Les pluies accélèrent les déplacements du sol (actualisé)

La grande menace des glissements de terrain à Salazie

  • Publié le 20 mars 2018 à 11:08

La terre bouge, et sur Salazie, on le voit. Plusieurs habitations sont déformées, voire fissurées depuis déjà des années. Une problématique sur laquelle le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) s'est penchée depuis 15 ans. L'objectif : comprendre l'origine et la vitesse de déplacement de ces glissements de terrain de grande ampleur dans le cirque.

"On peut avoir des îlets où historiquement, comme à Mafate ou à Salazie, il y a énormément d'habitations qui ont toujours été là" note la directrice du BRGM, Séverine Bès de Berc. Dans un temps où les plans de prévention de risques n'existaient pas encore, les habitants pouvaient s'installer sans le savoir dans une zone d'aléas importants. Conséquence : environ 30 ou 40 cases sont aujourd'hui exposées aux glissements de terrain... à très court terme.

Cela fait maintenant 15 ans que le BRGM s'attache à étudier l'origine, le fonctionnement et la vitesse de ces glissements de terrain. Ce qu'il en ressort ? L'eau. Au délà d'une certaine quantité, des accélérations des glissements sont enregistrées. Sur différents îlets de Salazie, le bureau a positionné des instruments afin de comprendre aux mieux les enjeux de ce risque majeur. Le plan de prévention des risques (PPR) de la commune est encore en cours de finalisation.

Une enquête publique s'est tenue en décembre afin que les riverains puissent remonter leurs requêtes. La directrice du BRGM le précise : "Ils vont poser des questions concernant leurs parcelles, on a identifié des secteurs qui nous semblaient beaucoup plus exposés, à très court terme". Un rapport de ces derniers endroits a été remis à l'État, la sous-préfecture et la mairie de Salazie. Stéphane Fouassin, maire de la commune, a confirmé à la fin du mois de février, être "en pleine révision du PPR".

Car, pour un travail bien effectué, la coordination entre les différents acteurs est essentielle. "Il y a tout un travail qui se fait avec la mairie, laquelle cherche à aider les personnes concernées à quitter leurs habitations à leur proposer de nouveaux logements" souligne Séverine Bès de Berc. Bien sûr, toutes les habitations ne seront pas délogées. Mais le glissement continue à évoluer et à avancer. C'est plus particulièrement sur Grand Îlet que la problématique est la plus saillante. Ses habitants ont toujours bien connu les effets de ces mouvements de sol.

- Des cases ensevelies lors du passage de Hyacinthe -

Selon la directrice du BRGM, ils sont plusieurs à être soulagés et rassurés par ces démarches. Certains voient leurs habitations déjà "très déformées, fissurées, fracturées depuis des années". Sous le glissement, les blocs et graviers se transforment petit à petit en argile, ce qui va accélérer les glissements de terrain. Le terrain de Grand Îlet est toujours en mouvement permanent : sur la partie centrale, celle qui est habitée, le sol bouge de 15c à 30 centimètres par an, selon les mesures du BRGM.

Alors, évidemment, pas facile pour certains de quitter leur îlet dans un coin du cirque pour aller parfois à l'opposé. Surtout lorsque c'est là qu'ils ont vécu toute leur vie."Salazie, c'est une commune particulière, il n'y a que dans ce cirque que l'on a ce phénomène" assure la responsable du BRGM. Si, dans Cilaos ou Mafate, les objets géologogiques sont "un peu similaires", ce sont des mouvements de terrain qui se déplacent "moins, voire quasiment pas".

L'hypothèse avancée est la suivante : "comme, a priori, le moteur c'est l'eau et qu'il pleut beaucoup moins dans Mafate et Cilaos, c'est certainement pour ça". Bien sûr, c'est la géologie qui est le critère premier. Ces endroits sont "dans des brèches" et il s'agit de "versants entiers qui se sont effondrés, fracturés, puis consolidés". Ces amas de blocs sont situés au milieu d'une matrice "un peu terreuse".

Ce n'est pas du tout le même schéma que sur les coulées de lave un peu masssives par exemple, qui se déforment beaucoup moins facilement. D'autant plus qu'il y a eu sur Salazie, "plusieurs épisodes de brèches liées au démantèlement du Piton des Neiges, avec des niveaux un peu anciens, plus argileux, qui vont constituer la semelle du glissement, la zone sur laquelle ça va pouvoir glisser".

De plus, la présence de nappes phréatiques peut potentiellement metttre la zone sous pression et générer d'autant plus ces glissements. Lors du passage du cyclone Hyacinthe en 1980, les sols se sont gorgés d'eau. Sur la route de Grand Îlet, le sol a glissé et des cases se sont retrouvées ensevelies. D'où l'importance d'étudier le terrain au maximum afin d'éviter que ce scénario ne se reproduise à l'avenir.

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