Il a roué de coup un manifestants

Ce que l'on sait d'Alexandre Benalla, de la sécurité du PS jusqu'au bus des Bleus

  • Publié le 19 juillet 2018 à 22:27
  • Actualisé le 20 juillet 2018 à 00:03

Le collaborateur de l'Élysée Alexandre Benalla, que des images montrent frapper un jeune homme le 1er mai, n'est ni policier ni gendarme. Formé au service d'ordre du PS, réserviste de la gendarmerie, il a été renvoyé par l'ex ministre Arnaud Montebourg pour "faute professionnelle" avant de travailler à la campagne d'Emmanuel Macron. Des images de BFMTV le montrent dans le bus des Bleus sur les Champs-Élysées lundi.

DE QUOI EST-IL ACCUSÉ ?

Dans une vidéo mise en ligne par Le Monde mercredi soir et filmée le 1er mai par un manifestant place de la Contrescarpe à Paris, un homme identifié comme Alexandre Benalla, coiffé d'un casque à visière des forces de l'ordre, s'en prend à un jeune homme à terre. D'après Taha Bouhafs, un militant LFI qui a filmé la scène, le faux policier s'en prend à un homme qui "se fait étrangler" et reçoit "plusieurs coups de poing dans le dos, dans la tête par derrière (...) l'homme était inoffensif, par terre et suppliait d'arrêter".

Selon le porte-parole de l'Élysée, Bruno Roger-Petit, M. Benalla avait été "autorisé", à sa demande, à "observer les opérations de maintien de l'ordre pour le 1er-Mai", sur "un jour de repos". Mais en participant "physiquement", "il a largement outrepassé cette autorisation", et a été "immédiatement convoqué" par sa hiérarchie.

QUELLES SANCTIONS ?

Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, qui part à la retraite en octobre, l'a "mis à pied pendant 15 jours, avec suspension de salaire. Il a été démis de ses fonctions en matière d'organisation de la sécurité des déplacements du président", selon Bruno Roger-Petit.

Jeudi, le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "violences par personne chargée d'une mission de service public", ce qui serait passible de trois ans de prison et 45.000 euros d'amende, voire plus s'il y a eu incapacité de travail.

Les chefs d'"usurpation de fonctions" et "usurpation de signes réservés à l'autorité publique" (article 433-14 du Code pénal), pour lesquels l'enquête est également ouverte, sont passibles respectivement de 3 ans et 1 an de prison, et 45.000 et 15.000 euros d'amende.

MEMBRE DU SERVICE D'ORDRE DU PS

L'ancien responsable national du service d'ordre du PS, Éric Plumer, a affirmé jeudi avoir "formé" M. Benalla à compter de 2010 et n'avoir "rien à lui reprocher". "C'était quelqu'un de bien, qui avait plein de capacités", a dit à l'AFP M. Plumer, qui l'a affecté à la sécurité de

Martine Aubry lors des primaires du PS en 2011.
L'ancienne Première secrétaire du PS (2008-2012) "n'a pas de souvenir particulier" de M. Benalla, mais évoque un homme "très jeune, plutôt discret", selon son entourage. Alexandre Benalla a aussi été membre du service d'ordre de François Hollande durant la campagne de 2012.

RENVOYÉ PAR ARNAUD MONTEBOURG

MM. Plumer et Benalla se sont "perdus de vue" quand M. Benalla est allé travailler "quelques mois" pour Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif."Le cabinet de Montebourg ne m'a pas écouté, je trouvais qu'il était trop jeune pour aller dans un ministère", affirme M. Plumer.

Le Service de protection des hautes personnalités (SPHP), devenu SDLP (Service de la protection), un service de la police nationale, "me l'avait proposé comme chauffeur en 2012", a raconté Arnaud Montebourg au Monde, des propos qu'il a confirmés à l'AFP. "Je m'en suis séparé au bout d'une semaine après une faute professionnelle d'une première gravité: il avait provoqué un accident de voiture en ma présence et voulait prendre la fuite".

RÉSERVISTE DE LA GENDARMERIE

Réserviste de la gendarmerie depuis 2009, Alexandre Benalla n'a été appelé sur aucune mission depuis 2015. En mars 2015, il participe à une session régionale "jeunes" Ile-de-France de l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice.

AU SERVICE D'EMMANUEL MACRON

Alexandre Benalla est chargé de la sécurité de M. Macron lors de la campagne présidentielle, puis "chargé de mission" à l'Élysée, en tant qu'adjoint au chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch. Il a été souvent vu avec le président lors de divers déplacements, officiels ou privés.

Plusieurs journalistes - de l'AFP ou de Public Sénat, par exemple -, se sont plaints de son comportement "musclé" lors de la campagne. Les Jeunes Communistes de Bobigny et Drancy ont également dénoncé des violences en marge d'un rassemblement à Bobigny en 2016. "Un de nos camarades a été frappé après avoir été trainé à l'écart", ont-ils affirmé dans un communiqué.

AFP

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