Guerre commerciale

La Chine dément toute ingérence et exige le "respect" des USA

  • Publié le 19 septembre 2018 à 14:26
  • Actualisé le 19 septembre 2018 à 14:58

"Aucune ingérence": la Chine s'est défendue mercredi de chercher à influencer les élections législatives aux Etats-Unis, demandant le "respect" à Donald Trump qui accuse Pékin de cibler ses électeurs dans la guerre commerciale en cours.

Les deux pays sont engagés depuis plusieurs mois dans un bras de fer douanier déclenché par M. Trump. Celui-ci souhaite notamment obtenir une réduction du déficit commercial américain grâce à une plus grande ouverture du marché chinois au "made in USA".

La Maison Blanche a annoncé lundi des droits de douane supplémentaires sur des biens venus de Chine qui représentent 200 milliards de dollars d'importations annuelles. Pékin a répliqué en visant 60 milliards de dollars annuels de marchandises américaines, dont des produits agricoles et manufacturiers.
Donald Trump, qui redoute une sévère défaite des républicains au Congrès lors des élections de mi-mandat dans moins de 50 jours, a dans la foulée accusé le gouvernement chinois de tenter de le fragiliser politiquement en s'attaquant aux biens originaires d'Etats où l'électorat lui est traditionnellement fidèle.
"La Chine a ouvertement indiqué qu'elle tentait activement d'influencer et de changer notre élection en attaquant nos agriculteurs, nos éleveurs et nos ouvriers de l'industrie parce qu'ils sont loyaux à mon égard", a-t-il lancé sur Twitter.
M. Trump a assuré que les Américains qui subiront les représailles chinoises étaient de "grands patriotes" prêts à endurer cette guerre commerciale pour faire plier la Chine.

Couches et gaz

"Quiconque connaît un tant soit peu la diplomatie chinoise saura que nous ne nous ingérons jamais dans les affaires intérieures des autres pays", a indiqué Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
"Nous n'acceptons pas l'ingérence d'autrui dans nos affaires intérieures. Et nous ne faisons aucune ingérence dans les affaires intérieures d'autrui", a-t-il martelé lors d'une conférence de presse régulière.
La stratégie chinoise rappelle celle utilisée par l'Union européenne (UE) au plus fort des tensions avec Washington. Dans l'espoir de faire fléchir la Maison Blanche, il s'agit de viser des Etats américains susceptibles de basculer dans le camp démocrate.
Les nouveaux tarifs douaniers américains annoncés lundi prendront effet le 24 septembre et s'élèveront à hauteur de 10% jusqu'à la fin de l'année. Le 1er janvier, ils seront portés à 25%.
Des droits punitifs adoptés en juillet et août ciblaient déjà des biens chinois représentant 50 milliards de dollars d'importations annuelles.
La Chine, qui avait déjà répliqué en s'attaquant au même montant de biens américains, imposera également ses nouveaux droits de douane à partir du 24 septembre. Parmi les produits ciblés: les couches pour bébé, les meubles, les panneaux solaires et le gaz naturel liquéfié (GNL).

'Sincérité'

Pékin taxe déjà depuis juillet à hauteur de 25% le soja américain, appuyant là où ça fait mal: les Etats-Unis en ont exporté l'an passé vers la Chine pour 14 milliards de dollars, soit un tiers de leur production. Les producteurs viennent d'Etats ayant majoritairement voté pour Donald Trump.
Celui-ci exige de Pékin qu'il réduise de 200 milliards de dollars l'abyssal déficit commercial américain, en ouvrant davantage son marché aux produits des Etats-Unis. Il déplore également des transferts technologiques supposés forcés.
La Chine a également averti qu'elle pourrait ne pas revenir à la table des négociations destinées à trouver un compromis avec Washington.
"D'un côté les Etats-Unis nous invitent à reprendre le dialogue. Et de l'autre, ils nous menaçent avec des sanctions, des pressions", a dénoncé le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang. Il appelle la Maison Blanche à faire preuve de "respect" et de "sincérité".

Le Premier ministre chinois Li Keqiang a fustigé mercredi "l'unilatéralisme" dans une allusion claire aux Etats-Unis.

"Il est essentiel que nous défendions les principes fondamentaux du multilatéralisme et du libre-échange", a martelé M. Li, devant un parterre de dirigeants économiques, ouvrant l'édition chinoise du Forum économique mondiale à Tianjin (est).

© 2018 AFP

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