A La Réunion, le zamal pourrait créer des emplois

Cannabis : l'Agence nationale de santé et du médicament juge pertinent son usage thérapeutique

  • Publié le 14 décembre 2018 à 02:57
  • Actualisé le 14 décembre 2018 à 05:59

Le Comité scientifique spécialisé temporaire, mis en place par l'Agence Nationale de santé et du médicament en septembre 2018, vient de rendre ses premières conclusions sur l'intérêt thérapeutique du cannabis dans le traitement de certaines pathologies. Et les conclusions sont favorables ! Mieux : les experts jugent "pertinent d'autoriser l'usage du cannabis à visée thérapeutique". Mais pas question de s'emballer, cette recommandation est très encadrée : "pour certains patients et dans des cas précis", précise l'avis publié jeudi 13 décembre par l'ANSM. Les conclusions de l'ANSM vont dans le sens des convictions exprimées par le Dr David Mété, addictologue au CHU de La Réunion, dans une interview qu'il nous a accordée en août 2018.

Non, le comité scientifique n'a pas fumé la moquette pour parvenir à la conclusion que le cannabis pouvait offrir des pistes thérapeutiques intéressantes. Bien au contraire, les experts ont évalué l'intérêt thérapeutique du cannabis dans le traitement de certaines pathologies ou certains symptômes de pathologies, en analysant notamment les expériences d'autres pays l'ayant déjà mis en place et après étude de la réglementation nationale et internationale sur le sujet. Ce comité, qui s'est réuni à trois reprises depuis sa mise en place en septembre 2018, a auditionné les parties prenantes pour recueillir notamment les témoignages et points de vue des représentants de professionnels de santé et des patients sur l'utilisation du cannabis à visée thérapeutique.

Les situations thérapeutiques retenues par les experts pour l'usage de cannabis à des fins médicales concernent les douleurs réfractaires aux thérapies (médicamenteuses ou non) accessibles, certaines formes d'épilepsie sévères et pharmacorésistantes, le cadre des soins de support en oncologie, les situations palliatives et la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques. 

La décision favorable émise par le Comité s'inscrit toujours dans une démarche d'évaluation : en effet, les experts ont estimé souhaitable qu'un suivi des patients traités soit mis en place sous la forme d'un registre national afin d'assurer une évaluation de son bénéfice/risque. Ainsi une évaluation des effets indésirables devrait être régulièrement faite par les réseaux de pharmacovigilance et d'addictovigilance afin que la recherche soit favorisée.

Ceci étant, on ne croisera pas de patients tirant sur un joint dans les couloirs de l'hôpital : le comité d'expert exclut la fumée comme voie d'administration pour le cannabis à visée thérapeutique. Dans les pays où il est déjà autorisé, comme l'Allemagne, la Belgique ou le Royaume Uni, le cannabis médical est administré sous forme de comprimés ou de feuilles à utiliser en inhalation ou à ingérer. Le comité d'experts de l'ANSM devrait rendre par la suite un avis détaillé sur les différentes voies d'administration possibles.

Voilà qui laisse des pistes à explorer à tous ceux qui se sentent inspirés par la culture du cannabis local, le zamal. Un projet de développement durable à visée médicale qui pourrait être source d'emplois, dans le cadre de la zone franche d'activité prévue dans la loi de finances outre-mer 2019 ? On n'en est pas encore là mais il n'est pas interdit d'y réfléchir.

D'autant que le Dr David Mété, addictologue au CHU Félix Guyon, n'a pas attendu les conclusions du comité d'experts de l'ANSM pour faire part de son intérêt pour ce traitement : " Des molécules autres que le THC (ndlr, tétrahydrocannabinol) présentes dans la plante, comme le CBD (cannabidiol), pourraient être intéressantes en psychiatrie, en neurologie ou pour traiter des épilepsies, d’autant que cette molécule n’a pas d’effet euphorisant et ne peut pas être détourné en cannabis récréatif ", nous avait-il expliqué dans une interview publiée le 27 août 2018.

Lire aussi ==> Et si le zamal remplaçait la culture sucrière ?

Si le médecin dionysien se montre favorable à l’avancée de la recherche autour du cannabis thérapeutique, il reconnaît toutefois que ces molécules ne sont pas sans effets secondaires, addictions, troubles de l'anxiété. " C’est tout l’intérêt de lancer des recherches pour déterminer quels cannabinoïdes sont les moins nocifs tout en étant efficaces ". C'est exactement ce que le comité d'experts de l'ANSM a préconisé le 13 décembre, en estimant souhaitable "qu'un suivi des patients traités soit mis en place sous la forme d'un registre national afin d'assurer une évaluation de son bénéfice/risque".

Ainsi une évaluation des effets indésirables devrait être régulièrement réalisée par les réseaux de pharmacovigilance et d'addictovigilance en vue de travaux complémentaires à la recherche sur l'intérêt du cannabis thérapeutique.

ml/www.ipreunion.com

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5 Commentaires
Koi neuf docteur
Koi neuf docteur
5 ans

Si le zamal n'était pas dangereux il ne serait pas interdit

Cocoroots
Cocoroots
5 ans

Moi je suis prêt pour travailler pour les hopitaux

Observer
Observer
5 ans

Avec un support politique, la Creuse est en train de défendre un projet afin de deployer des plantations pour relancer leur département.A la Réunion, les élus se cachent et n'osent même pas en parler... L'annonce de l'ANSM est prometteuse.Quand on voit l'industrie qui est en train de prendre place... Il est dommage que la France prends du retard... Notre territoire ne sera qu'une entité qui suit, qlors qu elle pourrait devenir un acteur reconnu....

Tipaille
Tipaille
5 ans

La France est le dernier pays d Europe a refusé ce traitement aux personnes malades,c est honteux...arrêtons avec la canne à sucre qu8 ne survit que grâce aux subventions et nous coÃ"te pour le coup un Â" pognon de dingue Â" et développons la culture du zamal médical, cette plante a tant à nous apporter et sa légalisation es5 inéluctable.

John
John
5 ans

Ah on hesite ! Créer des emplois dans l'univers carcérales ou dans le cannabis médical ? Les hypocrites sont pret a retourner leurs vestes après avoir rempli les prisons des jeunes fumeurs et planteurs