Consultatif mais déterminant

Conseil national de la protection de la nature : un avis défavorable pour le projet de la NRL

  • Publié le 11 janvier 2019 à 15:43

Le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN), l'instance consultative auprès du ministère de la transition écologique et solidaire s'est de nouveau prononcé sur le projet de la Nouvelle Route du Littoral (NRL). Une instance d'expertise scientifique et technique, compétente en matière de protection de la biodiversité et plus particulièrement de protection des espèces, des habitats, de la géodiversité et des écosystèmes. Comme la première fois, le CNPN émet un avis défavorable sur la demande de dérogation, dans le cadre de ce projet, à la protection stricte de certaines espèces de faune et de flore sauvages protégées. Un avis qui ne va pas dans le sens de la Région " la collectivité s'étonne de la tentative de voir réouvert le débat sur le projet de la Nouvelle Route du Littoral, projet déclaré d'utilité publique et confirmé à chaque fois par la justice dans le cadre des multiples recours déposés contre le projet. "

Détestabilisation de la falaise 

Le CNPN met en exergue le risque de déstabilisation éventuelle de la falaise littorale :  " À la différence de la solution viaduc en partie nord, c’est une option digue qui a été retenue dont un tronçon (D5, 2,7km) qui reste en suspens faute de matériaux adéquats pour les enrochements.
Avec la réalisation de ce tronçon, c’est un linéaire continu de digue, haut, large, épais et long de près de 5 km qui, en partie sud, éloignera le contact " terre-mer " au droit des falaises, une situation bien différente de l’actuelle RL et avec à ce jour une forte incertitude en termes de perméabilité aux écoulements en pied de falaise
."

Le besoin en roches massives

L’instance pointe aussi du doigt le flou qui règne autour des carrières. Un flou administratif, juridique et un projet qui divise l’opinion publique. Malgré l’autorisation préfectorale pour l’exploitation de la carrière de Bois blanc émise fin décembre dernier, ce dossier est toujours un serpent de mer. La SCPR avait commencé le défrichement du site, une opération que le préfet a finalement suspendue.

Le CNPN ne peut que regretter le " flottement " administratif qui entoure la situation juridique de ces carrières et souhaiterait qu’un point précis soit fait sur la question, sans aucune ambiguïté et que l’administration justifie, de façon explicite et motivée, en quoi cette exploitation reste possible au regard des dispositions du schéma 2010 revenu en vigueur. Et qu’elle explique la stratégie qu’elle envisage de mettre en oeuvre pour lever les difficultés liées à cette annulation (rédaction et approbation d’un nouveau schéma, en prenant en compte les motifs de l’annulation du schéma 2014). 


Le CNPN garde la même ligne de conduite qu’au moment où il a émis son premier avis " Les évaluations réalisées sur la base des informations et documents fournis par le pétitionnaire dans le cadre de cette auto-saisine 2018 du CNPN font état d’un certain nombre d’impacts négatifs avérés, d’insuffisances de prise en compte et d’incertitudes relatives aux impacts environnementaux du projet de NRL, et en particulier aux conséquences prévisibles de la réalisation projetée de la digue sur remblais. Les constats réalisés en 2018 confortent ainsi les inquiétudes des avis du CSRPN et du CNPN formulés en 2012 et 2013. "
 

Les recommandations du CNPN

Le CNPN livre ses recommandations et elles ne vont pas dans le sens du Conseil régional  " Il paraîtrait opportun au CNPN, dans la situation actuelle, que l’État demande au pétitionnaire la réalisation - avant l’engagement de la 2ème phase des travaux de la NRL - d’une telle expertise prenant en compte tous les aspects (y compris l’exploitation des carrières) de l’option digue sur remblais, dont les risques et les impacts négatifs sur l’environnement et la biodiversité (dont des espèces protégées) ont à nouveau été très largement soulignés dans cet avis, par rapport à l’option viaduc."

La Région perplexe mais déterminée

La Région s’indigne que les mesures compensatoires qu’elle a mises en place soient jugées insuffisantes par le CNPN : " La Région Réunion constate, dans cet avis final, que les informations partagées ces dernières années sur les actions en faveur de la faune et de la flore à hauteur de 80 millions d'euros d'investissements n'ont pas été prises en considération. Ainsi, les 150 mesures bleues et vertes pour compenser l’impact environnemental du chantier et la démarche sans précédent de concertation avec tous les acteurs concernés par le sujet ne sont pas du tout évoquées. "

La Collectivité émet des doutes quant à la pertinence des conclusions de la CNPN " La collectivité s'interroge aussi sur le périmètre des analyses de l'avis et sa pertinence concernant l'exploitation des carrières et de la demande d'expertise sur la partie digue, alors que le démarrage de la seconde tranche est effectif. " et " propose à nouveau à ses membres de les accueillir sur place pour partager concrètement sur le projet, ses enjeux et les actions environnementales mises en place ".

Le conseil régional termine son communiqué en se montrant ferme " La Région Réunion réitère également sa détermination à mener à son terme ce projet de sécurisation qui relève aussi d’une responsabilité collective, celles des Réunionnais. Chaque jour la construction de la Nouvelle Route du Littoral est un défi à relever pour l’avenir de La Réunion et pour la sécurité des 80 000 usagers empruntant quotidiennement cet axe. "

Si l’avis du CNPN est consultatif, il pourrait faire pencher la balance si un recours est engagé.

www.ipreunion.com

guest
2 Commentaires
Citoyen
Citoyen
5 ans

Fichez toute l'équipe de cette organisation en taule pour au minimum 1000 jours; elle sera libérée à l'échéance de l'opération. Motif: Faute grave pour n'avoir donné leur avis qu'à ce jour. Information nulle et non avenue . quelles sont les indemnités versées aux membres pour siéger dans cette organisation ?? C'est ce qui intéresse le citoyen à l'heure où on constate les irrégularités financières dans ces agences de contrôle. C'est le contribuable qui paye.

Marseillais
Marseillais
5 ans

expertise pertinente pour les problèmes d'enrochement