- Spécialistes du climat -

Ces spécialistes du climat installaient également une station météo au Tremblet dans le cadre d’un partenariat avec la mairie de Saint-Philippe. Cela permet à la commune et à Météo France de disposer d’une somme de données exploitables dans des endroits où les équipements manquent. Les membres de MétéoR OI échangent aussi leurs données avec les prévisionnistes de Météo France.

Les deux structures signaient il y a quelques mois une convention afin de formaliser leur collaboration. "Ils récupèrent les données de nos 22 stations météos et nous on peut aussi avoir accès à des données climatiques. Cela permet de voir souvent les prévisionnistes", détaille Franck Feuillade. Un canal officiel créé entre professionnels ou amateurs.

Amateur mais soucieux de donner des éléments fiables comme Patrick Rabeson, fondateur et administrateur de la page Cyclone Océan Indien, lancée en janvier 2013. Actuellement en métropole, il prend le temps de nous répondre depuis un…train. Il regrette de ne participer au lancement de la saison cyclonique.

"Si nous sommes là ce n’est pas pour faire des fake news comme on en voit souvent sur les réseaux sociaux. Nous sommes là pour vérifier, surtout pendant les épisodes cycloniques où en entend de fausses rumeurs. Je fais très attention à donner l’information juste et exacte", explique le passionné. Il souhaite servir d’intermédiaire pour la diffusion d’informations officielles.

- Naissance de sa vocation -

Le cyclone Colina en 1993 -surtout le passage de l’œil- le marquait fortement. D’où la naissance de sa vocation. Comme ses collègues, il se sert de modèles de prévisions météorologiques disponibles sur internet. Qu’ils soient américains ou européens. Le bureau météorologique australien fait d'ailleurs office de source d’information.

Sans oublier les données de Météo France et de Météo Madagascar.

"Pour cette saison, il faut toujours faire attention aux tendances mais celles de Météo France rejoignent à peu près celles données par les autres agences. À priori, une saison peu active ne veut pas dire forcément peu de risques. On va vers 7 à 10 systèmes baptisés dont 3 à 5 qui devraient atteindre le stade de cyclone tropical", complète-t-il.

Et comme annoncé, la saison des pluies devraient être importantes avec de fortes ondées plus régulières. Il regrette de ne pouvoir sortir en cas d’alerte rouge mais comprend cette situation.

"Chacun son métier. Les médias ont une accréditation car c’est important d’informer et nous en tant que passionnés nous restons à la maison. On doit aussi respecter les consignes de sécurité", lance-t-il en guise de conclusion. Dans son retour dans l'île, il continuera à alimenter son site Cyclone Océan Indien. Il pourra rattraper sa frustration de n'avoir pas été là pour le lancement de la saison.
 

ts/www.ipreunion.com

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