Dotations, subventions, revalorisations

Les limites de la politique du toujours moins

  • Publié le 6 septembre 2018 à 02:58
  • Actualisé le 6 septembre 2018 à 06:46

Toujours moins pour... Allez, au choix : les retraités, les communes, les écoles, les associations... Stop ou encore ? Quel est le secteur aujourd'hui qui échappe à la politique du toujours moins ? Moins de subventions, moins de dotations, moins de revalorisations en tous genres. Et moins de moyens surtout, même pour un secteur vital pour la société, comme celui de l'entreprise.

Toujours moins... On en veut pour preuve les TPE, les très petites entreprises de moins de dix salariés qui composent 98% des entreprises privées à La Réunion. TPE qui vont faire les frais de la politique du gouvernement, lequel exige toujours moins de charges pour réduire son déficit. Aux TPE d'orchestrer le prélèvement à la source, en assumant des charges comptables qui reviennent de droit à l’Etat percepteur. Qui va l’être de moins en moins, percepteur, repassant la patate chaude aux entreprises.
Or la plupart de ces TPE externalisent leur comptabilité. Et leur fournisseur ne va pas travailler pour rien. Autant de charges en plus et toujours moins de bénéfices… qui créent de l’emploi. Emploi, le leitmotiv du gouvernement pourtant.

Toujours moins aidés

Et dans emploi il y a eu aidé. Emplois aidés : toujours moins, là aussi. Moins de moyens pour les communes qui ont besoin de ces emplois subventionnés, d’autant que leur dotation globale de fonctionnement pique aussi du nez, au point de frôler le rase-mottes. Toujours moins, ce qui les conduit à réduire les subventions aux associations…
Les sportives notamment.

Cette politique du toujours moins est à l’origine de la baisse de moitié du budget du Centre national de développement du sport (CNDS) en 2018 : 260 millions en 2017, 133 millions en 2018. Qui dit moins ? Avec ça, étonnez-vous que la redistribution auprès des Ligues et des associations locales ressemble à une portion congrue. Et que les Ligues sportives à La Réunion aient décidé de boycotter la journée (no) Sports, initiée par le Ministère des Sports.
Toujours moins de sous pour le sport réunionnais, et pourtant, la mission du CNDS, c’est bien de favoriser le sport pour tous les publics, non ? La natation par exemple, puisque dans ce domaine les Français savent, dit-on, toujours moins nager. Mais rament toujours plus. Ah non, plus, c’est un gros mot.

Mais toujours plus pour d'autres

Alors ils doivent être rudement mal polis, les élus qui prennent des décisions cruciales. Lesquelles ? Tiens, une piscine dans la résidence d’été du Président pour plus de sécurité et de confidentialité. Juste pour 15 jours par an, pas plus, pas moins. Ou un service de vaisselle à 50 000 euros, pour plus de chic. Ou encore un aller-retour rapide à Gap à 150 000 euros le 29 août pour le Premier Ministre  afin, sans doute, de gagner plus de temps. J’oubliais les 40% d’augmentation de rémunération pour les maires des grandes villes, les présidents de départements ou de région, votés le 11 décembre 2017. Ou encore les 20% de hausse de rémunération des membres de cabinets ministériels sous la mandature Edouard Philippe, dixit l’ex-député et traqueur de profits indus René Dosière. Une paille à côté des généreux 0,3% de revalorisation des pensions de retraites.

De l’argent, l’Etat en a pour ce qu’il veut. Les repas de gala, les voyages protocolaires ou pas, le décorum… Pourquoi refaire systématiquement la déco tous les cinq ans, à chaque changement de locataire à l’Elysée, à Matignon et dans les ministères ? Toujours plus d’un seul côté, ça produit souvent le toujours moins de l’autre. Qui ne le constate pas actuellement dans son quotidien ? Et certains élus habitués du toujours plus pour eux pourraient en faire l'expérience eux aussi lors des prochaines élections. Juste retour de bâton pour rééquilibrer la balance.

ml/www.ipreunion.com

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