Semaine de la mobilité

Le covoiturage, une alternative en plein développement

  • Publié le 18 septembre 2018 à 02:58
  • Actualisé le 18 septembre 2018 à 11:56

Organisée chaque année du 16 au 22 septembre, la Semaine européenne de la mobilité (SEM) a pour objectif d'inciter les citoyens et les collectivités à opter pour des modes de déplacements plus écologiques. Pour l'édition 2018, la (SEM) a mis l'accent sur la multi-modalité, c'est-à-dire l'encouragement à moduler ses modes de déplacements en fonction de ses besoins. Entre les modes individuels et les modes collectifs, le covoiturage essaye, depuis quelques années, de se faire une place dans les habitudes réunionnaises.

Comment se déplace-t-on à La Réunion ? Une étude, diligentée par le Syndicat mixte des Transports de La Réunion (SMTR) a tenté de répondre à cette question en 2016.
16 609 Réunionnais ont été interrogés et 53 363 déplacements ont été recensés, le tout sur 18 semaines. Si 66% des déplacements se font en voiture, principalement pour aller au travail ou pour faire des achats, 25 % des déplacements se font à pied ! Eh oui, les transports en commun (urbains, inter urbains et scolaires) n’arrivent qu’en troisième position avec 7% des déplacements, " ce qui montre une marge de progression non négligeable ", analysent les auteurs de l’étude. Mais le transport en commun peut prendre diverses formes, dont le covoiturage, très en vogue en Métropole (lire par ailleurs).

Des trajets auto quotidiens courts

A La Réunion, on se déplace en voiture surtout à l’intérieur de son territoire intercommunal (86% des trajets) et sur des distances relativement courtes (2,2 déplacements quotidiens par personne pour des trajets en moyenne de 8,8 km). Sans surprise toujours, ce sont les actifs à temps complet ou à temps partiel qui utilisent le plus la voiture. Et chaque jour, La Réunion enregistre…1,7 million de déplacements en voiture, le mode " passager " ne représentant que 31% des déplacements !


En effet, chaque véhicule est occupé en moyenne par 1,45 personne, et le plus souvent quand il y a un passager, il s’agit d’un parent et son enfant. Ce qui veut donc dire que la majorité des véhicules n’a qu’une seule personne à bord : le conducteur. On comprend mieux le pourquoi des embouteillages et des pics de pollution.  

Les Réunionnais seraient plutôt bien équipés en voiture, puisque l’enquête a recensé 1,08 véhicule par ménage. Sauf que ce n’est qu’une moyenne : dans la réalité des chiffres, 40% des habitants en âge de conduire possèdent une voiture, contre 70% en métropole. "Mais lorsque le rattrapage du taux de motorisation au niveau métropolitain se fera, il est évident que la circulation connaitra une dégradation importante sur les routes réunionnaises", analysent les auteurs de l'étude du SMTR. L’enjeu est donc bien de développer une offre de transport alternative à la voiture individuelle.

Le covoiturage peine à décoller

Pourtant, La Réunion est équipée en aires de covoiturage et une entreprise, Karos, s’est même implantée sur l’île. " Certaines de ces zones de covoiturage fonctionnent bien et même avant l’arrivée de Karos sur l’île, des gens  s’organisaient pour se retrouver et covoiturer. Karos est une entreprise privée de covoiturage qui a été créée en Métropole et qui se développe sur l’île depuis 2016 ", explique Irshad Akhoune, qui est le référent réunionnais de Karos.

Environ 7 200 trajets quotidiens sont enregistrés dans l’application par des utilisateurs mais la proportion des trajets covoiturés est très inférieures. " Nous sommes actuellement capable de proposer un covoiturage à 60% des inscrits. Karos Réunion est encore très en-dessous de ce qu’on pourrait faire ici, reconnaît Irshad Akhoune. 38% des covoiturages sur l’île concernent des déplacements de plus de 30 km, contre 20 km en moyenne en Métropole. "Le pic de demandes concerne les horaires de début et de sortie de journée de travail, 7 à 8h et 17 à 18h . Sans surprise là encore.

Vers un financement institutionnel ?

A dix centimes le kilomètre avec un système de paiement sécurisé, pourquoi le covoiturage peine-t-il à se développer ? A cette question, Irshad Akhoune préfère répondre par l’exemple de ce qui se passe ailleurs : " En Ile de France, à Toulouse, à Bordeaux, à Lyon, à Lille et dans une communauté de communes normandes, le Roumais, Karos a enregistré des pics d’activité rapides et importants lorsque les collectivités ont décidé d’aider financièrement ce nouveau mode de transport en commun en offrant la gratuité au passager, Karos payant l’automobiliste et se faisant rembourser par la collectivité pour ce transport en commun assuré ".

Car Irshad Akhoune n’en démord pas, la voiture partagée, c’est une forme, miniature certes, mais une forme tout de même, de transport en commun. " Cela permet de fluidifier la circulation, de moins polluer, et cela crée aussi du lien entre les gens ", défend le référent Karos à La Réunion, qui est en discussion avec plusieurs collectivités pour mettre en place un système analogue, à La Réunion, avec son offre Karos Territoires. "Beaucoup de décideurs opposent les transports en commun publics à la voiture pour résoudre les embouteillages, mais le vrai problème, ce n’est pas la voiture, c’est l'autosolisme", analyse notre interlocuteur.

Le covoiturage boosté par les Plans de mobilité des entreprises

Le covoiturage n’est pas non plus un marché du particulier envers un autre particulier.  Depuis la Loi de transition écologique en 2015, les entreprises ou collectivités de plus de 100 salariés sur un site ont eu l’obligation dès le 1er janvier 2018 de mettre en œuvre un Plan de mobilité pour encourager le recours au transport en commun et/ou au covoiturage. Cela passe par l’aménagement de zones de parking pour les conducteurs prenant un passager, d’horaires permettant de se déplacer ensemble,  par la mise à disposition d’un véhicule commun pour des déplacements collectifs et d’autres mesures analogues. " Les entreprises pourraient elles aussi être des financeurs du covoiturage pour leurs salariés ", conclut Irshad Akhoune qui a pour mission, à La Réunion, de développer une seconde offre spécifique : Karos Entreprises. A suivre, donc.

ml/www.ipreunion.com

guest
0 Commentaires