Coupe Davis

Yannick Noah et ses mystères

  • Publié le 21 novembre 2017 à 19:20
  • Actualisé le 21 novembre 2017 à 21:04

"Père la rigueur", "tonton flingueur"... le capitaine Yannick Noah a montré de multiples facettes ces deux dernières années et le mystère demeure quant à son emprise sur la génération des Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet et consorts à l'approche de la finale de la Coupe Davis contre la Belgique.


Le guide des épopées de 1991 et 1996 s'est heurté cette fois à bien des écueils et des critiques pour gérer les ego de l'équipe de France. Diriger ce groupe, c'est autre chose que de manager Guy Forget, Henri Leconte ou Cédric Pioline (son actuel adjoint) qu'il a mené jusqu'au Saladier d'argent.

"Ce n'est pas de la tarte", dit même Jean-Paul Loth, capitaine de Noah lors de la finale de 1982 perdue face aux États-Unis, qui considère son ancien poulain comme le mieux placé pour "encaisser" cette charge. A-t-il pour autant imposé son aura de "sorcier" ? Pour Forget, son successeur de 1999 à 2012, il a surtout "apporté une rigueur, un sens de l'engagement qui était peut-être encore un peu confus chez certains". Mais il a "mis du temps à s'adapter à cette génération, proche de celle de son fils Joakim", le basketteur des Knicks de New York (32 ans) qui a plusieurs fois décliné les sélections en équipe de France.

"Au début, il devait penser que tout allait fonctionner de manière assez simple avec ses anciens schémas. Il s'est rendu compte qu'il allait devoir assouplir ses certitudes parce que le jeu et les joueurs ont évolué, comme la société", ajoute-t-il.

- Arrivé en "père fouettard" -

Noah, 57 ans, a une réponse simple pour décrire la différence entre ses amis ou "petits frères" d'hier et ceux qui pourraient être ses enfants. "Je suis plus vieux et ils sont plus jeunes." Et si ce n'était pas plus compliqué que cela ? Si la stature de commandeur du dernier vainqueur Français (masculin) en Grand Chelem, à Roland-Garros en 1983, n'avait pas pris un peu la poussière aux yeux des tennismen d'aujourd'hui ?

Le chanteur, qui a mis sa carrière musicale entre parenthèses, a rencontré les même problèmes que ceux de Forget et Arnaud Clément (2013-2015), évincé sans ménagement pour faciliter son retour. Entre désintérêt croissant des meilleurs joueurs pour cette compétition plus que centenaire, soucis de motivation et bataille d'ego...

"A partir du moment où le cadre est défini, celui qui sort du cadre, sort. Il n'y aura pas un, pas deux, pas trois avertissements", assure Noah tel un "père fouettard" à son arrivée il y a deux ans. Mais, avant le début de la campagne 2016, son choix d'accueillir le Canada en Guadeloupe est contesté par Gaël Monfils. Le Parisien d'origine antillaise sera bien sur la feuille de match à Baie-Mahault avec -c'est une première- les trois autres "néo-Mousquetaires", Tsonga, Gasquet et Gilles Simon. Ce sera la seule fois et Monfils ne rejouera plus avec les Bleus.

- Numéro de com' -

Car le capitaine devra composer avec les pépins physiques et les méformes, le manque d'implication de Monfils dont les circonstances de la blessure à deux jours de la demi-finale, l'an passé en Croatie, restent obscures. Ou encore les hésitations de Tsonga qui ne souhaitait pas jouer en 2017 pour se ménager du temps avec son petit garçon, né en mars. "Les absents ont toujours tort", a lâché Noah pour faire revenir "(son) joueur N.1" sans pour autant s'épargner des tensions.

Contre la Serbie, mi-septembre, Tsonga a demandé à Noah de ne plus lui parler pendant les échanges, lors d'un week-end étrange où Noah a alterné lassitude, mal-être et autocritique avant de changer de posture le dimanche de la qualification, pour faire taire les rumeurs de mauvaises ambiances en interne.

Il avait été jusqu'à jouer un petit numéro de com' en faisant croire à un coup de fil de félicitations de Monfils (forfait), en conférence de presse. Alors mauvaise ambiance ou pas ? "C'est difficile de savoir ce qui se passe à l'intérieur de l'équipe", souligne l'ancien entraîneur de Noah et des Bleus Patrice Hagelauer.

Selon lui, la force de Noah, c'est de savoir s'adapter aux joueurs. "(Cédric) Pioline, quand il jouait encore, lui avait demandé aussi d'avoir des moments de calme", souligne-t-il. Pour l'actuel capitaine-adjoint, Noah s'est "bonifié" lors de son troisième mandat qu'il ne prolongera peut-être pas. "Je n'ai aucune certitude sur rien", a-t-il dit avant la finale. Encore un mystère...

AFP

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