Patrimoine péi

L'archéologie réunionnaise a encore beaucoup à creuser

  • Publié le 23 février 2018 à 08:23
  • Actualisé le 23 février 2018 à 08:45

Avec la découverte de vestiges datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle près du cimetière marin de Saint-Paul, l'archéologie péi s'attarde sur un nouveau pan de l'histoire patrimonial de l'île. Et s'attend d'ores et déjà à de nouvelles trouvailles empreintes d'histoires.

"Tout reste à découvrir à La Réunion". Sur le site des vestiges du XVIIIe siècle découverts à Saint-Paul, Virginie Motte, conservateur régional de l'archéologie à la DAC-OI (Direction des Affaires Culturelles - océan Indien), se montre souriante. "Ici, c'est une découverte importante. Mais vous savez, nous n'en sommes qu'aux prémices de l'archéologie" assure-t-elle.

Lancé en 2010 sur le département, le service régional de l'archéologie a marqué ses débuts en publiant en 2017 un ouvrage de ses 40 premières découvertes les plus importantes entre 2011 et 2015. "Environ 60 opérations de recherches ont été prescrites depuis la création. La moitié des opérations concerne l'archéologie préventive, qui est liée à l'aménagement, et l'autre partie qui est l'archéologie programmée, uniquement liée à des projets de recherches" explique Virginie Motte.

Selon la responsable de l'archéologie réunionnaise, "même si l'histoire réunionnaise est bien calée dans les dates avec une archéologie moderne et contemporaine" les spécialistes sont amenés à trouver "tout type de vestiges". Sur le site actuellement fouillé de Saint-Paul, "c'est la première fois qu'ont été découverts des vestiges de culture" affirme Virginie Motte. "On peut documenter les bâtiments, les habitats, les usines, il n'y a pas de découverte type. Et puis on n'a pas encore fait beaucoup, tout reste à découvrir" estime-t-elle.

- "Raconter l'histoire" -

"Notre travail, c'est de raconter l'histoire des habitants qui nous ont précédé et qui ont occupé les lieux" rappelle la conservatrice régionale de l'archéologie. "L'archéologie apporte des éléments importants, tangibles" continue-t-elle en se disant "très satisfaite de ce chantier très important et didactique", faisant référence aux vestiges de Saint-Paul.

Si de nombreuses découvertes ont été faites sur le littoral, le service d'archéologie péi mène aussi "des prospections dans les Hauts" affirme Virginie Motte. Pour la conservatrice, "l'archéologie est un bien commun qui dépasse La Réunion puisque chaque vestige et ancienne occupation intéressent notre communauté toute entière et pas que les Réunionnais". "On restitue des histoires qui appartiennent à tous, et c'est notre devoir de restituer des données scientifiques au public" indique Virginie Motte pour expliquer l'utilité des visites guidées ouvertes au public sur les lieux des fouilles.

"C'est important que les habitants puissent contempler, avoir des discussions avec les spécialistes sur le terrain pour apprendre de leur propre histoire" complète-t-elle. "Les Réunionnais sont très intéressés par l'archéologie. À chaque journée portes ouvertes, on a toujours énormément de monde" raconte l'archéologue.

Virginie Motte explique que "les Réunionnais payent la redevance d'archéologie préventive", qui s'élève à plus d'un million d'euros, et pense "qu'il faut continuer de prescrire plus de recherches pour ne pas passer à côté de sites archéologiques qui pourraient être détruits par l'aménagement". La spécialiste confie "ne pas avoir de ressenti personnel" sur la question des destructions de patrimoine historique en lieu et place de nouvelles constructions. "Mon métier c'est de prélever l'information archéologique du sous-sol pour que l'aménagement puisse se faire, et puisse aboutir à des rapports, des publications pour restituer l'information au public".

hf/www.ipreunion.com

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