Les Réunionnais aiment les feuilleter

Les prospectus publicitaires ont encore de beaux jours devant eux

  • Publié le 30 juin 2018 à 02:59
  • Actualisé le 30 juin 2018 à 14:43

Pour certains, ils sont envahissants, pour d'autres, ils sont très utiles pour faire les courses. Les prospectus distribués dans les boîtes aux lettres font partie des supports marketing "qui marchent le mieux" à La Réunion. Et pour cause, "98% des Réunionnais lisent les imprimés publicitaires qui sont distribués" affirme Thierry Nottelet, directeur opérationnel, courriers colis à la Poste. Face au volume considérable d'imprimés publicitaire distribués, l'association de consommateurs UFC Que choisir déplore l'impact écologique de cet outil marketing. Elle fait la promotion du 'Stop pub' dont l'efficacité serait relative. Pourtant, à l'air du numérique, une solution alternative et accessible fait déjà de nombreux adeptes, le prospectus en ligne.

À La Réunion, l’imprimé publicitaire est un média "très utilisé" assure Thierry Nottelet, le directeur opérationnel courriers, colis de la Poste à La Réunion. La distribution en boîte aux lettres des imprimés publicitaires fait partie des attributions de la Poste depuis plusieurs années. Bien que la distribution de prospectus soit un marché concurrentiel, à La Réunion, La Poste possède 80% de part de marché.

Elle distribue entre 160 et 165 millions d’imprimés publicitaires par an.

- "98% des Réunionnais lisent les prospectus" -

La publicité dans la boîte aux lettres est une stratégie marketing comme une autre. Elle a un très bon écho  à La Réunion où "98% des Réunionnais lisent les imprimés publicitaires" estime Thierry Nottelet, le directeur opérationnel courriers colis à La Poste Réunion.

La Poste est liée aux enseignes pour lesquelles elle distribue les prospectus par un contrat commercial " on a des clients qui font appel à nous pour distribuer de la pub".  

Il n’est pas rare de croiser des clients dans les allées de magasins leur imprimé publicitaire à la main " à La Réunion, les gens aiment regarder les prospectus " estime Thierry Nottelet

- La survie de certaines enseignes dépend des imprimés publicitaires -

Cette stratégie marketing porte ses fruits " nos clients sont très satisfaits de nos distributions car ils remarquent souvent un pic de leur chiffre d’affaire juste après la distribution de leur imprimé. Cela se vérifie encore plus dans les périodes critiques comme la fin de l’année "

Pour certaines petites enseignes, la distribution en boîte aux lettres d’imprimés publicitaires est le seul moyen de se faire connaître et "la survie de certaines enseignes en dépend" souligne Thierry Nottelet

- Des boîtes aux lettres qui débordent -

Le nombre d’imprimés, le volume de papier que cela représente et la fréquence des distributions peuvent importuner. Il suffit de ne pas relever le courrier quelques jours pour voir sa boîte aux lettres déborder, surtout durant la période des fêtes de fin d’année.

La poste déclare "ne pas être responsable du volume d’imprimés distribués".

Le distributeur historique remonte à sa clientèle un volume prévisionnel de boîtes aux lettres. C’est en fonction de ce nombre de boîtes aux lettres que le volume d’imprimés à distribuer est  calculé.

L’association de consommateur UFC Que choisir a rappelé dans un article publié sur son site web que depuis 2004, trois plans nationaux de prévention des déchets censés réduire la pollution publicitaire des boîtes aux lettres ont été mis en place et aujourd’hui "la situation est toujours aussi calamiteuse" déclare l’association de consommateurs. C’est l’impact environnemental qui préoccupe l’association.

Pour contrer l’abondance des imprimés publicitaires dans les boîtes aux lettres, et limiter le "gaspillage de ressources" qu’ils représentent, l’association incite les citoyens à utiliser la pastille "Stop Pub". Lire l’intégralité de l’article ici.

- Le "Stop pub", une solution vraiment efficace ? -    

"Stop Pub" est un autocollant qui, apposé sur la boîte aux lettres, est censé mettre fin à la distribution des imprimés publicitaires dans la boîte concernée.

Pourtant, selon UFC Que choisir, cet objectif est loin d'être atteint en France, où la distribution est qualifiée de "pollution", de "frénésie des grandes enseignes".

À La Réunion, ce sont environ 15 à 20 % des boîtes aux lettres qui affichent le "Stop pub". Thierry Nottelet assure que la Poste " décompte les 'stop pub' du volume prévisionnel des boîtes aux lettres qui reçoivent les imprimés publicitaires". Malgré cela, les imprimés publicitaires atterrissent dans les boîtes. Mais la Poste "n'est pas le seul ditributeur, c'est un marché concurrentiel".

L'association de consommateurs incite les citoyens à apposer l'autocollant "stop pub" sur les boîtes aux lettres mais pour celui qui veut préserver la planète, réduire son impact écologique tout en ayant accès aux prospectus commerciaux, une solution existe : internet. S'il y a un média qui peut entrer dans les foyers et se défaire du "stop pub", c'est bien internet.

- Les prospectus sur internet, l'avenir mais sans remplacer le papier -

Avoir accès aux imprimés publicitaires sans voir sa boîte aux lettres remplie de prospectus, faire la promotion de ses produits, et faire connaître son enseigne sans dépenser une fortune en campagne marketing papier, ce sont les promesses des sites qui proposent une version dématérialisée des imprimés publicitaires.

À La Réunion, un site internet a su tirer son épingle du jeu de la promotion commerciale, la pub.re. Ce site web créé en 2014 connaît aujourd'hui un succès fulgurant.

Le directeur commercial du site lapub.re, Nazir Valy raconte "j'avais créé des magazines publicitaires pour les centres-villes, mais les coûts devenaient trop élevés". C'est alors qu'il eut l'idée de dématérialiser les publicités. Guillaume Gilbert, le propriétaire du site a alors développé lapub.re. C'est l'enjeu économique mais aussi écologique qui a poussé les deux associés à tout miser sur leur site web.

Les débuts de lapub.re n'ont pas été faciles car "les gens adorent les publicité papier" s'exclame Nazir Valy. "Et les annonceurs aiment que leurs imprimés publicitaires traînent dans le salon". Ce sont les grandes enseignes qui disposent d'un gros budget publicitaire qui ont permis au site internet de décoller. "Petit à petit, tout le monde a joué le jeu".

En 2016, le site comptabilise 500 000 visiteurs par mois. Aujourd'hui, le site web enregistre 1,3 million de visites par mois. Ce qui représente 5 millions de prospectus lus.

Il est le seul site local à caractère commercial à enregistrer autant de visites. Le principal argument qui convainc les entreprises de dématérialiser leur prospectus publicitaire, c'est le coût. Nazir Valy estime que "les petites structures préfèrent miser sur le digital car le papier revient très cher". Il donne un exemple "pour 99 euros, une entreprises peut mettre en ligne sur lapub.re 200 pages de prospectus qui atteindront nos 200 000 abonnés".

Il s'agit d'un "bon compromis pour une petite entreprise" conclut le directeur commercial. Le directeur commercial de lapub.re l'assure "aujourd'hui je reçois des demandes de trois entreprises par semaine pour être référencées sur la pub.re" Il prévoit que d'ici fin 2019, "notre site enregistrera environ 400 000 utilisateurs,soit le double".

La dématérialisation des imprimés publicitaires ne fait pas d'ombre au papier. "Il n'y a pas de baisse du volume des imprimés publicitaires, on existe à côté du papier. Le volume papier a même tendance à augmenter" explique Nazir Valy, il poursuit "notre présence permetd'éviter l'impression d'une trop grande quantité d'imprimés". En effet, l'enseigne qui investit dans la dématrialisation réduit le nombre de prospectus à imprimer, sans pour autant les supprimer complètement.

- Le TCO fait la promotion des prospectus dématérialisés-

Dans sa lutte contre les déchets, le territoire de la côte Ouest a pris l'initiative de faire connaître les prospectus publicitaires dématérialisés à travers des ateliers dans les cyberbases. "Nous avons eu connaissance des ateliers du TCO dans les cyberbases, ils apprennent aux participants à aller sur le site lapub.re" déclare Nazir Valy. Selon lui, le traitement des déchets imprimés publicitaires représentent un coût d'environ 600 000 euros par an à la collectivité. À la fin des ateliers du TCO, un autocollant "Stop pub" est distribué aux participants.

Les imprimés publicitaires non seulement coûtent de l'argent en amont (création graphique, impression, transport, distribution) mais aussi en aval.

Pour Nazir Valy, c'est, sur le plan national "40 kg de papier par an par habitant, et 200 euros par an par habitant en coût de traitement des déchets publicitaires".

Dans la lutte contre le gaspillage des ressources, une proposition de loi visant à interdire la disrtibution de flyers (imprimés pulicitaires de petites taille) sur les pare-brises de voitures en centre-ville serait à l'étude.

sjb/www.ipreunion.com

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2 Commentaires
Marie
Marie
5 ans

Comment vous trouvez que 98% de la population lisent les prospectus papier alors que dans votre article y a 20% de STOP PUB????

Marie
Marie
5 ans

Comment vous trouvez que 98% de la population lisent les prospectus papier alors que dans votre article y a 20% de STOP PUB????