Le Conseil national d'éthique y est favorable

PMA pour toutes, les religions s'expriment

  • Publié le 27 septembre 2018 à 11:11
  • Actualisé le 27 septembre 2018 à 11:14

Le Comité d'éthique a donné un avis favorable mardi 25 septembre à l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, réservée aujourd'hui aux couples hétérosexuels pour raisons médicales. Tour d'horizon des positions des religions à La Réunion sur ce sujet.

Du côté de l’Eglise catholique, rien de nouveau et on campe sur la même position. Dans un texte d’une centaine de pages publié jeudi dernier, la Conférence des évêques de France (CEF)  argumente son opposition à l’extension de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes seules. Elle invoque une "atteinte à la dignité humaine." Ce document a été signé par l’ensemble des évêques. Monseigneur Gilbert Aubry, évêque de La Réunion explique sa position : "La PMA, moi je préfère dire l'AMP, Association médicale à la Procréation : c’est un homme, une femme, une union, une conception, une gestation, une naissance et l’éducation de l’enfant. Dans cette direction la : oui. " Sinon, c’est non. "Un couple homme-femme n’est pas du tout dans la même situation qu’un couple lesbien, poursuit Monseigneur Aubry. Un couple homme-femme engendre la vie tandis qu’un couple femme-femme ne peut pas engendrer la vie et c’est fondamental : si la vie ne se transmet pas, il n’y a pas de procréation et l’AMP tombe complétement à faux."

"Il nous faut vivre avec le monde d'aujourd'hui"

Sur cette question, le protestantisme n’a pas une position unanime puisque chaque croyant est libre d’interpréter les écrits et de fonder ses propres convictions. Nous allons donc avoir des avis très diversifiés et parfois opposés. Charles Dossert, pasteur de l’Eglise Protestante Unie à La Réunion rappelle qu’il "n’y a pas d’opposition dogmatique" à la PMA dans le protestantisme. "Nous avons une approche beaucoup plus libérale en général sur ces questions. Mais une approche qui reste prudente et respectueuse." Lui est favorable à la PMA ouverte à toutes les femmes : "Le monde est beaucoup plus complexe. Je ne pense pas que la PMA ouverte à toutes les femmes soit un problème. Il nous faut vivre dans cee monde qui évolue, les principes généraux de l’Eglise catholique ne peuvent pas simplement s’appliquer aujourd’hui."

L’une des principales craintes évoquées par l’Eglise catholique est celle de l'absence d'une figure paternelle. "L’enfant qui va naître sera sans père, explique Monseigneur Aubry : le donneur de spermatozoïde est anonyme. Et il y a nécessité pour la dignité de l’enfant, pour son éducation et sa réussite d’avoir une référence paternelle." Et dans une famille monoparentale, "une figure paternelle dans une famille élargie peut être représentée par un oncle, un parrain, un ami de la famille" poursuit Monseigneur Aubry. Pour Charles Dossert, cette référence masculine d’un enfant est beaucoup plus large que la simple figure du père : "C’est trop réducteur comme vision. La référence paternelle peut très bien être incarnée par une femme dans un couple homosexuel. D’ailleurs dans les couples homme-femme, la figure du père n’est pas forcément représentée par l’homme."

Dans l'Islam, l'importance primordiale de la filiation

L’Institut de Théologie Musulmane de La Réunion (ITMR), dirigé par Zakaria Gangate, rappelle que l’Islam autorise le recours à la PMA mais uniquement pour les couples hétérosexuels mariés. "L’Islam, explique un professeur de l’ITMR, donne beaucoup d’importance aux liens sacrés du mariage. Ainsi, toute relation hors mariage est condamnée et toute procréation qui pourrait intervenir entre deux personnes qui ne sont pas mariées ne rentrera pas dans le cadre licite." Autrement dit la PMA est autorisée dans un couple marié uniquement si les cellules sont produites en son sein : un donneur extérieur ne peut intervenir, qu’il soit connu ou pas. "Tout ce qui est extérieur aux deux éléments du couple n’est pas autorisé, tout simplement parce que l’Islam accorde une importance primordiale à la filiation. Pour éviter tout flou autour d’elle, tout ce qui pourrait la compromettre est interdit. Il faudra se tourner vers l’adoption, un enfant déjà né." Pour un couple hétérosexuel marié qui n’est pas stérile mais qui rencontre des problème à concevoir,  la PMA est autorisée. Mais encore une fois, il y a des conditions à respecter : il faut éviter toute erreur dans la filiation donc "le surplus de spermatozoïdes ou d’ovules récolté doit être détruit, on ne pourra pas le conserver." L’Islam sera donc forcement opposé à l’extension de la PMA aux femmes seules et aux couples lesbiens.

Pour les Tamouls, "On ne doit pas manipuler l'univers"

Pour Daniel Minienpoullé, secrétaire de la Fédération tamoule de La Réunion, la question de la PMA en général va "à l’encontre des lois naturelles qui existent sur cette terre." Dans l’hindouisme, "on doit vivre avec ce qu’on a, la souffrance vient de la recherche éternelle du plaisir. On ne peut pas satisfaire tous ses besoins, nous ne sommes que de passage sur terre. Sans être défaitistes, nous devons accepter et ne pas chercher l’impossible."

En France, selon un dernier sondage, entre 60 et 75 % des personnes sont favorables à l'ouverture de la PMA. Suite à l’avis favorable du Comité consultatif national d'éthique, le gouvernement devrait présenter avant la fin de l’année un projet de loi. Celui-ci serait ensuite débattu au Parlement début 2019.

guest
1 Commentaires
Moi président
Moi président
5 ans

Il faut penser à ce que ressentira l'enfant, par rapport aux remarques que pourront lui faire ses camarades d'école.
Ca ne fait même pas une génération que les couples homosexuels sont reconnus, ça n'est pas encore rentré dans les moeurs, et on parle déjà de faire des enfants entre homosexuels. C'est à mon avis dangereux pour le futur enfant.
Je pense qu'on va trop vite.