L'île reste partiellement paralysée

Insécurité à Mayotte - Toujours la contestation malgré les annonces gouvernementales

  • Publié le 1 mars 2018 à 02:57
  • Actualisé le 1 mars 2018 à 07:00

Secouée depuis plus d'une semaine par un fort mouvement de contestation populaire contre l'insécurité, avec manifestations et opérations "île morte", Mayotte restait partiellement paralysée ce mercredi 28 février 2018 malgré l'annonce de prochains renforts de forces de l'ordre.

Jour après jour se succèdent des manifestations, qui ont rassemblé jusqu'à plus d’un millier de personnes dans les rues de Mamoudzou (selon la police), des blocages de routes dans le nord, le sud et le centre de l'île, tandis que la liaison maritime entre les deux îles principales a été interrompue. Mercredi encore, des manifestants entravaient les routes, malgré les annonces formulées le matin même par la ministre des Outre-mer Annick Girardin sur Guyane 1, qui envisage de se rendre sur place après la législative partielle des 18 et 25 mars.

Elle a promis des renforts policiers et a appelé à "dessiner une nouvelle vision pour Mayotte", avec "des priorités clairement établies: la sécurité et la lutte contre l'immigration clandestine, bien entendu, mais aussi la santé, le logement et les transports, qui font votre vie de tous les jours".

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Annick Girardin a également déclaré que "vingt gendarmes de plus" seraient déployés progressivement dans le cadre de la police de sécurité du quotidien et que la première brigade de prévention de la délinquance juvénile "serait effective (…) dès cet été".

En outre, elle a affirmé travailler "à un plan de sécurisation des établissements et des transports scolaires", opérationnel "dans les 10 jours", pour réagir aux événements de janvier. Des dizaines de jeunes armés avaient notamment lancé un assaut contre un lycée professionnel, dont 21 élèves ont été exclus définitivement, selon le vice-rectorat.

 

Enfin, pour ce qui est du contrôle de l'immigration, Mme Girardin a annoncé que dix policiers supplémentaires de la police aux frontières seraient affectés à Mayotte d'ici au 31 mars et que de nouveaux bateaux dédiés à la lutte contre l’immigration clandestine seraient livrés en septembre.

Mais tout cela ne représente que "de maigres annonces", déplore Maoulida Momed, un des porte-parole du mouvement, interrogé par l’AFP. "Tant que le ministre de l’Intérieur ne vient pas à Mayotte discuter avec nous des choses qu’il veut mettre en place, on continue la grève", persiste-t-il, assurant que les actions vont se multiplier dans les jours à venir.Pour le député LR Mansour Kamardine, les annonces sont "un premier pas dans le bon sens mais qui doit être suivi d’un second train de mesures dans les prochains jours pour apaiser réellement la situation".

- Une tournure anti-étrangers -

Né à la suite d'éclats de violence récurrents aux abords et à l’intérieur d’établissements scolaires, le mouvement, mené par une intersyndicale et un collectif d'associations, a depuis ces derniers jours une tournure anti-étrangers.

 

Jeudi dernier, des manifestants ont marqué un arrêt symbolique devant le service des migrations et de l’intégration de la préfecture et chargé le cordon des forces de l’ordre sécurisant l’administration.

Mayotte subit une forte pression migratoire des îles voisines des Comores, dont la plus proche n’est qu’à 70 kilomètres de ses côtes. En 2015, 19.000 personnes ont été reconduites à la frontière à Mayotte contre environ 20.000 sur le territoire métropolitain.

 

Une partie des manifestants estime que la délinquance est directement liée à l’immigration clandestine. Mais, pour les antennes locales de la CGT Educ’action et de la FSU, il s'agit "de dérives, d’amalgames et de stigmatisations".

www.ipreunion.com avec l'AFP

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