Agressions: Christophe Dettinger écroué (actualisé)

Selon que vous soyez un boxeur en uniforme de police ou un boxeur en gilet jaune...

  • Publié le 10 janvier 2019 à 12:33
  • Actualisé le 10 janvier 2019 à 15:57

La presse le surnomme "le boxeur de gendarmes". Les images où on le voit donner des coups de poing à deux gendarmes mobiles sur la passerelle Senghor à Paris le samedi 5 janvier 2019, sont devenues virales. Le même jour, toujours lors de l'acte VIII du mouvement des Gilets jaunes, à Toulon, d'autres images font la une. Un commandant de police est filmé alors qu'il passe à tabac des manifestants. Dans les deux cas, les faits sont condamnables. L'usage de la violence l'est toujours. Les deux hommes mis en cause ne nient pas les faits mais ils les justifient. Pourtant, ils n'ont pas le droit au même traitement médiatique, politique et judiciaire. Christophe Dettinger, "le boxeur de gendarmes", a été écroué dans la nuit de mercredi à jeudi en attendant son procès le 13 février. Il encourt jusqu'à sept ans de prison. Didier Andrieux, "le policier boxeur de manifestants" est toujours en liberté... Le parquet de Toulon a estimé qu'il avait fait "un usage proportionné de la force" et a refusé d'enquêter...

C’est l’histoire du "boxeur de gendarme" et du policier boxeur de manifestants", les deux faces d’une même pièce. Pour certains l’allégorie du Bien contre le Mal. Qui est le gentil ? Qui est le méchant ? Tout est question de point de vue. Mais là n'est pas  le débat. Ce qui interpelle, ce sont les suites données à ces deux affaires.

Indignation sélective

La classe politique s’indigne… mais de manière sélective. Le "boxeur de gendarmes" n’est pas cité par le président, mais le message est en filigrane dans ce propos, Emmanuel Macron blâme ceux qui "attaquent la République - ses gardiens, ses représentants, ses symboles". Pas un mot sur ces policiers loin d’être irréprochables qui outrepassent leur fonction.

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux y va franco. Pour lui, l’attitude du "boxeur de gendarmes" n’est pas à l’image de la nation car "le peuple français ne fracasse pas des policiers à coups de poing". Et le commandant de police, son attitude est-elle à "l’image de la nation" ? "Le peuple français fracasse t-il" les manifestants à coups de poings ? Benjamin Griveaux ne le dit pas, cette histoire là il la passe sous silence. Regardez :

Edouard Philippe n’a pas pipé mot sur ces deux épisodes violents du samedi 5 janvier. Par contre, en direct dans le 20h de TF1, il a annoncé que le gouvernement souhaitait durcir les sanctions contre ce qu'il appelle "les casseurs" et les manifestations non déclarées. Un fichier de casseurs pourrait être mis en place. Le Premier ministre a aussi annoncé qu’un important dispositif policier serait déployé pour l’acte IX des Gilets jaunes. Durcissement de la répression contre les manifestants supposés violents, rien, strictement rien à l'encontre des membres des forces de l'ordre auteurs de bavures... Regardez :

Dans la majorité présidentielle, un seul ose aborder le sujet : Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur. De manière tiède, avec des pincettes, des précautions et des mots méticuleusement choisis. Regardez :

 

Le Saint et le Ripou

Dès lors, et comment s'en étonner, face à cette indignation sélective des politiques, les Gilets jaunes et de nombreux autres citoyens réagissent. Le "boxeur de gendarmes" est porté aux nues. Il devient le symbole de la résistance. Celui qui a osé se rebeller contre "l’oppresseur" . Le commandant de police est diabolisé. Cloué au pilori, lui, devient le symbole des bavures policières, des coups gratuits, du déchaînement de violence des forces de l'ordre qui abusent de leur autorité. Les vidéos de gendarmes et de policiers bousculant et frappant des manifestants, sans raison apparente et souvent à plusieurs, se multiplient sur les réseaux sociaux.

Cagnotte contre cagnotte

La famille de Christophe Dettinger, l’ancien boxeur champion de France met en 2007 et 2008 dans la catégorie poids léger, met en place une cagnotte Leetchi pour payer les frais de justice. Largement partagée sur les réseaux sociaux, terrain de prédilection des Gilets jaunes, très vite, ce sont plus de 117.000 euros qui sont récoltés. Mais la polémique enfle, les politiques s’en mêlent, la plateforme de collecte de dons en ligne ferme la cagnotte. Regardez 

En riposte à l’appel aux dons en faveur du boxeur, Renaud Muselier, le président LR de la région PACA lance une cagnotte en soutien aux forces de l’ordre sur la même plateforme de collecte de dons. L’initiative - que certaines mauvaises langues taxeront de récupération politique - prend très vite de l’ampleur. En moins de 24h, les fonds récoltés sont plus importants et avec plus de 176.000 euros à la mi-journée mercredi dépassent les dons de la cagnotte du "boxeur de gendarmes". Mais cette fois, Leetchi ne la ferme pas. Regardez :

 

Une justice à deux vitesses

Pour Christophe Dettinger, l’ex-boxeur de 37 ans, les suites judiciaires ne se sont pas faites attendre. Après l’altercation, il a d'abord disparu avant de finir par se rendre à la police, deux jours après les faits. 48h de garde à vue plus tard, le trentenaire est présenté en comparution immédiate au tribunal correctionnel pour violences volontaires en réunion sur une personne dépositaire de l’autorité publique. L'audience a lieu dans la nuit de mercredi à jeudi. Comme il en a le droit l'ex boxeur a refusé d'être jugé immédiatement et a demandé un délai pour préparer sa défense. Il a été écroué en attendant son procès le 13 février prochain

La procédure a été rapide. Elle contredit l’idée qu’en France, la machine judiciaire est lente.

Didier Andrieux, "le policier boxeur de manifestants" n'a pas eu à se rendre ni à la police ni aux gendarmes. Ni la direction de la sécurité publique, ni le procureur de la République de Toulon n’ont voulu entamer de procédure à son encontre. Seul le préfet du Var, sans doute faut-il souligner l'impartialité de ce haut fontionnaire, a saisi l'IGPN (inspection générale de la police nationale) pour qu’une enquête soit ouverte.

Le manque de réactivité, - la complicité, ne manqueront pas de dire certains -, de la hierarchie du mis en cause, des magistrats, du gouvernement et du chef de l'Etat ne contredit pas l'idée qu'en France la justice peut être à deux vitesses...

Selon que vous soyez puissant ou misérable...

Il y a d'un coté Christophe Dettinger et tous les autres manifestants rapidement interpellés, condamnés et souvent mis en détention pour des faits de violence évidemment inacceptables.

Il y a de l'autre côté Didier Andrieux et ces autres policiers et gendarmes - heureusement fortement minoritaires -, qui ne sont ni inquiétés, ni sanctionnés et toujours en liberté malgré des faits de violence tout aussi inacceptables commis à l'encontre de manifestants soit déjà maîtrisés, soit pacifiques, à l'encontre aussi de journalistes. Cela alors qu'ils sont formés pour garder leur sang-froid et protéger les citoyen(ne)s à qu'à ce titre ils font partie des forces de l'ordre... Lesquelles respectent très majoritairement, il faut le souligner, la loi et l'intégrité des citoyen(ne)s. Ces policiers et gendarmes là subissent eux aussi, tous les jours sur le terrain, les conséquences des bavures de leurs collègues frappeurs impunis.

"Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir" écrivait Jean de La Fontaine au 17ème siècle...

Il serait bon que la hierarchie des boxeurs en uniforme, les magistrats, le gouvernement et le chef de l'Etat prennent enfin conscience qu'au 21ème en France, pays des droits de l'Homme, on ne peut laisser perdurer l'idée que selon que l'on soit un boxeur en uniforme de police ou un boxeur en gilet jaune l'on sera laissé en liberté sans aucune sanction ou mis en prison...

Et cette prise de conscience doit être rapide en ces temps troublés. Car il est vain de croire qu'exposer dangeusement - et au final inutilement -, 80 000 membres des forces de l'ordre à la colère d'une population qui se sent humiliée suffira à éteindre un incendie attisé par des décennies d'injustices...

On ne le répétera sans doute jamais assez... Hélas...

fh/mb/www.ipreunion.com

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5 Commentaires
FaceTOFace
FaceTOFace
5 ans

C'est vrais ce que vous dites ! Mais la population a besoin des policiers, et de manière générale, la société est plus clémente envers eux pour deux raison :-Un policier prend rarement l'initiative et est souvent livré à la vindicte populaire-Le role d'un policier est de protéger les gens. si on devait envoyer tout les policiers à la moindre bavure, on aurait la chienlit dans les rues !Alors il faut juger, certes, mais on peut comprendre que la justice soit moins rapide pour les policiers ! C'est leur métier de prendre des coups, c'est vrais....mais quand les réseaux sociaux regorgent d'appel à les tabasser pour le moindre geste d'énervement. Quand on les dit provocateur par leur présence, qu'on leur reproche de pourrir les manifestations car ils ne veulent pas laisser passer les manifestants dans certains endroits : on les fait respecter la loi,c 'est tout ! Je ne dis pas que c'est acceptable, mais j'ai plus de compréhension envers un mec qui se fait insulter tout les jours de faire son boulot !! Et la somme récolté pour la cagnotte montre qu'on est nombreux dans ce cas ! Il faudrait peut être commencé par arrêter d'être jusqu'au boutiste coté GJ, négocier, et inclure tout le monde plutÃ't que de désigner sans cesse des ennemis à la nation ! Le gouvernement, d'ailleurs, réagit à la violence du camps d'en face ! Si on remonte la chronologie, les premiers à avoir été sans concession et violent dans les propos sont bien les GJs, quand le gouvernement a été plutôt laxiste et compréhensif ! Forcément, on a l'opposition qu'on mérite suivant son propre mode de communication (le camps d'en face se calant souvent sur ce mode )Bref, un grand miroir ne ferait pas de mal ! @Titi974 : on vous laisse parler sur ce forum ! on laisse des journaux critiquer le gouvernement ! On est surtout dans un pays ou les gens disent du bullshit en masse et ne se rendent pas compte de leur ridicule ! La parole est libre et le gouvernement est plus que laxiste ! Il n'empêche, il y a des règles à respecter (dont le fait de déclarer les manifestations et le fait de ne pas les faire quand c'est interdit) ....

Elodie1950, depuis son mobile
Elodie1950, depuis son mobile
5 ans

Excellent article ?

le malabar , depuis son mobile
le malabar , depuis son mobile
5 ans

Bonjour je vous félicite pour cette article les personnes qui vous traites de petits journalistes c quelqu'un de très très intelligent pour pouvoir vous traiter de ça donc ils lis tout vos articles Pas mal pour des petit journalistes . Faudrait peut être se posé des questions pourquoi les personnes réagissent de ct façon vis-à-vis des forces de l'ordre de la loi tout simplement les personnes n'ont plus confiance en la justice plus encore aux personnes qui sont sensés les faire malheureusement je pense que sa va pas s'améliorer triste France

CECCU , depuis son mobile
CECCU , depuis son mobile
5 ans

Quel article je savais que les journalistes étaient des Tocars mais vous vous êtes champion du monde un journaliste se doit d'être intègre vous vous êtes jugé et parti c'est super je comprends mieux pourquoi vous n'etes l'employe que d'un petit journal donc petit petit journaliste

Titi974
Titi974
5 ans

Que voulez-vous, bachar le macron prompt à bombarder son frère El Assad, ne vaut pas plus que lui, dommage la justice à deux vitesses existe aussi à l'international, vce que la frence interdit aux autres, elle se le permet. On habite dans de pays où la liberté d'expression est un des principe majeur, mais on ne doit pas être libre de nos expressions. On est en démocratie française, on ferme sa gueule et point final