Questions aux journalistes

La liberté de la presse, c'est quoi ?

  • Publié le 3 mai 2018 à 02:59
  • Actualisé le 3 mai 2018 à 06:04

"Quelle est votre définition de la liberté de la presse et pourquoi selon la profession de journaliste était-elle si mal vue en France ?", ce sont les deux questions que nous avons posé à nos confrères à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse. Voici les réactions de ceux qui ont répondu à notre sollicitation

• Philippe Le Claire, directeur des rédactions du Journal de l'Île de La Réunion

Ce n'est que lorsqu'elle n'existe plus que la majeure partie des personnes, journalistes y compris, réalisent ce que peut être la liberté de la presse. Le combat pour cette liberté doit être mené tous les jours par chaque journaliste au niveau de sa pratique et de sa conscience. Car ainsi que le dit le Canard enchaîné : la liberté de la presse ne s'use qui si l'on ne s'en sert pas

Quant à savoir pourquoi  la profession est mal vue, il y a sans doute plusieurs raisons. Lorsque l'on fait de l'investigation on ne heurte immanquablement à des militants qui nous accusent de faire le jeu du camp d'en face. Plus sérieusement je dirais que le phénomène est aussi lié au fait que les journalistes soient formatés dès l'école de journalisme. Je ne porte pas de jugement sur les confrères, mais certains journalistes oublient de penser par eux-mêmes pour des raisons politiques, économiques… Cela dit on ne peut pas juger toute une profession sur la base de quelques dérives.

• Thierry Durigneux, rédacteur en chef du Quotidien de La Réunion

La liberté de la presse est la faculté d'exercer notre mission d'information dans le cadre défini par la loi, sans déborder de ce cadre mais en l'occupant pleinement. Cela sans se réfugier derrière de mauvais prétexte pour ne pas exercer cette liberté

Si notre profession est mal vue actuellement c'est sans doute parce que – surtout au niveau national -, il existe une trop grande proximité entre certains journalistes et certains élus. Il y a des comportements qui n'ont pas lieu d'être, trop de tutoiements, pas assez de distance ni  d'indépendance, réelle ou affichée. Cela donne à une partie de l'opinion des raisons de soupçonner une collusion entre la presse et le pouvoir, qu'il soit politique ou économique.

• Olivier Geliln, rédacteur en chef de Réunion 1ere Télé

La liberté de la presse est l'un des principes les plus beaux de notre société. C’est un droit fondamental qui, comme dit le Canard enchainé "ne s’use que si on ne s’en sert pas". Plus sérieusement, pour répondre à votre question La liberté de la presse est l’application et une condition nécessaire à la démocratie. Elle permet à tous citoyens de s’exprimer, de critiquer en toute liberté, sans crainte. En revanche s’exprimer librement cela ne signifie pas dire n’importe quoi. La liberté d’expression a ses limites, elle s’accompagne d’obligations et de responsabilités. Elle ne doit pas porter atteinte à une autre personne. Il existe pour ce faire tout un tas de lois pour protéger contre l’insulte l’injure, la diffamation, l’atteinte à la vie privée, ou à l’ordre public pour ne citer que cela.

Une presse libre c’est certain, indépendante la question est plus compliquée ou plus simple.. De prime abord je dirai que le journaliste ne mordra pas la main qui le nourrit. Le nœud de cette situation c’est le volet économique ou politique. Je suis journaliste dans le quotidien X, je ne vais pas me lancer dans une enquête qui éclabousserait la compagnie Z qui est le principal annonceur du journal, c’est évident. Mais c’est un faux problème. La réalité : la démarche objective appartient aux lecteurs, aux téléspectateurs ou encore aux auditeurs. Je veux savoir ce qui se passe je lis Le Figaro et Libération, je regarde F2 et TF1, j’écoute Inter ou RTL. Pourquoi parce que notre presse, nos radios  et nos télés sont complémentaires. Chacun à sa version du vrai et quoiqu’on dise les différences ne sont pas si grandes que cela
 

guest
3 Commentaires
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5 ans

La liberté de la presse ? Elle est pleine et entière à La Réunion !
Prenons Reunion Première ce soir même qui a eu le cran de la mettre en avant avec une première intervention d'un étudiant dans le moule du journalisme qui commence à témoigner que si 75% des réunionnais ne font pas confiance à leur monopole médiatique c'est parce que les jeunes en particulier sont enclins aux fakes news sur internet, ou encore le journaliste qui conclut en disant "ce n'est pas lui qui vient de Cuba" qui en dira le contraire.
Franchement, on nous prend pour des débiles ?
Aucune interrogation crédible de personnes nuançant la liberté des médias n'a été diffusée. Vous montrez à la télé ce qui vous arrange, ceux qui vous soutiennent. Ceci est vraiment problématique pour le citoyen dans sa construction et les différents points de vue qui doivent être présentés à l'ensemble. Les médias ont un pouvoir immense et il semble qu'ils savent l'exploiter dans leur intérêt.
Le reportage de Reunion 1ere ce soir a bien su démontrer qu'effectivement il y a du chemin à faire en terme d'indépendance des médias.
Courage à eux, ou plutot à nous, pauvres spectateurs.

jojo27, depuis son mobile
jojo27, depuis son mobile
5 ans

La liberté de la presse est de dire tout sur l'actualité. Dans la réalité avec un suivi des choses. pas de langue de bois. Bon nombre d'articles n'ont pas de suite. Surtout sur des enquêtes que la presse relate.

CHABAN
CHABAN
5 ans

Celui du jir fait honte à la profession.

Bravo à Mme pour son intervention sur la 1ère hier soir.

Bonne continuation au QUOTIDIEN et à IMAZ