Gilets jaunes

Oser croire que les Réunionnais se rendormiront gentiment est une erreur

  • Publié le 6 décembre 2018 à 02:59
  • Actualisé le 7 décembre 2018 à 00:56

La montagne Gilet jaune aurait-elle accouché d'une souris ? Le dernier bastion du mouvement, le barrage du Port Est est tombé il y a trois jours avec pertes et fracas. Depuis, des barrages sur les axes routiers stratégiques ont été érigés, au niveau de l'échangeur de Gillot ou à la Cocoteraie à Saint André, des barrages éphémères, à peine montés, aussitôt levés. Il n'y a plus de de blocages, les rues sont bondées, la course aux cadeaux de Noël est lancée. Les gilets jaunes qui ornaient une bonne majorité des pare-brise sont maintenant rangés au fond des boîtes à gant des voitures. Les traditionnels embouteillages ont repris, les stations services et les magasins sont de nouveau approvisionnés. La vie normale, quoi. Le mouvement du 17 novembre n'est-il plus qu'un lointain souvenir ?

Il serait naïf  de penser cela. Certes, les actions les plus visibles des Gilets jaunes - les barrages, les opérations escargot, les blocages de containers au port maritime, la marée jaune dans le jardin devant la préfecture - c’est fini. Mais ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg.

Après quinze jours de mobilisation dans le dur, sous le soleil, sous la pluie, à se relayer, à se faire expulser parfois, sous les gaz lacrymogène et les grenades assourdissantes, quinze jours durant lesquels La Réunion a suffoqué, les Gilets jaunes ont décidé de changer de stratégie. Mais la grogne, la colère, cette rage qui les avait poussés à descendre dans la rue est toujours là. Les revendications n’ont pas changé, la réalité n'a pas changé. 

• 40% de la population réunionnaise vit toujours sous le seuil de pauvreté.
• Les prestations sociales constituent toujours la première source de revenu d’un quart des Réunionnais.
• Le pouvoir d’achat est toujours aussi faible.
• La vie chère, toujours une réalité.
• Le chômage, toujours aussi élevé.
• Le SMIC, toujours pas revalorisé.
• Les taxes, toujours aussi importantes.
• La hausse de la CSG sur les retraites, toujours appliquée.
• Emmanuel Macron et son gouvernement sont toujours en place.
• Les élus locaux aussi.
• Le référendum " populaire " tant attendu n’a toujours pas eu lieu.
• Le Conseil consultatif Citoyen n’est toujours pas créé.
• Les transports en commun ne sont toujours pas développés.

Des exemples, on pourrait en citer encore cent mais cela nous mènerait toujours à la même conclusion : rien n’a changé.

Annick Girardin, la ministre des Outre-mer en visite sur l’île la semaine dernière a tenté de désamorcer le conflit à coup de rencontres avec les gilets jaunes. Écoute, communication, dialogue auront été les piliers de cette visite. Mais ses trois séries annonces, n’ont pas convaincu.

La première série n’était qu’un rappel du Plan Pauvreté dévoilé par le gouvernement en septembre dernier. La seconde portait sur les mesures d’urgences pour les entreprises de réunionnaises. Le dernier train de mesures, sans doute le plus attendu, concernait le pouvoir d’achat. La principale annonce : le Bouclier qualité prix sera renégocié et son prix baissera de 10% minimum. Ça a fait pshitt. Il en fallait plus, beaucoup plus, pour calmer la grogne des Gilets jaunes réunionnais.

Au niveau national, l’exécutif a aussi tenté d’éteindre l’incendie. Le mardi 4 décembre, Edouard Philippe a annoncé une suspension de six mois de la hausse des taxes sur les carburants, le lendemain, l'Elysée annonçait l'annulation de la hausse de ces taxes. À La Réunion, au début du mouvement des gilets jaunes, Didier Robert, le président de Région avait annoncé un gel de trois ans de ces taxes dans le département.

Le Premier ministre a aussi révélé que les nouvelles normes du contrôle technique seront suspendues pour six mois et que les tarifs du gaz et de l’électricité ne seront pas augmentés cet hiver. Un pansement sur une jambe de bois ! Les problèmes de fond spécifiques à La Réunion n’ont même pas été abordés. Ces mesurettes n'arrêteront pas non plus le mouvement contestataire métropolitain.

Pendant ce temps-là, le Président de la République est beaucoup moins volubile qu’à son habitude. Pas de phrases choc à la sauce Macron " je traverse la rue et je vous trouve un travail ", " on met un pognon de dingue dans les minima sociaux ", " la meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler " et on en passe et des meilleures. Il y aura quand même eu cette phrase, qui est devenue un élément de langage de son gouvernement pendant la crise "on garde le cap." Les Gilets jaunes l’ont d'ailleurs reprise "Emmanuel Macron dit qu’il garde le cap, nous aussi."

Alors peut-on dire que la grogne citoyenne est calmée alors que le quotidien est toujours le même ? Les Gilets jaunes 974 ont eu beau avoir chanté la Marseillaise sous le drapeau bleu/blanc/rouge et scandé " liberté, égalité, fraternité " à s’en casser la voix, les Réunionnais ont toujours le sentiment d'être des sous-français que le Président de La République ne regarde pas. À part condamner les débordements et remercier les forces de l’ordre, Emmanuel Macron n’a pas proposé de solution pérenne à cette crise qui s’enlise depuis plusieurs décennies.

Le mouvement des Gilets jaunes est une prise de conscience, la population réunionnaise est sortie de sa torpeur. Oser croire que les Réunionnais se rendormiront gentiment bercés par le doux espoir d'une vie meilleure est une erreur.

Le volcan a pété et l’éruption est hors de contrôle. La Réunion est une poudrière. L’avenir de ce mouvement citoyen, on ne le connaît pas. Certains disent qu’il est infiltré par la sphère politique qui l’utiliserait pour régler ses comptes, d'autres l'imaginent déjà stucturé en parti politique pour les prochaines élections… Simples rumeurs ou réalité ? Peu importe en vérité... 

Une chose est sûre, la colère qui a porté le mouvement des Gilets jaunes est toujours là, une plaie à vif qui ne cicatrisera pas tant que la situation socio-économique de l'île restera la même, tant que l'injustice sociale perdurera.

Les Gilets jaunes ne sont qu’un début, on ne sait pas sous quelle forme va ressurgir la révolte, la vraie question, c’est quand ?

fh/www.ipreunion.com

guest
4 Commentaires
Kristo
Kristo
5 ans

Bonjour,
Pour un site de presse vous faites pas mal de fautes de syntaxe ...
Ça la fout un peu mal quand même...

Roberto
Roberto
5 ans

oser croire ou croire et oser? Qui signe cet article, IPR?

Eric
Eric
5 ans

Slt, je pense tout simplement que tu à résumé la situation et qu’on Dois rester vigilant quand à la suite a donné

Martzl5, depuis son mobile
Martzl5, depuis son mobile
5 ans

Très vrai !