
A quoi s'est engagé le président de la République
C'était l'un des engagements phares du candidat Macron durant la campagne présidentielle : préserver le pouvoir d'achat des retraités et maintenir leur niveau de vie. À son arrivée au pouvoir, il met en place deux mesures fortes : la hausse de la CSG. Pas forcément en adéquation avec les ambitions... L'autre mesure c'est la revalorisation de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) qui a remplacé le minimum vieillesse en 2006. Dans le décret de mars 2018, il est prévu une augmentation progressive de l'ASPA :+ 30 euros en 2018, + 35 euros au 1er janvier 2019, + 35 euros au 1er janvier 2020. L'objectif : que l'ASPA s'élève à 900 euros par mois en 2020. Cette procédure devait être accélérée à La Réunion et prende effet au 1er janvier 2019 avait annoncé la ministre des Outre-mer.
Au 1er janvier 2019, vraiment ?
Annick Girardin avait insisté sur l’échéance " ces mesures concrètes prendront effet au 1er janvier 2019 et bénéficieront aux Réunionnais et aux Réunionnaises " avait-elle affirmé. Sur cette vidéo, à 12 minutes 45, les annonces de la ministre au complet, regardez :
Première constatation : les annonces de la ministre sur le volet social sont décevantes, du réchauffé. Une répétition des mesures du Plan pauvreté dévoilé par Emmanuel Macron trois mois plus tôt. La " vraie " nouveauté, c’est que ces mesures s’appliqueront à La Réunion plus tôt qu’en métropole, au 1er janvier 2019. Bonne nouvelle, l’ASPA sera donc à 903 euros brut pour les bénéficiaires réunionnais. Du moins, c’est ce que l’on croyait…
Une promesse non tenue
Les 19.000 Réunionnais qui touchent l'Aspa vont tomber de haut. Le 12 janvier, date à laquelle leur sera versée leur pension, le compte n’y sera pas. Oui, il y aura une augmentation, mais pas celle attendue. Au lieu des 903 euros, ce sont 868,20 qui arriveront sur leur compte bancaire. 35 euros de différence. L’exception réunionnaise volent en éclats. Les mesures d’urgence de la ministre - qui avait écouté attentivement les Gilets jaunes et semblait avoir pris conscience de l’ampleur de la crise - n’étaient en fait que de la poudre aux yeux.
Une volte-face qui a pris tout le monde au dépourvu
Le pire, c’est que tout semble s’être décidé à la dernière minute. Nous avons contacté la Caisse générale de sécurité sociale le mercredi 2 janvier en début d’après-midi. Nous pensions, naïvement, que la mesure était entrée en application et souhaitions avoir plus de précisions sur sa mise en œuvre à La Réunion, seul département où la revalorisation devait être aussi élevée.
À la direction des retraites de la CGSS, on nous avait alors expliqué que l’annonce de Annick Girardin avait pris tout le monde au dépourvu. Que le temps que les services s’organisent, la revalorisation à 900 euros serait effective "dans quelques semaines ou quelques mois et qu’il y aurait un rattrapage pour les bénéficiaires de l’Aspa". Une réponse qui semblait déjà assez surréaliste. Jusqu’à cet appel quelques heures plus tard…
Après une réunion des directeurs de la CGSS, le discours est tout autre. On nous explique qu’en fait " rien n’est acté, les tractations entre les différents ministères concernés sont en cours ". Les choses se corsent. À la question " pensez-vous que la revalorisation à 900 euros entrera en vigueur à La Réunion cette année ? " un silence gêné fait office de réponse.
Les explications du ministère des Outre-mer
Pas le choix, il fallait qu’on ait le fin mot de l’histoire. Nous avons donc contacté le ministère des Outre-mer. Plusieurs heures plus tard, on a notre réponse. À nos sept questions, un mail laconique du chef du pôle communication du cabinet de la ministre " la plupart des mesures annoncées ont été prévues pour 2019 et s’étaleront sur l’année. L’allocation solidarité aux personnes âgées à La Réunion suivra le calendrier national. La ministre se rendra à La Réunion dès le mois de mars pour faire le point sur les mesures annoncées. "
Tout est normal
Annick Girardin fait marche arrière sans sourciller. Au vu du mail, on dirait que tout est normal. Pas de justification, pas d’explication, rien. Mais que répondre à ces personnes déjà en difficulté qui pensaient toucher 28 euros nets de plus sur une pension qui n’est déjà pas très élevée ? Selon la CGSS, les bénéficiaires de l’ASPA représentent environ 23% des retraités à La Réunion. Lorsqu’on touche une si petite retraite, 28 euros, ça compte, ça peut même faire toute la différence.
19.000 retraités touchent le minimum vieillesse aujourd’hui, sans doute beaucoup plus dans les années à venir. Selon les statistiques de l’Insee, La Réunion s’orienterait vers un véritable " papy-boom " à l’horizon 2040. Du côté de la CGSS, on nous explique que le nombre de bénéficiaires de l’Aspa est en constante augmentation. Le nombre de retraités vivant en dessous du seuil de pauvreté devrait encore grimper.
fh/www.ipreunion.com
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