Barrages contre feux de poubelles

Mouvement du 17 novembre - violences urbaines : un même message ?

  • Publié le 19 novembre 2018 à 03:00
  • Actualisé le 19 novembre 2018 à 05:47

La mobilisation du 17 novembre a bien pris à La Réunion, tellement bien qu'il y a eu une mobilisation du 18 novembre, qu'il y aura sans doute une mobilisation du 19 novembre et peut-être celle du 20. Jusqu'ici, chaque journée de mobilisation des gilets jaunes a été suivie d'une nuit de violences urbaines. Et si le message était le même ? Si ces deux mouvements citoyens aussi différents soient-ils, étaient liés ? Que la source était la même : un profond malaise économique et social, l'impression d'être invisible aux yeux du pouvoir.

Les méthodes sont à l’opposé mais finissent par se rejoindre.

D’un côté, des pères et des mères de famille qui s’insurgent. Une classe moyenne qui s’appauvrit. Une classe moyenne taxée encore et encore. Une classe moyenne qui peut de moins en moins dire " oui " à ses marmailles faute de moyens. Alors la hausse du prix du carburant est le détonateur. Ces pères et mères de famille, dont certains ne sont jamais descendus dans la rue, décident de se faire entendre.

De défier le pouvoir en place. De paralyser toute une île en barrant les routes juste pour se rappeler au bon souvenir de l’exécutif, juste pour lui dire " hé ho, je suis là, j’existe et je dis " non ". Non à la vie chère, à la baisse du pouvoir d’achat, des retraites, à la hausse du prix du carburant, à cette politique sociale. Ce ras-le-bol s’exprime de manière relativement pacifique. Des barrages filtrants, des kabars, parfois même des barbecues et des matches de foot improvisés sur une quatre voies. Les gilets jaunes sont remontés mais leur cible est à 10.00 kilomètres, à l’Élysée. Alors la bonne humeur est de vigueur.

Ne pas brouiller le message, ne pas décrédibiliser le mouvement, ne pas froisser l’opinion publique car l’objectif est de rassembler. Les gilets parlent d’une même voix pour se faire entendre.

De l’autre côté, des jeunes, souvent mineurs, c’est un fait. Des adolescents qui entendent qu’ils n’auront pas de retraite, que les emplois sont de plus en plus précaires, que les taxes augmentent, que la vie est chère, qui voient leurs parents se serrer la ceinture à partir du 15 du mois et qui les entendent leur dire " non, on ne peut pas se permettre ". À La Réunion, 42% de la population vit sous le seuil de pauvreté métropolitain, trois fois plus que dans l’Hexagone.

Chez certains de ces jeunes , la désillusion et la frustration finissent par se transformer en colère. Envers un système qui ne tient pas compte de leur avis, qui ne les regarde pas. Envers des politiques qui échouent sans cesse à les aider. Envers une société qui ne les prend pas au sérieux et envers un entourage qui leur répète chaque jour de ne pas se faire d’illusion. Alors ces jeunes défient le pouvoir, du moins ce qui s’en rapproche le plus à leurs yeux : les forces de l’ordre.

Ces jeunes brûlent des voitures pour qu’on les voit, qu’on les remarque. Ils détruisent des commerces, des endroits où, la plupart du temps, ils ne sont jamais rentrés. S’en prennent à des concessions automobiles parce que leurs parents n’ont qu’une vieille voiture d’occasion et volent des scooters çar ils savent que leurs parents n’ont pas les moyens de leur acheter un. Ce ne sont pas des circonstances atténuantes, rien ne peut excuser leur comportement.

D’un côté comme de l’autre, il y a cette frustration, cette colère sourde. Ce n’est pas par hasard si les jeunes reprennent en général les mêmes sites de blocage que les gilets jaunes, comme si il y avait une continuité. Un cycle. Comme si l’un, n’allait pas sans l’autre.

www.ipreunion.com

 

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1 Commentaires
El Kamion
El Kamion
5 ans

Arrêtez avec la culture de l'excuse. Ces jeunes sont dans un monde parralèle où seuls compte la violence et le territoire